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MAGHREB Le Maghreb politique

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À la recherche d'une unité maghrébine

Pourtant, lors des indépendances, l'idée d'un Maghreb uni suscite un réel enthousiasme. L'édification du Grand Maghreb exprime la confiance des dirigeants dans les vertus d'un espace économique intégré qui permettrait de combler les retards de développement et de pallier les défaillances structurelles propres à chaque économie. Les coopérations multilatérales, sous forme d'organismes intergouvernementaux ou d'initiatives issues d'organismes privés, témoignent, dans les années 1960 et 1970, d'un grand intérêt auprès de larges couches de la population.

Les premières tentatives d'union maghrébine sont expérimentées dans le domaine économique. Ainsi, en 1964, le Comité permanent consultatif maghrébin est créé à Tunis, sur le modèle de la Communauté économique européenne (C.E.E.), afin d'harmoniser les politiques énergétiques, minières et industrielles entre États pour créer un marché commun maghrébin. Mais ces expériences, malgré un potentiel considérable, ne produisent que de maigres résultats. À la fin des années 1980, les échanges intermaghrébins ne dépassent pas 2 p. 100, alors que les échanges avec la C.E.E. s'élèvent encore à 60 p. 100. Quant aux tentatives d'union politique, expérimentées dans les années 1970, elles ne résistent pas aux trop fortes divergences idéologiques : la vision révolutionnaire et anti-impérialiste de l'Algérie s'oppose à la position du Maroc et de la Tunisie, plus conciliatrice à l'égard de l'ancienne puissance coloniale et orientée vers des coopérations euro-maghrébines et afro-maghrébines.

La signature, le 17 février 1989 à Marrakech, du traité de l'Union du Maghreb arabe (U.M.A.) relance l'idée d'un espace économique commun. Mais le monde est en pleine mutation (prémices de la fin de la guerre froide, effets de la crise économique mondiale et chute du prix du pétrole) ; surtout, l'Acte unique européen, entré en vigueur en 1987, renvoie, par un effet de miroir, l'image d'un Maghreb divisé, autoritariste, enfermé dans une conception étroite et rigoriste des État-nations. De plus, cette organisation, qui se veut à la fois économique et politique, reste symbolique tant le conflit du Sahara occidental représente un obstacle majeur à la complémentarité des économies et des échanges intermaghrébins.

À la fin des années 1980, les États maghrébins – à l'exception de la Libye, où le Livre vert de Kadhafi demeure la référence idéologique imposée – procèdent à de nombreuses réformes constitutionnelles qui proposent une orientation plus libérale des modes de gouvernance. Sous la pression des contestations internes (révoltes populaires telles que les émeutes des jeunes à Alger en 1988, remise en cause des partis uniques) et des avertissements internationaux, les États maghrébins s'engagent, à leur manière, dans la voie de la démocratisation.

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Écrit par

  • : professeure agrégée d'histoire, docteure en histoire contemporaine, chargée de recherche au CNRS

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Pour citer cet article

Karima DIRÈCHE. MAGHREB - Le Maghreb politique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 24/07/2013

Médias

Front Polisario et République arabe sahraouie démocratique, 2006 - crédits : Mohamed Messara / EPA

Front Polisario et République arabe sahraouie démocratique, 2006

Victoire du Front islamique du salut en Algérie, décembre 1991 - crédits : Pascal Parrot/ Sygma/ Getty Images

Victoire du Front islamique du salut en Algérie, décembre 1991

Manifestation de berbères libyens, 2011 - crédits : Sabri Elmhedwi/ EPA

Manifestation de berbères libyens, 2011

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