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SAUGUET HENRI (1901-1989)

Dernier survivant d'une génération qui avait côtoyé Erik Satie, Henri Sauguet est l'un des rares compositeurs français à avoir intégré l'héritage debussyste dans un langage direct, sobre et spontané qui n'est pas sans parenté avec l'esprit initial des Six.

De son vrai nom Henri Poupard, il naît à Bordeaux le 18 mai 1901, où il travaille d'abord avec Julien-Fernand Vaubourgoin. Il étudie ensuite la composition avec Joseph Canteloube à Montauban (1919). En 1920, il fonde à Bordeaux le groupe des Trois, avec le poète Louis Emié et le compositeur J.-M. Lizotte, à l'image du groupe des Six. Leur premier concert provoque un scandale dans la société bordelaise, et, contraint par son père, il adopte comme pseudonyme le nom de jeune fille de sa mère. Il se fixe à Paris en 1922, où il travaille avec Charles Kœchlin et s'intègre rapidement au foisonnement artistique de la capitale. Un an plus tard, Darius Milhaud le présente à Erik Satie en compagnie de trois autres jeunes compositeurs, Henri Cliquet-Pleyel (1894-1963), Roger Désormière (1898-1963) et Maxime Jacob (1906-1978). En hommage à l'auteur de Parade, ils adoptent le nom d'école d'Arcueil et donnent leur premier concert en 1923, au cours duquel la pianiste Marcelle Meyer crée les Trois Françaises de Sauguet. Satie voyait en eux les successeurs du groupe des Six, mais le mouvement ne survivra pas à sa disparition, en 1925. Seul Sauguet cherche à prolonger dans son œuvre les idéaux d'origine : refus de l'académisme et du romantisme, recherche de la simplicité. Il s'impose rapidement dans les salons parisiens, préalable alors indispensable, et, s'il se brouille assez vite avec Blanche de Polignac, il trouve un protecteur en la personne du comte Étienne de Beaumont. Son premier succès est un opéra bouffe, Le Plumet du colonel, dont Ernest Ansermet dirige la création en 1924. Diaghilev lui commande un ballet, La Chatte, que les Ballets russes créent à Monte-Carlo en 1927 dans une chorégraphie de George Balanchine. Puis c'est Ida Rubinstein qui lui commande David (créé en 1928 à l'Opéra de Paris, sous la direction de Walther Straram). Sa voie est tracée, et l'essentiel de sa production sera consacré à la scène : dans le domaine lyrique, La Contrebasse (livret de Henri Troyat d'après Tchekhov, 1930), La Chartreuse de Parme (livret d'Armand Lunel d'après Stendhal, Opéra de Paris, 1939), Les Caprices de Marianne (livret de Jean-Pierre Grédy d'après Musset, festival d'Aix-en-Provence, 1954), Le Pain des autres (d'après Tourgueniev, 1974) ; dans le domaine chorégraphique, vingt-sept ballets dont Les Mirages (argument de Cassandre et Lifar, Opéra de Paris, 1943), Les Forains (Boris Kochno, chorégraphie de Roland Petit, décors de Christian Bérard, 1945, son plus grand succès), La Rencontre (Kochno, 1948), Le Caméléopard (A. Vigo, d'après Edgar Poe, 1956), La Dame aux Camélias (Tatiana Qsovska, Berlin, 1957, avec Yvette Chauviré). À partir de 1939, Louis Jouvet lui confie les musiques de scène de ses principales productions : Ondine (1939) et La Folle de Chaillot (1945) de Jean Giraudoux, Les Perses (1940) d'Eschyle, Dom Juan (1947) et Tartuffe (1950) de Molière. Il travaille ensuite pour Jean-Louis Barrault et pour la Comédie-Française. Il compose un grand nombre de partitions pour la radio et la télévision, ce qui lui donne l'occasion de collaborer avec Cocteau, Mauriac, William Aguet, Pierre Cardinal... Au cinéma, il donne notamment la musique de L'Épervier de Marcel L'Herbier (1933), de Premier de cordée de Louis Daquin (1944), de Farrebique de Georges Rouquier (1946), de France d'Étienne Lallier (1962) et de L'Heure de vérité de Henri Calef (1965).

Dans le domaine de la musique pure, son œuvre est aussi abondante : quatre symphonies (no 1,[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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  • ARCUEIL ÉCOLE D'

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    Groupe fondé en 1923 par quatre jeunes compositeurs français, Henri Cliquet-Pleyel (1894-1963), Roger Désormière (1898-1963), Henri Sauguet (1901-1989) et Maxime Jacob (1906-1978). Darius Milhaud les avait présentés à Erik Satie, qui vivait reclus dans son appartement d'Arcueil. Ils adopteront...