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INDUSTRIE Industrialisation et formes de société

La troisième révolution industrielle, scientifique et technique

Dans la seconde moitié du xxe siècle s'est amorcée une troisième révolution qui devait façonner notre époque.

Découvertes scientifiques et mutations techniques

Cette mutation industrielle, scientifique et technique se manifeste principalement par l'utilisation de nouvelles sources d'énergie (énergie atomique, énergie solaire), le développement de l'automation (grâce à l'essor de la cybernétique, de l'informatique et de l'électronique), et enfin, dans l' industrie chimique, par une série de découvertes et de mises au point qui permettent la production d'un nombre croissant de produits synthétiques (notamment dans la gamme infinie des plastiques) qui pourront largement se substituer à l'avenir aux grands produits naturels (fibres textiles, bois, caoutchouc), aux métaux et sans doute aussi aux aliments naturels. Par la puissance décuplée des moyens, due à cette vague de découvertes, le champ de l'action de l'homme commence à s'élargir à la conquête de l'espace.

Les premières centrales nucléaires ont été mises en route dans les années 1950. Vingt ans après, les possibilités de production dans le monde s'élevaient à 30 000 mégawatts. En 1963, 23 000 calculatrices électroniques fonctionnaient dans le monde, sept ans plus tard on en comptait 90 000. En 1965, par million d'habitants, il y avait 154 calculatrices aux États-Unis, de 30 à 60 dans les pays de l'Ouest européen, 15 en U.R.S.S. La production mondiale des matières plastiques était, en 1937, de 300 000 tonnes, en 1950, de 1 700 000 tonnes, en 1970, de 26 millions de tonnes, soit, vers 1965, de 15 à 30 kg par personne en Europe et en Amérique du Nord selon les États, de 3 à 8 dans les pays de l'Est européen.

De ce fait, les proportions dans la croissance des diverses branches de la production industrielle sont en passe de subir des modifications radicales. Entre 1955 et 1962, tandis que les rythmes d'expansion annuels ont été aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne occidentale respectivement de 2,9 p. 100, 2 p. 100 et 6,7 p. 100, les rythmes de la production des moyens d'automatisation ont atteint 7 p. 100, 17,4 p. 100 et 31,5 p. 100 et ceux de la production chimique 6,1 p. 100, 4,6 p. 100 et 11,4 p. 100.

Facteurs quantitatifs et facteurs qualitatifs

Téléphones à la chaîne - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Téléphones à la chaîne

Cependant, ce qui distingue cette révolution industrielle des deux précédentes, c'est moins la nature des produits sur lesquels elle porte que les changements décisifs qu'elle apporte dans la forme économique du progrès industriel. L'industrialisation « classique » – de la première et de la deuxième révolution industrielle – a été marquée par l'utilisation intensive grandissante de moyens de production (machines), accompagnée de l'uniformisation et de la simplification de la qualité du travail, réduit, pour la masse des travailleurs de l'industrie, à sa forme simple. Il en est résulté que la production de biens de production a augmenté jusqu'à présent à un rythme très supérieur à celui des biens de consommation. Ainsi, entre 1880 et 1920, aux États-Unis, dans l'industrie de transformation, le rapport entre le capital mis en œuvre et la production est passé de 0,54 à 1,02, alors que, dans l'industrie extractive, ce rapport passait de 1,16 à 2,30. Or, à partir des années 1930, qui marquent le début de cette troisième révolution industrielle aux États-Unis, et d'une manière plus nette après la Seconde Guerre mondiale, ce rapport prend dans son évolution la direction inverse, étant en 1970 inférieur à 0,60 dans l'industrie de transformation américaine et à 1,30 dans l'industrie extractive. Cela signifie que l'accumulation matérielle du capital et son complément, le recours extensif au travail simple, jouent un rôle déclinant dans le développement de l'industrie ultra-moderne au bénéfice des éléments[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques, directeur de l'UNITAR, Dakar (Sénégal)

Classification

Pour citer cet article

Samir AMIN. INDUSTRIE - Industrialisation et formes de société [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Locomotive Rocket - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Locomotive Rocket

Convertisseur Bessemer - crédits : Bettmann/ Getty Images

Convertisseur Bessemer

Alexander Graham Bell - crédits : Ullstein Bild/ Getty Images

Alexander Graham Bell

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