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JEAN DE MARVILLE (mort en 1389)

Sculpteur auquel la critique moderne hésite à attribuer une seule œuvre, Jean de Marville apparaît pourtant, à la lumière des textes, comme l'un des grands artistes de la fin du xive siècle. Plusieurs localités de la Meuse ou du Nord se sont disputé l'honneur de l'avoir vu naître. Il apparaît pour la première fois en 1366 à Saint-Pierre de Lille, où il procède à la réfection d'un pilier. Il devait demeurer dans la ville assez régulièrement jusqu'en 1372. Cependant, avant cette date, il travaille déjà pour Charles V, puisqu'on le sait occupé au mois de juin 1369 à « certaines ymages et maçonneries » de la chapelle que le roi fait établir dans la cathédrale de Rouen pour recevoir le monument de son cœur. Il collabore avec Jean de Liège, chargé de l'exécution du tombeau. C'est vraisemblablement à cette occasion qu'il est remarqué par le duc de Bourgogne. Au début de 1372, il devient valet de chambre de Philippe le Hardi, avant d'obtenir le titre d'« ymagier ». Il travaillera pour lui jusqu'à la fin de sa vie ; le sculpteur Claus Sluter lui succédera. Le duc de Bourgogne est, en 1372, tout à son projet de la chartreuse de Champmol où il a décidé de placer son tombeau ; Jean de Marville va le servir dans son dessein en élaborant trois projets : le portail, le décor sculpté de l'oratoire et enfin le tombeau. En 1383, les premiers travaux ont commencé ; la première pierre est posée le 2 août de cette année et l'église est rapidement consacrée. Jean de Marville et Drouet de Dammartin avaient élaboré un portail qui s'inspire étroitement d'une œuvre légèrement antérieure : le portail des Célestins, exécuté à Paris en 1370. De part et d'autre de la Vierge, placée au trumeau, on avait prévu les statues du duc et de la duchesse. Sluter bouleversa de fond en comble ce projet, mais il reste de cette première phase des travaux les deux consoles internes placées dans les piédroits : elles sortent de l'atelier de Jean de Marville et rappellent le style que les artistes de Charles V avaient créé à Paris. Entre le 5 décembre 1389 et le 20 mars 1390, les statues de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et de saint Antoine furent transférées dans l'oratoire ducal. Œuvres de Jean de Marville, elles ont disparu pendant la Révolution. Des fouilles ont mis au jour quelques fragments qui ne permettent guère de juger du talent de l'artiste ; celui-ci apparaît plus franchement dans la conception du tombeau de Philippe le Hardi qui lui revient pleinement. Il en conçut l'ordonnance et imagina de détacher librement les pleurants du fond et de les placer sous des galeries. Mais la mort empêcha Jean de Marville d'entreprendre la réalisation de ce projet qui fut repris par Sluter.

— Alain ERLANDE-BRANDENBURG

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Pour citer cet article

Alain ERLANDE-BRANDENBURG. JEAN DE MARVILLE (mort en 1389) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHARTREUSE DE CHAMPMOL, PRÈS DE DIJON, SCULPTURES DE CLAUS SLUTER

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 216 mots
    • 2 médias

    Sous les ducs de Bourgogne Philippe le Hardi et son fils Jean sans Peur, Dijon, centre politique d'un domaine en pleine expansion, devint un des grands foyers artistiques européens. C'est dans la statuaire que se manifeste le plus son originalité, grâce au Hollandais Claus Sluter,...

  • FRANCO-FLAMANDS ARTS

    • Écrit par Pierre QUARRÉ
    • 993 mots
    • 2 médias

    On qualifie généralement de franco-flamand l'art des sculpteurs du temps de Charles V et celui des peintres travaillant à la cour de France au début du règne de Charles VI, et ce en raison de l'origine « flamande » de bon nombre de ces artistes. Il semble en effet qu'ils n'aient pas apporté...

  • SLUTER CLAUS (1350 env.-1406)

    • Écrit par Pierre QUARRÉ
    • 1 475 mots
    • 5 médias
    ...lui attribuer personnellement de sculpture pendant les quatre premières années qu'il travailla dans l'atelier de Champmol ; mais il dut s'affirmer comme le plus habile des collaborateurs de Jean de Marville, puisque, ce dernier étant mort en 1389, il lui succédait comme imagier de Philippe le Hardi.

Voir aussi