Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LEÓN LUIS DE (1528-1591)

La doctrine de la paix

« Tout le visible est triste pleur », déclare l'Ode à Salinas ; le mal universel est décrit de façon pathétique par Luis de León. L'aspiration à la paix se trouve, en contrepoint, au cœur de l'homme, avec ses deux éléments de l'ordre et de la tranquillité. Mais il y en a trois sortes : la paix avec autrui, la paix avec soi-même et la paix avec Dieu ; la première et la troisième requièrent, en fin de compte, la seconde. Pour l'obtenir, les empiristes ont porté leur effort sur le corps ; les intellectualistes, sur l'esprit ; ils ont échoué les uns et les autres, car le mal réside dans la volonté, atteinte d'orgueil et de démesure : c'est le péché. Pour guérir notre vouloir, la grâce du Christ, médecin et pasteur, est seule puissante, pourvu d'ailleurs que nous nous y soyons préparés par la connaissance de nous-mêmes, la solitude, le devoir d'état, la justice et l'acceptation de la souffrance. L'Amour peut nous élever aux plus hauts sommets spirituels ; mais, contre Luther, les œuvres sont présentées par Luis de León comme indispensables, à condition de ne pas les confondre avec les simples rites ou cérémonies ; le Sermón de Dueñas fustige les pharisiens et les maniaques de la stricte observance et rappelle le primat de l'intériorité et de la charité effective.

D'où une éthique familiale insistant sur les vertus du foyer (contre l'assiduité des bigotes au culte) ; d'où aussi une morale politique et sociale assez hardie, sévère pour les tyrans, pour le capitalisme naissant, pour le colonialisme (le professeur salmantin appartient bien à cette democracia frayluna, si caractéristique de la vieille Espagne).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Alain GUY. LEÓN LUIS DE (1528-1591) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ESPAGNE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Jean CASSOU, Corinne CRISTINI, Jean-Pierre RESSOT
    • 13 749 mots
    • 4 médias
    ...cet immense domaine, qui est aussi caractéristique de l'Espagne que celui du réalisme picaresque, sinon du réalisme tout court, on retrouve d'abord fray Luis de León, maître platonisant, voire hébraïsant, plein de sagesse et de rayonnante humanité, auteur, outre ses poésies, de traités comme Les...

Voir aussi