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KABOUL

Afghanistan : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Afghanistan : carte administrative

Capitale de la république d'Afghanistan, Kaboul donne son nom à une province qui s'étend sur 49 058 kilomètres carrés. Morcelé par ses deux montagnes imposantes et par la rivière Kaboul au débit irrégulier, le site de la ville commande les passes du Nord, à travers l'Hindou Kouch, en partie les routes du Sud (Kandahar-Ghaznī, Gardez) et les principaux accès vers le Pakistan par la passe de Khyber. Célébrées dans les Veda, l'Avesta et l'épopée iranienne, Kaboul et sa région étaient prospères dans l'Antiquité. Éclipsée des Achéménides aux Sassanides par Kapissā-Begrām, la ville résista longtemps à la domination arabe ; elle était alors aux mains des princes locaux. À nouveau éclipsée par les grandes dynasties musulmanes à partir des Ghaznévides, elle fut promue au rang de capitale provinciale de l'empire moghol par Bābur (1526-1530), ce qui décida de son destin. Après avoir profité d'une stabilité relative aux xvie et xviie siècles, elle supplanta Kandahar comme capitale du royaume d'Afghanistan à l'accession de Tīmūr shāh (1773-1793). Dūst Muḥammad (1819-1863) et ses successeurs, les Bārakzaï ou Muḥammadzaï, durent affronter les deux guerres anglo-afghanes (occupations de Kaboul en 1839-1842, 1879-1880) et la pression des Russes au nord, alors que Herat était harcelée par les Persans. Ar-Rhamān (1880-1901), qui maintint de bons rapports avec les puissances occidentales, dota la ville de constructions (palais, citadelle, nouveau bazar pour remplacer celui qui avait été incendié par les Anglais). Les réformes prématurées d'Amānullāh (1919-1929) – qui fit construire hors de Kaboul la nouvelle capitale éphémère de al-Amān, dota la ville de son premier aéroport et fit des quartiers d'été de Paghmān une ville d'eau à la mode – provoquèrent la crise de 1928, réaction traditionaliste qui amena au pouvoir Batcha Saqao.

Repris par la force, le trône passa au maréchal Nāder khān (Nādir shāh, 1929-1933) puis à son fils Moḥammad Zaher shāh (1933-1973). La révolution de juillet 1973 plaça au pouvoir Moḥammad Daoud, cousin du roi, qui jouait un rôle très important depuis 1953. Au moment de l'avènement de la république, en 1973, Kaboul est une ville universitaire, bien reliée aux autres villes afghanes par route et par avion, dotée d'un aéroport international. C'est un gros centre d'échanges (biens d'équipement et de consommation en majorité importés, tapis, karakul), qui possède une industrie textile. Sa province vit surtout de l'agriculture (céréales, fruits) ; elle abonde en vestiges archéologiques (art hellénistique, art gréco-bouddhique, entre autres), les plus belles pièces étant rassemblées dans son musée. La ville même possède des vestiges intéressants (partie de l'ancienne muraille d'enceinte, monuments moghols en partie restaurés) et, outre les monuments commémoratifs de l'histoire récente, de nombreux jardins tant en ville que dans les résidences d'été des environs (Paghmān, Istalif, etc.). L'histoire, depuis le dernier quart du xxe siècle, a bouleversé l'économie et le visage de la ville : afflux de réfugiés pendant l'intervention soviétique (1979-1989), bombardements pendant la guerre civile (1992-1996), exode des populations durant le régime des talibans (1996-2001). À partir de 2001, avec l’intervention militaire occidentale destinée à chasser les talibans, la ville est le théâtre de violences sporadiques, en raison de la rébellion menée par ces derniers. Le départ progressif des troupes étrangères dans les années 2010 laisse le champ libre aux talibans, qui multiplient les attentats dans la capitale. Après l’annonce du retrait des troupes américaines en 2021, les talibans reprennent rapidement le contrôle du territoire et s’emparent de Kaboul le 15 août 2021. La population de la ville[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jean CALMARD. KABOUL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...réinstaller dans leur région d'origine, notamment lorsque les infrastructures d'irrigation vitales étaient devenues inutilisables, a toutefois changé les choses. Kaboul, capitale excentrée, est ainsi devenue une ville de quelque trois millions d'habitants, alors qu'elle en comptait six fois moins en 2001. La crise...
  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par Manuelle FRANCK, Bernard HOURCADE, Georges MUTIN, Philippe PELLETIER, Jean-Luc RACINE
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    ...chaque pays dépasse rarement 300 000 habitants. Les capitales politiques et économiques sont souvent les seuls lieux ayant des relations internationales. Kaboul regroupe 3,7 millions d'habitants et Hérat seulement 350 000, Bakou a une population estimée à 2 millions et Gandja 300 000, Tbilissi...
  • MASSOUD AHMAD SHAH (1956-2001)

    • Écrit par Christophe de PONFILLY
    • 814 mots

    Peu d'hommes deviennent des légendes de leur vivant. Ce fut le cas de Massoud. À l'heure du thé où les Afghans sont souvent conteurs d'histoires, les habitants du Panjshir, haute vallée du nord-est du pays, disaient que leur chef était partout à la fois, qu'il volait au-dessus des rochers, que Dieu...