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LES PARTISANS (D. Bona) Fiche de lecture

Joseph Kessel et Maurice Druon - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Joseph Kessel et Maurice Druon

Biographe émérite et huitième femme élue à l’Académie française, Dominique Bona a redécouvert, pendant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, les mémoires du trente et unième secrétaire perpétuel de l’institution, Maurice Druon, et sa proximité avec un autre académicien, son oncle Joseph Kessel, pour qui veiller sur son neveu, « fils bâtard d’un juif de Sibérie », fut un devoir sacré. Amant avant son jeune frère de la mère du futur Maurice Druon, il fut durement meurtri par le suicide à dix-huit ans du père méconnu, le comédien Lazare Kessel. Passionnée par les liens familiaux, Dominique Bona consacre à ses héros conséquents un fort volume de 522 pages, Les Partisans. Kessel et Druon, une histoire de famille (Gallimard, 2023).

Naissance du Chant des Partisans

L’auteure nous fait d’abord partager l’épopée que représentait, dans la France occupée, le choix de rejoindre, en Angleterre, la France libre du général de Gaulle. Dans la nuit du 23 décembre 1942, ses deux protagonistes entreprennent trente heures de marche à travers les Pyrénées. Engagée avant eux dans un réseau de résistance contrôlé par les Britanniques, la comédienne et chanteuse Germaine Sablon, maîtresse en titre de Kessel, est de l’aventure. Ses compagnons d’évasion la laisseront sur le sol portugais pour gagner l’Angleterre en hydravion. Elle les rejoindra quelques semaines plus tard et deviendra la première interprète du ChantdesPartisans, avant d’assumer tous les risques physiques comme ambulancière sur les fronts d’Italie et d’Alsace.

Dominique Bona ne s’aveugle pas sur ses personnages. Ainsi écrit-elle que Druon, « s’il a participé à la communication de la France Libre, c’est en dilettante ». Elle montre principalement Kessel en propagandiste, conformément au souhait du général de Gaulle. La notoriété de l’ancien engagé volontaire de 1914-1918 était assise sur ses reportages dans Paris Soir et sur plus de quarante livres. Des articles dans le quotidien France, souvent repris par la presse britannique, puis le récit LArmée des ombres et, à la Libération, le scénario du film sur Le Bataillon du ciel ont complété le rayonnement de ce qui allait devenir la Marseillaise de la Résistance.

Dominique Bona nous fait découvrir la gestation du texte qui fut publié clandestinement, à l’automne 1943, sous le titre Les Partisans (chant de la Libération). Lui-même auteur de LaComplaintedupartisan, Emmanuel d’Astier de La Vigerie souhaitait que la Résistance ait un hymne. La Marseillaise de la Résistance est née le 30 mai 1943 des échanges entre Kessel et Druon, sur la mélodie composée dès 1941 par Anna Marly et qui fut l’indicatif musical de l’émission de la France libre diffusée sur la BBC, Honneur et Patrie,du printemps de 1943 au 17 mai 1944. Ces couplets ont été chantés et enregistrés par Germaine Sablon dès le 31 mai 1943. En décembre 1964, lors de l’entrée au Panthéon de Jean Moulin, André Malraux l’a sacralisé en « chant du malheur ».

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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Pour citer cet article

Charles-Louis FOULON. LES PARTISANS (D. Bona) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Joseph Kessel et Maurice Druon - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

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