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HASSIDISME MÉDIÉVAL

Courant mystique à tendance ascétique, mouvement social et religieux qui se développa principalement entre 1150 et 1250 dans le judaïsme allemand à partir des villes de Ratisbonne dans le Sud, de Spire, Worms et Mayence en Rhénanie. « Hassidisme » dérive du mot talmudique qui désigne le dévot (ḥasid) et qui, dès l'origine, se réfère à la pratique assidue des vertus religieuses et éthiques. Les tenants du talmudisme furent nommés ḥasid aṣkenaz (les hommes pieux d'Allemagne). Les dirigeants de ce mouvement, issus de la grande famille des Kalonymides, sont Rabbi Samuel ben Kalonymos le Hassid (mort en 1217) et son élève Eleazar de Worms (mort en 1230). Le groupe, qui influa sur tout le devenir intellectuel et spirituel du judaïsme ashkénaze, produisit une littérature fort riche tant sur le plan éthique (spécialement le Sefer ḥasidim) que dans les domaines liturgique, halachique et théologique.

L'amour de Dieu joue un rôle capital dans la doctrine hassidique et trouve son point d'application dans une conception mystique de la prière, qui, à l'aide d'une théorie des nombres très développée, permet à l'orant, par la méditation des Noms divins, de se mettre en communication avec le monde d'en haut.

La théologie hassidique, tout en soulignant fortement la non-corporéité et l'infinité divines, est foncièrement, à la suite de Saadia, une théologie de l'immanence. Elle a aussi hérité de cet auteur l'idée de Kabōd (gloire de Dieu), l'aspect du divin qui se révèle à l'homme et que la plupart des piétistes tiennent pour émané de lui. C'est à la Gloire qu'ils rapportent les anthropomorphismes bibliques ; ils les identifient aussi à l'Esprit de sainteté (Rūah ha qōdeš). L'âme de l'homme est mise en rapport avec Kabōd et même, quelquefois, considérée comme émanée de lui. Certains cercles attachent une grande importance à la figure du Karūb ha-Meyūhad (l'« unique chérubin », cf. Ézéchiel, x, 4) ; ainsi en est-il chez rabbi Elkanan ben Yaquar de Londres. Les lois de la nature et de la société n'expriment pas la véritable essence de Dieu, mais sont regardées comme des moyens pour éprouver l'homme.

La littérature hassidique est pleine de récits de miracles accomplis en faveur des hommes pieux et elle contient aussi nombre d'informations de l'époque concernant les pratiques démonologiques et magiques.

Le hassidisme médiéval a fortement structuré la mentalité et les mœurs du judaïsme d'Allemagne et du nord de la France ; il eut également une influence non négligeable sur les kabbalistes d'Espagne.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

Classification

Pour citer cet article

Roland GOETSCHEL. HASSIDISME MÉDIÉVAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉLÉAZAR DE WORMS (1163-1235)

    • Écrit par Roland GOETSCHEL
    • 413 mots

    Une des figures dominantes du judaïsme allemand au Moyen Âge, Éléazar, né à Mayence, étudie dans les grandes académies talmudiques de France et de la vallée du Rhin. Il appartient à la grande famille des Kalonymides. Son père, Judah ben Kalonymos, lui enseigne la halakah et la théologie...

  • GOLEM

    • Écrit par Olivier JUILLIARD
    • 631 mots

    Être, le plus souvent de forme humaine, le golem est créé par un acte de magie grâce à la connaissance des dénominations sacrées. Dans le judaïsme, l'apparition du terme golem remonte au Livre des Psaumes et à l'interprétation qu'en donne le Talmud ; il s'agit, dans ce...

  • GUEMATRIA

    • Écrit par Gabrielle SED-RAJNA
    • 216 mots

    Procédé d'herméneutique qui consiste à utiliser la valeur numérique des lettres constitutives d'un mot, ou d'un groupe de consonnes, pour l'interpréter moyennant le rapprochement avec un autre mot ayant la même valeur numérique. Par exemple le passage de la Genèse ...

  • JUDA DE RATISBONNE dit JUDA LE PIEUX (1150-1217)

    • Écrit par Roland GOETSCHEL
    • 400 mots

    Le maître le plus éminent du mouvement piétiste rhénan. Juda vécut quelque temps à Spire, mais passa la plus grande partie de sa vie à Ratisbonne. En dehors des légendes colportées à son sujet, on ne connaît que peu de détails sur son existence. Ce silence est volontaire : Rabbi Juda ou Juda le...

  • Afficher les 9 références

Voir aussi