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Good morning, little schoolgirl, WILLIAMSON (Sonny Boy)

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Au début de sa carrière, John Lee Williamson, né le 30 mars 1914 à Jackson, dans le Tennessee, se produit dans son État natal à l'occasion de spectacles ambulants – les medicine shows –, où il joue de l'harmonica; il est surnommé «Sonny Boy» en raison de son jeune âge. Il éprouve une grande admiration pour «Sleepy» John Estes (John Adams Estes, 1899-1977), le guitariste et chanteur phare du blues du Tennessee, chef de file de l'école de Brownsville, et, surtout, pour son harmoniciste, Hammie Nixon (Hammie Nickerson, 1908-1984). Associé à Yank Rachell (James Rachell, 1910-1997), «Sonny Boy» Williamson imite également le chant guttural et découpé de «Sleepy» John Estes, ce qui lui permet de cacher son défaut d'élocution (il est bègue). Sa réputation grandit, et le duo Rachell-Williamson se produit à Saint Louis en 1934; ils y rencontrent des bluesmen comme Henry Townsend, Big Joe Williams, Robert Nighthawk et Walter Davis.

En 1935, Sonny Boy Williamson s'installe à Chicago, dans l'immeuble tenu par le guitariste Tampa Red, et joue dans tous les clubs de la ville, où la clientèle noire l'apprécie pour son jeu de scène et sa maîtrise de l'harmonica. En mai 1937, malgré les réticences de son producteur Lester Melrose, qui le trouve trop ancré dans la ruralité, l'harmoniciste enregistre enfin un disque avec Big Joe Williams et Robert Nighthawk. Le morceau Good Morning, Little Schoolgirl connaît un succès considérable. «Sonny Boy» Williamson n'a que vingt-trois ans.

La collaboration Melrose-Williamson – qui donnera plus de 120 titres – durera jusqu'à la mort de ce dernier. En 1939, à l'initiative de Melrose, Big Bill Broonzy, expert de la guitare électrique, et Williamson se retrouvent pour enregistrer un morceau qui annonce le Chicago blues électrique, My Little Baby, qui est une reprise de Good Morning, Little Schoolgirl. À la fin des années 1930, Williamson dirige un combo avec un piano, une basse et une batterie. Melrose le fait ensuite enregistrer avec des musiciens de la firme Bluebird. Les années 1940 voient émerger le blues électrique de Chicago, qui s'inspire du bagou des jug bands, de la rudesse du blues du Sud et de la rythmique du son Bluebird. L'orchestration est dense et l'électrification change la manière dont les musiciens approchent les timbres: My Black Name (1941), joué par une formation électrique de cinq musiciens, est un des plus grands titres de l'histoire du blues, en même temps qu'un ardent plaidoyer antiségrégationniste. Après la Seconde Guerre mondiale, Sonny Boy Williamson revient en maître incontesté du blues électrique de Chicago. Le 1er juin 1948, il est assassiné par un mari jaloux.

Good Morning, Little Schoolgirl est une chanson à l'ambiance encore rurale mais qui manifeste une certaine modernité, annonçant le blues électrique de Chicago. La rythmique binaire est enlevée; les deux guitares se superposent: l'une joue le balancement, l'autre un contre-chant sautillant sur les croches. Cette dernière croise sa ligne mélodique avec celle du chant aux nombreuses inflexions. On sent le groupe heureux d'être dans un studio pour la première fois et la bonne humeur communicative de celui qui aimait la boisson et les femmes.

— Eugène LLEDO

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  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

Pour citer cet article

Eugène LLEDO. Good morning, little schoolgirl, WILLIAMSON (Sonny Boy) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009