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HERAT

Chef-lieu d'une province de l'Afghanistan du même nom (41 561 km2 ; 1 816 000 hab. en 2013, estim.), métropole de l'ouest, Herat (Harat) est située dans une vaste oasis de piémont irriguée par le Harī Rūd et ses ramifications ainsi que par les traditionnels kariz ou qanāt. Bien connue pour son esprit d'indépendance, cette antique métropole du Khorasan est occupée très tôt par les Aryens. Englobée dans l'Empire achéménide, elle est l'une des Alexandrie d'Asie (celle d'Arie), avant de connaître des dominations successives (Parthes, Scythes, Kushāns, Sassanides). Disputée entre les Sassanides et les Huns Hephtalites, elle tombe aux mains des Arabes (651) et devient l'une de leurs têtes de pont vers l'Asie centrale. La ville prospère et devient un centre de culture islamique sous diverses dynasties iraniennes ou iranisées (āhirides, Ṣaffārides, Sāmānides, Ghaznévides). Après avoir profité pour un temps du règne du Saldjūqide Sandjar (xiie s.), elle est détruite par les Ghuz, puis relevée par les Ghūrides et les Kārazmshāh. Dévastée par les Mongols et Timūr Lang (Tamerlan), elle profite néanmoins de princes locaux (les Karts, xiiie-xive s.) et connaît sa plus grande prospérité au xve siècle sous les Timūrides. Disputée entre les Safavides et les Ouzbeks (xvie s.), elle n'entre dans l'orbite Safavide que pour redevenir l'objet de rivalités entre ses nouveaux maîtres et les Afghāns. Tout le xixe siècle est obscurci par les luttes des Persans pour regagner le Herat ṣafavide et par les manœuvres des Russes et des Anglais. Déclarée indépendante en 1857, puis incorporée dans le royaume d'Afghānistān en 1863, Herat montre des signes d'indépendance jusqu'en 1929. Maintenant bien reliée au reste de l'Afghanistan par la route moderne Herat-Kandahar-Kaboul et par avion, elle joue un rôle de plus en plus important dans l'économie afghāne (artisanat, textiles, minoteries). Sa population était estimée à 395 800 habitants en 2009. Elle possède, malgré les destructions, de nombreux vestiges intéressants d'époque kart, et surtout d'époque timūride.

— Jean CALMARD

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jean CALMARD. HERAT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...restée inachevée dans le nord-ouest : Kandahar, métropole du Sud, vieille capitale impériale un temps ressuscitée dans ce rôle par le régime des talibans ; Herat, métropole de l'Ouest afghan, déjà très iranienne par bien des aspects ; Mazar-i-Sharif, métropole du Nord, la seule de ces villes sans...
  • KHORĀSĀN ou KHURĀSĀN ou KHORASSAN

    • Écrit par Jean CALMARD
    • 516 mots
    • 1 média

    Situé dans l’est de l’Iran, le Khorasan (ou Khurasan) était la plus grande province du pays jusqu’en septembre 2004, où il a été divisé en trois nouvelles provinces lors d’un redécoupage territorial  : le Khorasan e-Shomali (du Nord, 28  434 km2 et 811  572 hab. au recensement...

  • NĀDER SHĀH (1688-1747) shāh de Perse (1736-1747)

    • Écrit par Jean CALMARD
    • 1 120 mots

    Roi de Perse. Nāder était un chef de la tribu turkmène des Afshār — du groupe des Qizilbash qui avait contribué à la venue au pouvoir des Séfévides. Une partie de la tribu était établie au Khorāsān où Nāder naquit (à Kubkān, le 22 novembre 1688). Après la prise d'Ispahan...

  • NĀSERODDIN SHĀH (1831-1896)

    • Écrit par Jean CALMARD
    • 1 043 mots

    Quatrième souverain de la Perse qādjār, Nāseroddin Shāh (qui régna de 1848 à 1896) était le fils de Mohammad Shāh qui, durant la plus grande partie de son règne (1834-1848), avait laissé gouverner son vizir autocrate Hādji Mirzā Āqāsi. Bien qu'ayant hérité très jeune d'une situation politique et...

Voir aussi