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RENAUDIE JEAN (1925-1981)

Né le 8 juin 1925 dans une famille modeste de la Haute-Vienne, Jean Renaudie entreprit au lendemain de la guerre des études d'architecture qui devaient être longues, comme c'était souvent le cas pour les étudiants pauvres, contraints de « faire la place » pour survivre, reportant leur diplôme d'année en année.

Il avait commencé chez Auguste Perret, le vieux maître de l'académisme moderne et de l'austérité constructive, puis avait suivi Marcel Lods quand celui-ci eut provoqué une scission. Il soutint enfin son diplôme en 1958, aidé par trois jeunes confrères avec lesquels il s'associa au sein de l'Atelier de Montrouge. Après avoir fait un stage chez Georges Candilis, Renaudie avait connu ces architectes dans l'agence de Michel Écochard, où l'on travaillait au projet de l'université de Karachi. Jean Thurnauer, né en 1926 et qui avait séjourné chez Lods, Jean-Louis Véret (1927-2011) et qui avait, comme Pierre Riboulet, né en 1928, collaboré aux travaux de Candilis après avoir été le représentant de Le Corbusier sur son chantier d'Ahmedabad entre 1953 et 1955, constituaient depuis longtemps une équipe dynamique et très soudée.

Élèves de Louis Arretche, rapidement diplômés avec un projet commun sur le thème de l'université de Fez, ils avaient été marqués par Écochard, chef des services d'urbanisme du Maroc, rencontré en 1949 lors d'un grand voyage en Afrique. Ils retournaient de temps en temps travailler avec lui et, hostiles au système académique des Beaux-Arts, menaient des recherches à caractère urbanistique, marquées par le rationalisme des Congrès internationaux d'architecture moderne. Ils créèrent d'ailleurs une branche du mouvement C.I.A.M., le groupe de Lutèce, parallèle au groupe Ascoral qu'animaient Le Corbusier et André Wogenscky.

Jusqu'à la violente rupture de 1968 et le départ de Renaudie, l'Atelier de Montrouge allait développer une attitude relativement homogène, malgré la différence des tempéraments ; il se distinguait par un certain «  brutalisme » formel hérité de Le Corbusier et par une attention soutenue aux problèmes d'organisation urbaine.

Pendant quelques années, plusieurs concours non suivis de réalisation permirent à la jeune équipe d'affiner sa démarche. Ce furent ceux de la C.E.C.A. en 1959, où ils proposèrent des unités d'habitation à forte densité qui auraient influencé l'architecte Moshe Safdie, puis pour la S.C.I.C., filiale de la Caisse des dépôts, les concours de Thiais, Dourdan et Goussainville, enfin (avec Arretche qui, en bon maître, « poulinait » généreusement ses anciens élèves) celui du Lavandou et ceux de Rouen Secteur-Est et Rouen Saint-Sever en 1963 et 1965.

Déjà apparaissaient dans leur réponse aux problèmes posés le souci de situer chaque opération « dans son contexte général, géographique, économique et social » et l'idée qu'il fallait « intégrer largement la troisième dimension dans l'espace urbain, non seulement par la disposition de volumes très variés en hauteur, mais aussi par la différenciation des niveaux de circulation et la création de plates-formes artificielles ».

En 1963, Jean Renaudie se pencha plus particulièrement sur un projet non réalisé qui portait en germe l'essentiel de sa réflexion ultérieure. Il s'agissait d'étudier pour le domaine du Gigaro à La Croix-Valmer cent cinquante maisons de vacances structurées en un seul groupement homogène. L'architecte mit alors au point un système de composition susceptible de conférer une structure globale solide et cohérente tout en offrant « à chaque moment une surprise ». Il expliquait que le « hasard » devait s'introduire dans l'architecture « en s'opposant au systématique » et qu'à condition d'être « exploité, canalisé en dehors de toute recherche de pittoresque », il pouvait devenir[...]

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François CHASLIN. RENAUDIE JEAN (1925-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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