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GONDOIN JACQUES (1737-1818)

La célébrité de Gondoin, dont la carrière d'architecte officiel fut brillante, repose sur un seul édifice, incomparable il est vrai : l'École de chirurgie de Paris (actuelle École de médecine), édifiée entre 1769 et 1775. Élève du théoricien Blondel, Gondoin remporte un deuxième prix à l'Académie d'architecture en 1758. Pensionnaire à l'Académie de France à Rome, il prolonge son absence par un voyage d'étude aux Pays-Bas et en Angleterre. En 1765, il rentre à Paris où, grâce à la protection du chirurgien de Louis XV, La Martinière, il obtient la commande de l'École de chirurgie. Cet édifice, admirablement adapté à sa destination, est doté de formes à la fois expressives et fonctionnelles : l'amphithéâtre, conçu comme un demi-cylindre couvert d'une demi-sphère décorée de caissons, servira de modèle aux salles d'assemblées révolutionnaires ; le portique parallélépipédique de l'entrée, qui soutient en outre la bibliothèque, était une solution d'avant-garde pour relier le bâtiment à son environnement.

L'École de chirurgie fut immédiatement considérée par ses contemporains comme la réalisation la plus achevée de l'architecture moderne : « Tout le système de la vieille architecture française fut renversé par cet exemple inattendu, et les partisans de la routine furent stupéfaits de voir une façade sans pavillons, sans avant-corps, sans arrière-corps et dont la corniche suivait d'un bout à l'autre sans rasants [ressauts] ni profils, contre l'usage reçu en France, et dont les Contant, les Gabriel, les Soufflot venaient de donner de si récents et de si dispendieux exemples... », écrit l'architecte Legrand, qui poursuit : « Les architectes y reconnurent la majesté de l'architecture romaine, dépouillée de ses riches superfluités et rapprochée de la simplicité grecque, grande par la disposition des masses » (Annales du musée, 1802). Chef-d'œuvre d'un néo-classicisme hellénisant et d'inspiration palladienne, dans lequel l'école rationaliste du début du xixe siècle reconnaissait son premier modèle, l'École de chirurgie, conçue comme un monument urbain, avait suscité l'aménagement d'une place sur laquelle devait s'élever l'église des Cordeliers, une prison et une fontaine monumentale. Cet ensemble (dont seule la fontaine fut partiellement réalisée, puis détruite), d'une conception hardie, devait être associé à la construction du nouveau quartier de l'Odéon : le VIe arrondissement de Paris eût connu, le premier, un agencement urbain « à l'antique » des plus purs. Avorté, le projet est cependant divulgué par Gondoin qui grave l'ensemble dans sa Description des écoles de chirurgie (1780). Admis à l'Académie d'architecture (1774), Gondoin effectuera un second séjour en Italie (durant lequel il fit cadeau de sa collection de dessins à son ami Piranèse), puis sera nommé dessinateur de la Couronne (1779). Membre de l'Institut (1795), il poursuit sa carrière sous l'Empire, siège au Conseil des bâtiments civils et au Comité consultatif des bâtiments de la Couronne. En 1806, il est chargé d'établir des plans pour dresser la colonne de la place Vendôme.

— Daniel RABREAU

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux

Classification

Pour citer cet article

Daniel RABREAU. GONDOIN JACQUES (1737-1818) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - L'architecte

    • Écrit par Florent CHAMPY, Carol HEITZ, Roland MARTIN, Raymonde MOULIN, Daniel RABREAU
    • 16 589 mots
    • 10 médias
    ...intense pour le pur dessin d'architecture ( Piranèse, Legeay, Peyre, Boullée), mais aussi dans les œuvres édifiées de Soufflot, de De Wailly, de Gondoin ou de Ledoux, et de toute une génération décrite par Émile Kaufmann comme « révolutionnaire » (entre 1760 et 1800). Ledoux, dans un style lyrique,...
  • NÉO-CLASSICISME, arts

    • Écrit par Mario PRAZ, Daniel RABREAU
    • 8 074 mots
    • 13 médias
    ...Sapho de Johann Heinrich Dannecker ; la barrière de la Villette de Ledoux ; la Bank of England de John Soane ; le théâtre de l'Anatomie de Jacques Gondoin). Mais il serait injuste de penser que le style Empire n'est que l'exploitation décorative sur une grande échelle des motifs tirés de...

Voir aussi