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MARVIN LEE (1924-1987)

Pour être intronisé gangster dans le gotha hollywoodien, il fallait, outre une présence physique certaine, être capable de commettre un acte des plus spectaculaires : pour James Cagney, ce fut le fameux pamplemousse écrasé sur le visage de Jean Harlow, pour Lee Marvin, une cafetière bouillante prestement expédiée sur le visage de Gloria Grahame dans The Big Heat (Règlement de compte, 1953) de Fritz Lang. L'acteur méritait alors l'appellation de « vilain » ou de tough guy (« dur ») chère aux films noirs.

Lee Marvin est né à New York en 1924. Après une formation théâtrale à Broadway, il fait ses débuts en 1951 au côté de Gary Cooper, dans La marine est dans le lac (H. Hathaway et L. Seiler). Il participera par la suite à de nombreux films d'action où son personnage, dans la tradition des aventuriers de la littérature américaine, allait confiner à l'archétype : Ouragan sur le Caine (E. Dmytryk, 1954), Pete Kelly's Blues (J. Web, 1955), Un homme est passé (J. Sturges, ibid.). Au seuil des années 1960, la télévision va légèrement modifier ce statut : après avoir tourné le feuilleton intitulé Mr. Squad, et s'il continue d'interpréter avec force des rôles de truands (L'Homme qui tua Liberty Valance, J. Ford, 1962), Lee Marvin peut devenir un héros sympathique, comme dans cet autre film de John Ford, La Taverne de l'Irlandais (1963), ou dans Cat Ballou (E. Silverstein, 1965) qui lui permet d'accéder à la tête d'affiche. Il n'en sera pas moins le tueur sadique de The Killers (À bout portant, D. Siegel, 1964). Bien que faisant partie de l'équipe des Douze Salopards d'Aldrich (1967) ou des Professionnels mercenaires de R. Brooks (1966), Lee Marvin parvint à éviter les compositions manichéennes grâce à un solide humour : il poussera même la chansonnette en l'honneur de Jean Seberg dans La Kermesse de l'Ouest (J. Logan, 1969) et sera le partenaire de Jeanne Moreau dans Monte Walsh (W. A. Fraker, 1970). Avec Le Point de non-retour (1967) et Duel dans le Pacifique (1968), deux films de J. Boorman, il s'approche d'acteurs comme Robert Mitchum. Yves Boisset allait lui donner un de ses derniers rôles dans Canicule (1984), celui d'un gangster venu récupérer un magot, qui semble issu d'un roman d'Erskine Caldwell et que l'on n'arrive pas malgré tout à conspuer ! Peut-être le regard limpide et amusé de l'acteur exerçait-il une sorte de contrepoint au sadisme présupposé de ses personnages. À l'instar des losers ou des anti-héros, il suffisait à Lee Marvin d'apparaître pour rendre crédibles ses multiples compositions.

— André-Charles COHEN

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André-Charles COHEN. MARVIN LEE (1924-1987) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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