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DELANOË BERTRAND (1950- )

Homme politique français, maire de Paris de 2001 à 2014.

Jusqu'à sa première élection à la mairie de Paris, en 2001, Bertrand Delanoë a longtemps souffert d'un déficit chronique de notoriété. L'homme n'avait pourtant rien d'un novice en politique : déjà député puis porte-parole du Parti socialiste (PS) en 1981, il est en fait un représentant assez typique de cette génération d'hommes politiques de gauche qui ont accédé aux responsabilités dans les années 1980, après la victoire de François Mitterrand à la présidence de la République. Réélu, avec succès, à l'Hôtel de Ville en mars 2008, il s'impose alors comme une figure de premier plan au sein du PS.

Né en 1950 dans une famille de droite, plutôt modeste, de coopérants en Tunisie, Delanoë raconte que c'est l'expérience de la colonisation qui a sensibilisé aux valeurs de la gauche le jeune catholique qu'il était – petit chanteur à la Croix de bois dans son enfance, il restera très croyant et pratiquant jusqu'à son adolescence. Lycéen dans un établissement catholique de Rodez, puis étudiant à l'université de Toulouse, il participe au grand chambardement de Mai-68 mais n'adhère pas aux mouvements d'extrême gauche. Hostile aux idées communistes, son socialisme correspondait plus, semble-t-il, à une aspiration morale et humaniste. Enthousiasmé par le congrès d'Épinay du nouveau Parti socialiste, il prend peu de temps après sa carte, à l'âge de vingt-deux ans. Quelques mois plus tard, des proches de Mitterrand le repèrent et le poussent à la tête de la fédération socialiste de l'Aveyron.

Diplômé en économie, il monte à Paris pour devenir cadre en entreprise, mais l'expérience ne dure pas, car Mitterrand le convainc de le rejoindre. C'est alors que sa carrière politique s'accélère, et même s'envole. Élu conseiller de Paris en 1977 dans le XVIIIe arrondissement, il intègre en 1979 le comité directeur du parti et seconde Lionel Jospin, secrétaire national chargé de la coordination. Puis en 1981 la « vague rose » lui offre un siège de député à Montmartre ainsi que le poste de porte-parole de l'organisation – son ami Lionel Jospin en est devenu le premier secrétaire. En 1983, il entre au bureau exécutif et se voit nommé secrétaire national chargé des fédérations, une fonction clé pour le contrôle de l'appareil. En quelques années à peine, il a donc gagné ses galons « d'apparatchik », et une réputation de caractériel. À l'approche des législatives de 1986, dont le mode de scrutin à la proportionnelle ne lui laisse aucune chance dans la capitale, il décide de se présenter en province, dans le Vaucluse. Mais son parachutage échoue complètement, car les militants locaux lui refusent l'investiture. Quelques jours après le congrès de Toulouse, en octobre 1985, où il s'est fait hué, il annonce sa démission au comité directeur.

Bertrand Delanoë, 2008 - crédits : Jean Ayissi/ AFP

Bertrand Delanoë, 2008

Miné par cet échec, Delanoë décide de quitter la vie publique, et de rejoindre le privé. Embauché par une agence de publicité, il crée quelques années plus tard, au début des années 1990, sa propre entreprise de conseil en communication, dont les clients sont des hommes politiques, mais aussi des patrons. Si cette activité lui réussit, lui offre un standard de vie privilégié et une expérience concrète du monde des entreprises, il ne se désintéresse pas complètement de la politique. Il y revient en fait dès 1993, date à laquelle il obtient la présidence du groupe socialiste au Conseil de Paris. Deux ans plus tard, il participe à la campagne présidentielle de Lionel Jospin ; puis, la même année, il prend la tête des listes « Paris s'éveille » et obtient un assez bon résultat aux municipales : même si Jean Tiberi est élu, la gauche remporte six arrondissements sur les vingt que détenait la droite depuis 1983. Il est aussitôt[...]

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Écrit par

  • : chercheur en science politique à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Classification

Pour citer cet article

Antoine SCHWARTZ. DELANOË BERTRAND (1950- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Bertrand Delanoë, 2008 - crédits : Jean Ayissi/ AFP

Bertrand Delanoë, 2008

Autres références

  • LA CAMPAGNE DES HALLES (F. Fromonot)

    • Écrit par Simon TEXIER
    • 1 057 mots

    Architecte et critique, Françoise Fromonot – à qui l'on doit deux ouvrages de référence sur l'Opéra de Sydney et l'œuvre de l'architecte australien Glenn Murcutt – s'est engagée dans le débat concernant le réaménagement du quartier des Halles à Paris. Convaincue...

Voir aussi