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WILLIAMSON JOHN LEE dit SONNY BOY (1914-1948)

L'œuvre de John Lee « Sonny Boy » Williamson est une des plus importantes de l'histoire du blues. Harmoniciste novateur, il installe définitivement ce petit instrument dans le blues orchestral. Nombre de titres de ce compositeur prolifique vont devenir des classiques du genre, repris dans le blues et le rock. Enfin, celui qui fut l’un des créateurs essentiels du Chicago blues moderne exerce toujours une influence considérable sur de nombreux musiciens.

John Lee Williamson naît le 30 mars 1914 à Jackson, dans le Tennessee. Apprenant à jouer de l'harmonica très jeune, John Lee tourne dès l'âge de dix ans – d'où son sobriquet de « Sonny Boy » – avec un medicine show dans lequel il danse, fait le pitre et joue. Une rencontre avec le bluesman Sleepy John Estes et son ensemble, dans lequel figure notamment l'harmoniciste Hammie Nixon, le décide à se tourner vers le blues et influence largement son style de jeu ainsi que sa manière de chanter, avec ses effets de gorge caractéristiques qui feront en partie son succès.

La réputation de Williamson devient si grande qu'il est convié à Chicago en 1937 par le producteur Lester Melrose afin d'y enregistrer pour la firme Bluebird en compagnie de Big Joe Williams et de Robert Nighthawk. Un des morceaux, Good Morning, Little Schoolgirl, au fort parfum rural mais avec un dynamisme et un swing résolument modernes, obtient un succès immédiat dans le Sud et à Chicago. Sonny Boy ne va dès lors plus cesser d'enregistrer : plus de 120 titres en vedette et encore davantage en tant qu'harmoniciste d’innombrables autres bluesmen.

Williamson innove constamment. Dès 1939, il s'associe à Big Bill Broonzy et dirige un orchestre de cinq à six instruments, avec une guitare électrique, un piano et une section rythmique basse et batterie. Ce groupe comprendra des musiciens aussi prestigieux que les guitaristes Tampa Red et Muddy Waters – qui reconnaîtra toujours l'influence de son ancien leader –, ou que les pianistes Big Maceo et Blind John Davis. En fait, Sonny Boy réussit à marier l'âpreté du blues sudiste de Sleepy John Estes avec le swing des orchestres de jazz et la gouaille des jug bands de Memphis, créant une formule orchestrale pleine de verve et de puissance, le Chicago blues électrique. Il engrange aussi les succès, qui deviendront souvent des standards du blues, comme Dealing With the Devil, My Little Machine, My Black Name, Decoration Day... Il engendre aussi d'innombrables émules et imitateurs, le plus célèbre étant bien sûr Aleck « Rice » Miller, qui se fera passer pour le « vrai » Sonny Boy Williamson !

Sa domination sur tout le Chicago blues est telle qu'il faut se demander comment aurait évolué ce style avec lui. Mais, le 1er juin 1948, Sonny Boy est assassiné dans une ruelle de Chicago à la suite d'une querelle. L'enterrement de John Lee « Sonny Boy » Williamson est suivi à Chicago par une foule gigantesque et de très nombreux musiciens, parmi lesquels Muddy Waters et Big Bill Broonzy.

Outre qu'il laisse une œuvre magistrale qui ne cesse de grandir avec le temps, Sonny Boy Williamson occupe aussi une place charnière dans l'évolution de l'harmonica. Son swing constant, son utilisation permanente de la deuxième position et l'effet rythmique qu'il obtient en jouant deux notes à la fois sont devenus les bases de tout l'harmonica blues.

John Lee « Sonny Boy » Williamson : The Blues (Frémeaux & Associés FA 253) présente en deux CD une sélection qui retrace l'évolution du Chicago blues à travers l'œuvre de son principal créateur. Le meilleur de ce grand bluesman figure dans les deux CD de The Essential Sonny Boy Williamson (Document Classic Blues Series CBL-200013).

— Gérard HERZHAFT

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Gérard HERZHAFT. WILLIAMSON JOHN LEE dit SONNY BOY (1914-1948) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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