Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANTOINE JACQUES DENIS (1733-1801)

Architecte français, Jacques Denis Antoine, dont on ne connaît ni la formation ni les débuts, est issu d'une famille de menuisiers parisiens. D'abord apprécié comme praticien du bâtiment, Antoine devient rapidement un des architectes les plus sollicités de la fin de l'Ancien Régime. L'hôtel des Monnaies de Paris, qu'il construit entre 1771 et 1777 et qui s'élève toujours sur le quai Conti, fut considéré par ses contemporains comme une œuvre novatrice, digne de figurer, au même titre que l'École de chirurgie de Gondoin, comme exemple de l'esthétique révolutionnaire. Mais, dans cet édifice, Antoine se montre à la fois moins radical que Gondoin dans l'imitation de l'antique et plus respectueux de la tradition nationale, symbolisée alors par les œuvres d'Ange Jacques Gabriel. Il innove surtout par la recherche d'une structure expressive, fondée sur le caractère des distributions ; la lecture en élévation de l'ossature est facilitée par la soumission totale du décor plastique à la structure : décor très riche, aux formes lourdes et puissantes, qui rompt avec la hiérarchie traditionnelle des superpositions baroques. L'hôtel Brochet de Saint-Prest (1773, actuelle École des ponts et chaussées, rue des Saint-Pères), les projets du château de Charny (1766, Seine-et-Marne), le projet pour la Comédie-Française (1770), les immeubles qu'il construit rue Saint-Honoré (1774), les hôtels de Jaucourt (rue de Varenne), de Mirabeau (rue de Sèvres) et le château de Mussy-l'Évêque (1775, Haute-Marne) dénotent tous une forte originalité qui se tient en marge du courant international. Est-ce le voyage qu'Antoine fit en Italie (1777-1778), en compagnie de Charles De Wailly, qui orienta son style vers une austérité de plus en plus tributaire du goût antique ? Après 1778, le château de Buisson (1782, Eure), l'escalier et la salle des pas perdus du palais de Justice de Paris (1782-1785), l'hôpital de la Charité à Paris, la chapelle de la Visitation à Nancy (1780), la façade de l'hôtel de ville de Cambrai (1785) procèdent du goût néo-classique international. La célébrité d'Antoine s'étendit à l'étranger et les commandes affluèrent de toutes parts : en 1778, c'était déjà les travaux du palais Alba-Berwick de Madrid ; ce sera ensuite les projets de palais pour le prince de Salm à Kirn (Rhénanie-Palatinat) ; puis une maison pour le comte de Findlater, près de Londres, et surtout les projets pour l'hôtel de ville et l'édification de l'hôtel des Monnaies de Berne (1788). Membre de l'Académie d'architecture depuis 1776, Antoine sera chargé par Necker de conduire les travaux des célèbres pavillons d'octroi de Ledoux à Paris. Grand dessinateur, Antoine a laissé de beaux projets d'aménagements d'appartements et de jardins qui dénotent son goût, très personnel, pour un décor expressif intégré à la structure.

— Daniel RABREAU

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux

Classification

Pour citer cet article

Daniel RABREAU. ANTOINE JACQUES DENIS (1733-1801) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi