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LUCAIN (39-65)

Un climat d'épopée

Le genre épique est très ancien dans l'histoire des écrits latins. À l'exemple d'Homère, obéissant aussi aux leçons d'Aristote, qui plaçait l'épopée et le théâtre parmi les plus nobles manifestations littéraires, les premiers écrivains de Rome cultivent le genre épique : Livius Andronicus, traducteur de L'Odyssée en vers saturniens ; Naevius et Ennius, soucieux de créer une épopée nationale à la gloire de la ville, et dont les œuvres préfigurent L'Énéide de Virgile. L'épopée est un genre difficile parce qu'elle est à la fois, comme le souligne justement E. Fuzellier, un genre primitif et un genre total ; elle apparaît au début de toutes les littératures, étroitement liée à un patrimoine de mythes et de légendes, et met en jeu, outre la poésie avec tous ses aspects de dépaysement et de liberté, les formes diverses de la narration : historique, nationale, romancée, dramatique, oratoire. Virgile, son génie aidant, a victorieusement soutenu la gageure, encore que les dieux apparaissent comme un peu « plaqués » sur la trame de l'action. « Il est assez bizarre, écrit A. Bellessort, que les dieux nous gênent dans un poème dont le sentiment religieux est une des grandes beautés. » Mais le roman du Mantouan se développe dans les clairs-obscurs d'une époque lointaine, pénétrée d'étranges rites et de populaires adorations. Énée, tout civilisé qu'il est devenu, et, pour ainsi dire, accordé au siècle d'Auguste, demeure pourtant une figure de rêve. Nous sommes dans un climat d'épopée.

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Pour citer cet article

Barthélemy A. TALADOIRE. LUCAIN (39-65) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BRÉBEUF GEORGES DE (1617-1661)

    • Écrit par Bernard CROQUETTE
    • 356 mots

    Poète français, issu d'une famille de vieille noblesse normande. Pauvre et malade, ombrageux, instable et exalté, Brébeuf est doué d'une sensibilité inquiète, et porté à la mélancolie. Longtemps, en dépit du succès obtenu par la libre traduction qu'il donne de La Pharsale...

  • GAULE

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE, Jean-Jacques HATT
    • 26 438 mots
    • 4 médias
    ...gauloise. Sur le chaudron de Rynkeby apparaît l'une des plus anciennes représentations que l'on connaisse de la triade gauloise, qui est invoquée par Lucain dans La Pharsale (I, 44) et qui semble être à la base du panthéon gaulois : Esus est représenté avec une belle tête de dieu juvénile et porte au...
  • LATINES (LANGUE ET LITTÉRATURE) - La littérature

    • Écrit par Pierre GRIMAL
    • 8 569 mots
    • 2 médias
    La Guerre civile, de Lucain (le poème épique que nous appelons La Pharsale), fait revivre la vieille épopée ennienne, en traitant son sujet selon la chronologie et non pas, comme le firent Homère et Virgile, avec des retours en arrière et des récits qui rétrécissaient le temps. Le sujet en est...
  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - Le Haut-Empire

    • Écrit par Yann LE BOHEC, Paul PETIT
    • 35 262 mots
    • 17 médias
    ...l'âme, La Brièveté de la vie) et des traités (La Clémence, Les Bienfaits). Un autre Espagnol enfin a illustré un genre littéraire différent : Lucain, dans sa Pharsale, a choisi de raconter en vers la phase de la guerre civile qui a opposé César à Pompée. Pétrone, « l'arbitre des élégances »,...

Voir aussi