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IRAK-IRAN (GUERRE)

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Huit années de guerre

Guerre Irak-Iran, 1980-1988 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guerre Irak-Iran, 1980-1988

En septembre 1980, le président Saddam Hussein estime que l'Irak a une mission urgente à remplir : affirmer la puissance arabe, voire la prépondérance arabe, dans le Golfe. Sans doute, cette idée flatte-t-elle sa volonté de puissance ; elle n'en correspond pas moins, pour l'arabisme, à une nécessité réelle et pressante, même si elle n'est pas alors clairement exprimée, à laquelle seul l'Irak semble en mesure de pourvoir. En lançant d'emblée, le 22 septembre 1980, une offensive massive, le chef de l'État irakien entend répondre aux dernières actions iraniennes, qu'il considère comme des provocations. Sans doute espère-t-il, de la sorte, assurer rapidement à l'Irak les avantages territoriaux et privilèges maritimes auxquels il a dû renoncer cinq ans plus tôt à Alger. Mais, abusé aussi par les opposants iraniens de l'extérieur, sous-estime-t-il les capacités de résistance de son adversaire. Il pense que l'appareil militaire iranien a été gravement désorganisé et ses cadres démoralisés par les épurations républicaines. Il ne fait pas suffisamment entrer en ligne de compte l'enthousiasme révolutionnaire, l'attachement passionné des chiites à l'islam, le sentiment patriotique iranien, la dévotion absolue et l'esprit de sacrifice inspirés par le charisme de l'ayatollah Khomeyni.

Les offensives

Dans leur élan initial (sept.-nov. 1980), les troupes irakiennes, qui se sont déjà assuré de quelques positions frontalières (9-10 sept.) au centre, prennent des gages territoriaux (22-29 sept.) au nord, au centre encore (Kasr el-Chirine et Mehran) et dans le Sud (autour de Khorramchahr et d'Abadan). Le 28 septembre, une première résolution des Nations unies demande l'arrêt des combats. L'offensive irakienne s'arrête dans la première semaine d'octobre : la ville d'Abadan est investie, Khorramchahr tombe le 24 octobre mais Susangerd, prise puis abandonnée, et Ahwaz résistent. À la fin de novembre 1980, les Irakiens ont atteint l'essentiel des objectifs militaires fixés par le pouvoir politique, lequel, en partie influencé par les Arabes du Golfe, décide de ne pas porter la guerre plus loin à l'intérieur de l'Iran, de renoncer à se saisir de points stratégiques (Ahwaz, Dezful). Ces succès militaires s'accompagnent cependant d'un échec politique : le régime de Téhéran non seulement tient bon mais se prépare déjà à la contre-offensive. De décembre 1980 à décembre 1981, les positions sur le terrain sont pratiquement inchangées, tandis que les diverses médiations (pays islamiques et non alignés) échouent du fait même que les Iraniens refusent les propositions de négociation irakiennes tant que leur territoire sera occupé. À la fin de 1981, l'armée iranienne réussit sa première contre-offensive : la poche d'Abadan est évacuée (28 sept.), Bostan est libérée (8 déc.). Ce sursaut iranien annonce les grandes contre-offensives du printemps, à partir de la mi-mars 1982 : dans le centre, après les opérations Fatimah, Fath (victoire), Fath E Borzorg (grande victoire), Fath Ol Mobine (victoire évidente), le IVe corps d'armée irakien doit se retirer sur la frontière internationale, abandonnant plusieurs milliers de prisonniers. Puis, développant leur poussée dans la partie la plus méridionale du front, les forces iraniennes finissent par reconquérir, sur le IIIe corps d'armée irakien, la totalité du Khouzistan, libérant Khorramchahr (24 mai 1982) et menaçant même la ville irakienne de Bassorah. Au début du mois de juin, l'armée de Téhéran se trouve, dans le Sud, à la frontière internationale, cependant que, dans le Nord entre Mehran et Penjwin, l'armée irakienne conserve toujours, en Iran, des positions avantageuses tenues par les Ier et IIe corps d'armée.[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie politique des relations internationales

Classification

Pour citer cet article

Philippe RONDOT. IRAK-IRAN (GUERRE) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

1962 à 1989. De la guerre froide à la détente - crédits : Encyclopædia Universalis France

1962 à 1989. De la guerre froide à la détente

Saddam Hussein, 1980 - crédits : Keystone/ Getty Images

Saddam Hussein, 1980

Guerre Irak-Iran, 1980-1988 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guerre Irak-Iran, 1980-1988

Autres références

  • AHMADINEJAD MAHMOUD (1956- )

    • Écrit par et
    • 1 677 mots

    Président de la République islamique d'Iran de 2005 à 2013.

    Mahmoud Ahmadinejad est né le 28 octobre 1956 à Aradan, une bourgade proche de Garmsar, à une centaine de kilomètres au sud-est de Téhéran. Il est le quatrième enfant d'une famille modeste (son père est forgeron) qui migre vers...

  • ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales

    • Écrit par , , , et
    • 24 799 mots
    • 10 médias
    Les grands conflits sont l'occasion de dépenses colossales. Laguerre Irak-Iran a été ruineuse pour Bagdad. Pour Téhéran, cette guerre a fait 500 000 victimes et plus d'un million de blessés. Les dommages économiques sont évalués à 871 milliards de dollars, soixante villes et quatre mille villages...
  • CHAṬṬ AL-‘ARAB ou SHAṬṬ AL-‘ARAB

    • Écrit par
    • 348 mots

    Exutoire commun du Tigre et de l'Euphrate, le Chaṭṭ al-‘Arab, long de 200 kilomètres entre al-Qurnah et le golfe Persique, reçoit sur sa rive gauche le Kārūn qui descend des montagnes d'Iran. Bordé d'un liseré de palmeraies, il constitue sur une partie de sa rive orientale la frontière...

  • ENFANTS SOLDATS

    • Écrit par
    • 3 421 mots
    L'Iran de l'ayatollah Khomeyni et le conflit Iran-Irak apportent un autre exemple d'une idéologie révolutionnaire aboutissant à recruter des enfants pour la guerre. Dans les manuels scolaires iraniens des années 1980, toute l'instruction est mise au service de la propagande. Les ...
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