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WILSON LAMBERT (1958- )

Né en 1958, à Paris, Lambert Wilson est le fils de l'homme de théâtre Georges Wilson qui dirigea le T.N.P. de 1963 à 1972. Au cinéma, où il commence à apparaître dès 1977, il semble s'imposer en 1982-1984 avec deux rôles antithétiques : le romantique guide de montagne amoureux qui affronte Sean Connery sur les pentes neigeuses de Cinq Jours ce printemps-là (Fred Zinnemann) et l'assassin fou de La Femme publique (Andrzej Zulawski). Tiraillée entre ces deux conceptions opposées du cinéma, la carrière de Wilson piétine bien qu'il travaille avec de grands cinéastes (Chabrol, Téchiné, Jacquot, Wajda, Boisset...) Sa beauté sculpturale lui permet d'incarner aussi bien une figure proche de la sainteté (l'abbé Pierre dans Hiver 54, Denis Amar, 1990) qu'un vulgaire « flic ripoux » (L'Homme aux yeux d'argent, Pierre Granier-Deferre, 1985) et quand il explore, dans un film réalisé par son père, les marges du fantastique à la suite de Marcel Aymé, il s'enlise, faute de parvenir à choisir entre le mythe et le pittoresque rural (La Vouivre, 1989). Stavroguine, le cynique jeune aristocrate des Possédés de Dostoïevski (Andrzej Wajda, 1987), lui convient beaucoup mieux alors que Wilson a du mal à traduire l'orgueilleux dépassement de soi d'un aviateur audacieux au cours du premier conflit mondial (L'Instinct de l'ange, Richard Dembo, 1992).

Pourtant Lambert Wilson aime les défis (le marquis de Lafayette dans Jefferson à Paris, James Ivory, 1994) et c'est Jacques Doillon qui le révèle sans doute le mieux à lui-même en l'amenant à composer une sorte d'autoportrait assez peu amène – franchement antipathique, mais avec panache – dans le rôle d'un homme de cinéma entouré de femmes (Trop (peu) d'amour, 1997). Alors que l'acteur semble s'engager parallèlement dans une carrière de chanteur, Alain Resnais le fait entrer dans sa troupe, justement en musique (On connaît la chanson, 1997). Aussi sûr de lui en marchand de biens peu scrupuleux qu'en fiancé sans états d'âme, il compose ensuite un personnage d'Américain plastronneur mais trompé (Pas sur la bouche, 2003) puis d'alcoolique chômeur faraud et menteur (Cœurs, 2006). On le retrouve, sous la direction du même metteur en scène, dans Vous n’avez encore rien vu (2012).

À partir des années 2000, Lambert Wilson se place d’ailleurs sous le signe d’une grande diversité. Outre sa collaboration régulière avec Alain Resnais, on le voit dans le diptyque Matrix (2003). En 2010, il donne deux interprétations marquantes : celle du comte François de Chabannes dans La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier, et, surtout, celle de frère Christian de Chergé dans Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois.

Au théâtre, il met en scène Bérénice, de Racine (2001 et 2008). Son goût pour le chant le conduit à se produire dans des comédies musicales telles que A Little Night Music et Sundayin The Park with George, toutes deux de Stephen Sondheim (2010 et 2013), ainsi que dans Le Roi et moi, de Richard Rodgers (2014).

— René PRÉDAL

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

René PRÉDAL. WILSON LAMBERT (1958- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TAVERNIER BERTRAND (1941-2021)

    • Écrit par Universalis, Joël MAGNY
    • 1 968 mots
    • 3 médias
    ...sa vérité et surtout sa liberté, avec impatience, mais pas nécessairement du côté de la vertu et de la prudence que conseillait Madame de La Fayette. Lambert Wilson est plus que remarquable dans le rôle du comte de Chabanne, narrateur du film, un homme qui a « vécu » – il est veuf et fuit la guerre –,...

Voir aussi