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WOGENSCKY ANDRÉ (1916-2004)

Proche de Le Corbusier, dont il fut, pendant vingt ans, le collaborateur, André Wogenscky a su créer une œuvre personnelle, qui constitue une contribution originale à l'architecture du xxe siècle. Né à Remiremont (Vosges), il est admis à l'École des beaux-arts de Paris en 1934, à l'âge de dix-huit ans. Parallèlement à ses études d'architecture, il suit des cours à l'Institut d'urbanisme de l'université de Paris et à l'Institut des techniques sanitaires de l'École des arts et métiers. En 1936, il entre à l'agence de Le Corbusier, où il travaille d'emblée sur le thème novateur des « unités d'habitation », grands immeubles pourvus d'équipements collectifs (écoles, crèches, commerces, etc.), qui devaient, dans l'esprit de Le Corbusier, assurer un juste équilibre entre les exigences de l'habitat et celles de l'urbanisme. Wogenscky participe aussi, au côté de son maître, aux recherches théoriques sur le « modulor », système de mesures et de proportions applicables à la conception des bâtiments et du mobilier. Après la guerre, il prend part, dans le cadre de l'Atbat (atelier des bâtisseurs), avec Vladimir Bodiansky et Jacques Lefèbvre, à la construction de l'unité d'habitation de Marseille, puis à celle des unités de Nantes-Rézé et de Briey-en-Forêt. En 1945, il fonde la revue L'Homme et l'architecture qu'il dirigera pendant deux ans. Son mariage avec Marta Pan (1952) marque le début d'une longue collaboration artistique. Il naîtra de leur œuvre commune une esthétique nouvelle, issue d'un échange inédit entre l'architecture et la sculpture. Cette esthétique, qui anticipe sur le minimalisme plutôt qu'elle ne prolonge la plastique corbuséenne, apparaît dans la maison-atelier de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (1950-1952). Proportionnée « au modulor », le projet se développe dans les trois dimensions à partir d'un cube de 2,26 m de côté. La spatialité rigoureuse, le traitement des matériaux, le choix des couleurs, la continuité entre l'intérieur et l'extérieur, annoncent les réalisations ultérieures sur des programmes de plus grande envergure.

En 1956, à l'âge de quarante ans, André Wogenscky ouvre son propre atelier d'architecture et d'urbanisme. Il construit d'abord des maisons individuelles, telles que la maison Ducret à Saint-Forget-la-Haute (1957-1958), la villa Chupin à Saint-Brévin-l'Océan (1959-1960), ou le prototype de maison industrialisée (la maison « MEX », 1960), puis différents équipements : bâtiments culturels et administratifs, établissements universitaires, centres hospitaliers... Pour la faculté de médecine de l'hôpital Saint-Antoine à Paris (avec Jean Maître, 1961-1965), il juxtapose deux bâtiments en béton apparent, l'un haut, pour les laboratoires et les salles de cours, muni de brise-soleil horizontaux, l'autre bas, pour l'amphithéâtre et la bibliothèque, muni de brise-soleil verticaux. Il développe cette dualité sculpturale à la faculté de l'hôpital Necker (1963-1968), où il oppose un bâtiment en forme de socle à une petite tour en forme de bloc. Pour le centre hospitalier de Corbeil-Essonnes (1974-1984), il mobilise toutes les ressources de la composition pour créer une ambiance favorable au malade et à sa guérison. Blancheur des façades, polychromie des circulations, confort des chambres, proportions harmonieuses, accord des matériaux, tout doit contribuer à la dé-dramatisation du séjour à l'hôpital.

Attentif aux conditions d'usage et au caractère public de l'édifice, André Wogenscky tente de conquérir une sorte d'unité harmonique adaptée à chaque type de programme. La maison de la culture de Grenoble (1966-1967), qui réunit sous un même toit trois salles de spectacles, une bibliothèque, un restaurant[...]

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Écrit par

  • : architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Nancy, chercheur au Laboratoire d'histoire de l'architecture contemporaine

Classification

Pour citer cet article

Joseph ABRAM. WOGENSCKY ANDRÉ (1916-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PARIS

    • Écrit par Jean-Pierre BABELON, Michel FLEURY, Frédéric GILLI, Daniel NOIN, Jean ROBERT, Simon TEXIER, Jean TULARD
    • 32 119 mots
    • 21 médias
    ...Harry Seidler s'adjoint les conseils de deux fins connaisseurs du beau béton, Marcel Breuer et Pier Luigi Nervi – en sont deux exemples très différents. André Wogenscky donnera un ton différent au brutalisme : c'est la forme davantage que le matériau qui, pour la faculté de médecine de l'hôpital Saint-Antoine...

Voir aussi