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BALDUNG GRIEN HANS (1484 env.-1545)

Baldung et le maniérisme

En 1517, de retour à Strasbourg qu'il ne quitte plus jusqu'à sa mort, les recherches artistiques de Baldung prennent une nouvelle orientation. Déjà, Le Déluge (Bamberg) de 1516 montre la dualité de son tempérament qui s'exprime dans une composition très animée, avec des couleurs dissonantes.

Baldung peint de plus en plus des thèmes allégoriques et mythologiques où son imagination exaltée et violente se donne libre cours. Les Sorcières (Francfort) de 1523 en sont un exemple impressionnant. Il avait déjà traité le même sujet dans des dessins et des gravures, œuvres pleines de diabolisme et de sensualité, influencées par la superstition du siècle de la Réforme.

<it>Sorcières</it>, H. Baldung Grien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Sorcières, H. Baldung Grien

<it>Les Trois Sorcières</it>, H. Baldung Grien - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Les Trois Sorcières, H. Baldung Grien

Il travaillait de plus en plus pour des particuliers. Les thèmes d'histoire ancienne ou de mythologie, Pyrame et Thisbé (Berlin, 1530), Hercule et Antée (Breslau, 1530), Mucius Scaevola (Dresde, 1531), se distinguent par la liberté de la composition, la véhémence et la finesse du coloris.

Une collection riche en dessins et gravures, pleine d'allusions cachées et d'énigmes allégoriques, révèle l'ampleur de son inspiration et son intérêt pour les problèmes intellectuels et les théories spirituelles. De telles œuvres marquent le passage de la Renaissance au maniérisme.

Cet esprit maniériste s'accentue dans les tableaux des vingt dernières années passées à Strasbourg. Cette nouvelle conception d'un style « artificiel » se fait jour dans des compositions exaltées. Il donne aux figures des attitudes compliquées, et il abandonne le canon classique des proportions du corps humain appris chez Albrecht Dürer. L'intérêt de Baldung Grien se tourne de plus en plus vers les problèmes plastiques. Par ces tendances, quelques-unes de ses œuvres sont proches de celles de Cranach l'Ancien. Or, de cette orientation ne découle pas un appauvrissement de l'art de Baldung, mais plutôt une nouvelle concentration intense de l'expression.

Le maniérisme est également visible dans ses tableaux religieux. Dans ses Vierge à l'Enfant (Nuremberg, Berlin, Strasbourg) on remarque l'influence de Jan Gossaert (1487 env.-1536 env.) ainsi qu'un attachement à la peinture gothique du xve siècle. Ces tableaux de piété (Andachtsbilder) comptent parmi les plus beaux de l'artiste.

Toute sa vie, Baldung a peint des portraits dont l'un des chefs-d'œuvre est celui du comte Christophe de Bade (Munich), exécuté en 1515. Dans ce genre, Baldung se distingue de Dürer qui représente ses modèles en les détaillant rigoureusement. Son attention se concentre davantage sur le caractère du personnage. Dans les portraits de ses dernières années, dont le type de buste reste toujours à peu près le même, il s'intéresse moins à l'illusion naturelle qu'à une conception plus abstraite traduisant l'état d'âme du modèle.

— Thomas Wolfgang GAEHTGENS

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Classification

Pour citer cet article

Thomas Wolfgang GAEHTGENS. BALDUNG GRIEN HANS (1484 env.-1545) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Chevalier, la Jeune Fille et la Mort</it>, H. Baldung Grien - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Le Chevalier, la Jeune Fille et la Mort, H. Baldung Grien

<it>Portrait d'homme jeune</it>, H. Baldung Grien - crédits :  Bridgeman Images

Portrait d'homme jeune, H. Baldung Grien

<it>Ève</it>, H. Baldung Grien - crédits :  Bridgeman Images

Ève, H. Baldung Grien

Autres références

  • FANTASTIQUE

    • Écrit par Roger CAILLOIS, Éric DUFOUR, Jean-Claude ROMER
    • 21 027 mots
    • 17 médias
    ...religieuse, de Niccolo Dell Abbate et de Jacques Bellange notamment, où le sujet se trouve comme contredit par la manière de le traiter, les sorcières de Baldung Grien, qui sont simples femmes nues, quoique tordues par d'étranges soubresauts, démunies au demeurant des accessoires rituels, sauf de la cassolette...
  • HOLBEIN LES

    • Écrit par Pierre VAISSE
    • 2 607 mots
    • 4 médias
    ...Diptyque du Christ et de la Vierge de douleurs (vers 1521, musée de Bâle) où il dresse un décor imaginaire créant un espace tendu et mouvementé, il se rapproche plus de Baldung, et même d'Altdorfer que des Italiens. Peut-être doit-il également à Baldung ses effets d'éclairages nocturnes, ainsi que...
  • PHYSIOGNOMONIE

    • Écrit par Anne-Marie LECOQ
    • 8 002 mots
    • 1 média
    ...ait représenté les quatre tempéraments dans les Quatre Saints de la Pinacothèque de Munich, comme le voulait Erwin Panofsky. En revanche, le Saturne de Hans Baldung Grien (dessin à l'Albertina) présente tous les traits du mélancolique saturnien, que l'on retrouve parfois dans des portraits d'intellectuels...

Voir aussi