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HÉROLD JACQUES (1910-1987)

Tout destinait Jacques Hérold à rejoindre les surréalistes, et d'abord la révolte. Né en 1910 à Piatra, dans la Moldavie roumaine, il suit les cours de l'école des Beaux-Arts en même temps que ceux du lycée. Mais, découvrant avec stupeur que la « statue » autour de laquelle les élèves travaillaient en silence était une femme vivante, il ne comprend pas qu'on reste de glace devant sa nudité et refuse de la peindre. « La peinture, dit-il, est comme l'amour, on ne peut la faire que dans l'intimité. » Le hasard le fait assister à trois accidents mortels, qu'il ne va jamais oublier. Écrasement, écorchage et jaillissement vont inspirer toute la peinture de Jacques Hérold. Rien, pour peindre, ne lui paraît évident : comment restituer la transparence, quand on peint un verre, avec une matière opaque ? L'académisme le fait fuir. Il fréquente les filles, peint « en tremblant » le corps d'une putain de Bucarest, participe aux fêtes tziganes, et, quand il tombe pour la première fois sur un livre où sont reproduits des tableaux expressionnistes, il les trouve rebutants. Mais la rencontre de Tudor Arghezi, grand poète roumain, le met sur la voie. Les jeunes poètes de la revue d'avant-gardeUnu lui parlent du surréalisme en 1928, et publient ses premiers dessins à côté de ceux de Victor Brauner.

En 1929, Jacques Hérold prend le bateau du Danube pour aller à Paris, où il vit de petits travaux. Quand il passe quelques nuits dans un hôtel, il peint sur les draps de lit. Mais son compatriote Constantin Brancusi lui demande de l'assister dans son travail et de faire sa cuisine. Hérold rencontre ainsi, dans l'atelier de Brancusi, Marcel Duchamp, Man Ray, James Joyce. Quand Claude Servet, l'un des membres de la rédaction d'Unu, arrive à Paris, il lui présente Yves Tanguy, dont il devient aussitôt l'ami, puis Victor Brauner et Giacometti.

Les souvenirs de la révolte, les signes du hasard se transforment en destin : Jacques Hérold entre en 1934 dans le groupe fondé en 1924 par André Breton ; il y assiste à l'exclusion de Salvador Dali. Le surréalisme, que l'on confondait encore avec une imagerie onirique, va explorer de nouveaux confins, à travers Hérold, Matta et Lam. Une seule exigence dirige Hérold : peindre l'intérieur des choses et des êtres, leur structure en mouvement ; il y parvient dans ses premiers tableaux d'« écorchage », où il cherche à violer les secrets de la matière, comme si c'était le sexe du monde. Pour lui, temps, espace et pensée ne font qu'un, mais ses tableaux sont aussi des présages de la guerre.

Participant aux activités du groupe surréaliste jusqu'en 1940, il rejoint André Breton et ses amis réfugiés à Marseille, où le Comité américain de secours aux intellectuels de Valerian Fry s'occupait de trouver des passeports et des places sur les bateaux pour les artistes antifascistes menacés. Ils n'auront pas tous cette chance : Jacques Hérold ne partira pas plus aux États-Unis que Victor Brauner et Hans Bellmer. Mais avant que Breton et Wifredo Lam ne retrouvent avec Duchamp et Max Ernst les deux premiers surréalistes arrivés à New York : Matta et Yves Tanguy, Hérold s'adonne aux « jeux surréalistes » que, par défi à la guerre, ses amis continuent à inventer, en particulier le célèbre « jeu de Marseille », où les rois, les reines et les valets sont remplacés par les « génies », les « sirènes » et les « mages » du surréalisme. Le hasard désigne Hérold pour dessiner la carte du « génie » Sade, et celle de la « sirène » Lamiel.

Redevenu solitaire, poursuivi par la police, Hérold cherche à s'enfuir en Suisse. Mais il est repoussé à la frontière. Durant cette période d'errance, il peint son tableau le plus célèbre : La Liseuse d'aigle (1942), où il déploie[...]

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  • SURRÉALISME - Surréalisme et art

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    ...merveilleux » matérialiste par-delà l'appareil de symboles et d'emblèmes dont il s'entoure. De même, pendant sa brève période surréaliste, Jacques Hérold tentera-t-il de relier toutes les représentations plastiques au monde du cristal. Le regroupement qui s'opère après la guerre est marqué...