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RIBOULET PIERRE (1928-2003)

L'architecte français Pierre Riboulet, né à Sèvres en 1928, fils d'un peintre en bâtiment et petit-fils de maçon, grandit dans un quartier populaire de Boulogne-Billancourt. À la Libération, il s'inscrit à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, dont il sort diplômé en 1952. Il mène dès lors une action engagée, d'abord au sein de l'Atelier de Montrouge (1958-1980), en association avec ses contemporains Gérard Thurnauer, Jean-Louis Véret et Jean Renaudie, qui quitte l'atelier en juillet 1968, puis en son nom propre (1979-2003).

La création de l'Atelier de Montrouge, en 1958, est la conclusion logique d'un parcours ayant orienté Riboulet vers les préoccupations du Mouvement moderne après guerre – notamment le droit de l'homme à un habitat décent. L'amitié qui le lie à Thurnauer et Véret s'affirme à l'occasion d'un voyage en Afrique (1949-1950) et de leur rencontre, au Maroc, avec l'architecte Michel Écochard, qui leur souffle leur sujet de diplôme commun et les introduit au sein des Congrès internationaux d'architecture moderne (C.I.A.M.). En 1953, ils participent au 9e congrès d'Aix-en-Provence, où ils présentent une étude remarquée sur l'habitat de Boulogne. En 1954, après avoir collaboré avec l'Atelier A.T.I.C., créé sous l'égide de Jean Prouvé, Riboulet et Thurnauer rejoignent, au Pakistan, Écochard, qui les associe à la commande de la nouvelle université de Karachi (1958). Véret et Renaudie (rencontré en 1956) collaborent également au projet. La naissance de l'équipe est alors une évidence.

Pendant plus de vingt ans, l'Atelier de Montrouge développera une démarche spécifique. Celle-ci, alliant architecture et urbanisme, tenant compte de la réalité des contextes, se distingue par sa dimension éthique. Alors que s'érigent les grands ensembles, ce petit laboratoire d'idées construit peu. Il prône une architecture différente, entre l'acte héroïque et la banalité. Ses premières réalisations, éminemment modernes, en témoignent – le village de vacances de Cap Camarat (1965), la bibliothèque pour enfants de Clamart (1966) et les logements E.D.F. d'Ivry-sur-Seine (1967). L'atelier se démarque aussi par la richesse de ses recherches urbaines ou de projets d'équipements qui marquent souvent des avancées théoriques – telles les études pour la ville nouvelle du Vaudreuil (1967-1978) et le Centre éducatif et culturel d'Istres (1976).

L'œuvre personnelle de Pierre Riboulet s'inscrit dans le droit fil de cette réflexion collective. Au lendemain de Mai 68, il avait confirmé sa position d'intellectuel engagé en effectuant à l'université de Paris-VIII Vincennes une formation en sociologie : maîtrise en 1975, puis doctorat de lettres et sciences humaines en 1979. Ouvrant la même année son agence parisienne, il prolonge sa démarche en mariant création et enseignement (de 1980 à 1997, il assure un cours de composition urbaine à l'École nationale des ponts et chaussées). Sa production comportera pour l'essentiel de grandes commandes publiques : une trentaine d'hôpitaux, de bibliothèques ou d'équipements d'enseignement, qui toujours s'illustreront par l'attention portée aux sites et aux programmes, à la composition et au bien-être des usagers. En marge de ces projets, l'architecte mènera une activité d'urbaniste, se chargeant souvent d'études de grande ampleur (ainsi sur la Plaine Saint-Denis de 1990 à 1994).

Sa première œuvre est l'hôpital pour enfants Robert-Debré à Paris (1988), dont la justesse de conception architecturale et urbaine fait l'unanimité. Viennent ensuite, dans le même esprit, le bâtiment Tête de l'hôpital Pitié-Salpêtrière (1996) et l'hôpital pour la mère et l'enfant de Toulouse (2003). D'autres[...]

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Écrit par

  • : architecte, docteur en urbanisme, chercheur au laboratoire de recherche Ladrhaus, École d'architecture de Versailles

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Pour citer cet article

Catherine BLAIN. RIBOULET PIERRE (1928-2003) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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