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LODS MARCEL (1891-1978)

« Le bâtiment de demain se fera en usine. » Cette simple phrase, qui revient dans tous les écrits et toutes les déclarations de Marcel Lods, pourrait à elle seule décrire l'état d'esprit dans lequel celui-ci a travaillé toute sa vie. Ce déplacement de la conception technique de l'architecture vers l'expression d'un type à venir de production des bâtiments découle de cet espoir que Lods ainsi que les architectes du mouvement moderne ont mis dans le progrès technique, source de bien-être et de perfection.

L'architecte français Marcel Lods est né à Paris en 1891. Il commence à exercer à la fin des années 1920, et il adhère, dès le début de sa carrière, aux thèses du mouvement moderne. Membre du groupe français des Congrès internationaux d'architecture moderne (C.I.A.M.), il collabore à la rédaction de la charte d'Athènes. La recherche et l'expérimentation de procédés de préfabrication détermineront rapidement l'ensemble de ses travaux. Cette orientation technologique et fonctionnaliste se poursuit à travers différents projets réalisés de 1930 à 1940 en collaboration avec Eugène Beaudouin (cité des Oiseaux à Bagneux, 1931-1932 ; cité de la Muette à Drancy, 1932-1935 ; école en plein air à Suresnes, 1934 ; maison du peuple à Clichy, en collaboration avec Jean Prouvé, en 1939). À la Libération, Lods, déçu du manque d'initiative des pouvoirs publics, leur reproche de ne pas saisir l'occasion de la reconstruction pour développer une véritable politique d'aménagement du territoire, s'inspirant des thèses de Le Corbusier et s'appuyant sur une réelle industrialisation de la construction. Il se consacre alors à la mise au point des procédés de préfabrication lourde qui donneront naissance aux grands ensembles (immeubles de Fontainebleau, 1951 ; 4 000 logements en région parisienne, 1954). Cette application à grande échelle des idéaux du mouvement moderne consacre l'abandon des recherches de formalisation architecturale et de composition urbaine de l'avant-guerre, dont un des exemples les plus intéressants était justement la cité de la Muette, au profit de l'idéal, économique et social, de la grande série et de l'esthétique de la répétition.

La disposition des bâtiments devient un élément important du travail des architectes : elle doit en effet permettre d'offrir à tous les habitants l'air, la lumière et le soleil grâce à l'abandon de la rue-corridor et à une systématique de l'orientation. Ainsi, l'ensemble d'habitation Marly-les-Grandes-Terres, conçu par Lods en collaboration avec Honneger, Beuffé et avec les frères Arsène-Henry et construit en 1956-1957, garda pendant longtemps valeur d'exemple.

Au cours des années 1960, Lods met au point le système de préfabrication légère « Geai » dont il construit un prototype près de Rouen en 1966-1968. Les dernières réalisations importantes auxquelles participe Marcel Lods sont la Maison des sciences de l'homme à Paris et, récemment, les nouveaux bâtiments de l'Imprimerie nationale à Douai.

Personnalité étonnante, toujours à la recherche de solutions constructives nouvelles, Marcel Lods faisait partie de cette génération pour laquelle « l'architecte doit innover perpétuellement ». Cette croyance dans le progrès le conduisit à ne voir dans l'architecture que sa nécessaire efficacité : « Ou bien l'architecte se préoccupe de rechercher la meilleure performance, ou bien il se met au service de la mode pour flatter le goût douteux d'un certain nombre de ses clients. »

Toute sa vie, Marcel Lods s'est inlassablement battu pour appliquer les schémas de la production industrielle au monde du bâtiment. Son échec relatif a pu être considéré par certains comme inhérent à la position de précurseur dans laquelle il s'était[...]

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Pour citer cet article

Bernard HAMBURGER et Jean-Michel SAVIGNAT. LODS MARCEL (1891-1978) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BEAUDOUIN EUGÈNE (1898-1983)

    • Écrit par Roger-Henri GUERRAND
    • 1 266 mots

    Né à Paris, fils et neveu d'architecte, Eugène Beaudouin fit ses études à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris dans l'atelier d'Emmanuel Pontremoli, archéologue qui passait une grande partie de son temps sur des chantiers de restauration. Premier grand prix de ...

  • PROUVÉ JEAN (1901-1984)

    • Écrit par Joseph ABRAM
    • 2 027 mots
    C'est sa collaboration avec Eugène Beaudouin et Marcel Lods qui permettra à Jean Prouvé d'accomplir pleinement sa vocation de constructeur. Un état d'esprit industriel est né du vaste chantier de Drancy auquel participe aussi l'ingénieur russe Vladimir Bodiansky. Les quatre hommes se retrouvent...

Voir aussi