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CASTEX JEAN (1965- )

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De la crise sanitaire à Matignon

Édouard Philippe et Jean Castex, juillet 2020 - crédits : Ludovic Marin/ AFP

Édouard Philippe et Jean Castex, juillet 2020

Ironie de l’histoire : c’est Édouard Philippe qui a sorti de l’ombre celui qui allait être son successeur, et qui lui a mis le pied à l’étrier. Le 2 avril 2020, alors que le confinement lié à la pandémie de Covid-19 entre dans sa troisième semaine, le Premier ministre Édouard Philippe confie à Jean Castex la charge de préparer le déconfinement. « C’est un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé, explique-t-il, et qui est redoutable d’efficacité. » Un jugement assez largement partagé. Castex est souvent comparé à « un couteau suisse ». Le nouveau « Monsieur déconfinement » installe une équipe de dix-huit personnes dans une dépendance de Matignon, située au sixième étage de l’immeuble qui abrite le ministère de la Santé, avenue de Ségur. Il y défend un déconfinement très progressif, quitte à se heurter à certains ministres plus pressés, tel celui de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Il aime à dire que « 90 % de ses recommandations ont été suivies par le président et le Premier ministre ».

Le président de la République remarque alors l’efficacité du personnage, dont le profil pourrait lui permettre d’achever dans de meilleures conditions un quinquennat marqué par les crises et d’apaiser un pays qui semble toujours être au bord de la crise de nerfs.

Jean Castex n’est donc pas tout à fait un inconnu dans le sérail politique quand il accède à Matignon. Après l’élection d’Emmanuel Macron, il a ainsi collectionné les missions : délégué interministériel chargé de préparer les jeux Olympiques de 2024 en France, président de l’agence nationale du sport, délégué interministériel aux grands évènements sportifs, chargé de la préparation de la Coupe du monde de rugby de 2023… En octobre 2018, son nom circule également pour le remplacement de Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur. Mais il passe alors pour… trop sarkozyste.

Pourtant, s’il a servi l’ancien président à l’Élysée pendant un an, Jean Castex ne l’a pas soutenu pendant la primaire de la droite en 2016, au cours de laquelle il s’est montré très discret, accordant finalement sa préférence à François Fillon. Peu importe. La nomination de ce Premier ministre, qui reste proche de Xavier Bertrand, a peut-être une autre mission, implicite celle-ci : continuer à fracturer la droite et à séduire son électorat. S’il démissionne de LR dès sa nomination à Matignon, celle-ci embarrasse visiblement ses anciens amis politiques qui peinent à trouver un angle d’attaque contre lui. Hormis celui d’être une pâle doublure du président, un simple figurant.

Le Premier ministre n’entend pas laisser cette idée s’installer. Dans une interview au Journal du dimanche, au lendemain de sa nomination, il met les choses au point : « Quand vous aurez appris à me connaître, vous verrez que ma personnalité n’est pas soluble dans le terme de “collaborateur” », déclare-t-il, en se référant au terme employé au début de son quinquennat par Nicolas Sarkozy pour qualifier sa relation avec son Premier ministre François Fillon. Mais il ne déplaît pas forcément à Jean Castex d’être sous-estimé, comme le fut, dans les années 1970, Raymond Barre qui n’était pas non plus un homme politique ni quelqu’un de connu. « Le style Castex, disait-il dans ce même entretien, c’est un mélange de volontarisme et d’expérience, avec le souci de rassembler. Mais attention ! Je ne crois pas au consensus mou. »

— Bruno DIVE

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Pour citer cet article

Bruno DIVE et Encyclopædia Universalis. CASTEX JEAN (1965- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 29/04/2024

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Édouard Philippe et Jean Castex, juillet 2020 - crédits : Ludovic Marin/ AFP

Édouard Philippe et Jean Castex, juillet 2020

Autres références

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