GYMNOSPERMES
Classification et phylogénie
Contrairement aux Angiospermes, il n’existe actuellement pas de consensus ni sur les relations de parenté (phylogénie) des Gymnospermes, ni sur leur classification. La question des relations entre les grands groupes de Gymnospermes alimente en effet l’un des débats les plus animés en phylogénie des plantes. Pour comprendre cette polémique, il faut savoir qu’une hypothèse a longtemps prévalu, soutenue par les données morphologiques : l’idée que les Gnetales et les Angiospermes pourraient former un groupe monophylétique partageant plusieurs caractères uniques. Il s’agit de l’hypothèse des Anthophytes. Cependant, dès la fin des années 1990, presque toutes les analyses de données moléculaires (séquences d’ADN) ont contredit cette hypothèse. Une grande partie de ces analyses a notamment suggéré que les Gnetales seraient en fait le groupe-frère de la famille des Pinaceae au sein-même des Conifères. Il s’agit de l’hypothèse des « gnepines » (terme anglais informel résultant de la contraction de Gnetales et Pinaceae).
La phylogénie proposée ici résulte de diverses analyses moléculaires (dont la dernière a été publiée en 2014) reposant sur plus de 800 gènes. Il ne s’agit pourtant pas d’un consensus puisque d’autres études continuent d’aboutir à des résultats différents. Pour résumer cet arbre phylogénétique, on peut signaler trois faits importants :
- les Gymnospermes actuelles sont vraisemblablement monophylétiques et groupe-frère des Angiospermes. Le groupe monophylétique formé des Gymnospermes actuelles est désormais appelé Acrogymnospermes pour les distinguer de l’ensemble des Gymnospermes, actuelles et fossiles, qui continuent de former un groupe paraphylétique ;
- les Cycadales et les Ginkgoales sont sans doute deux groupes-frères, mais cela reste loin d’être certain ;
- les Gnetales sont probablement des Conifères spécialisés et sont vraisemblablement groupe frère des Pinaceae. Quelle que soit la position exacte des Gnetales, le reste des Conifères (sans les Pinaceae) forme un groupe monophylétique très bien soutenu désormais appelé Cupressophytes (en latin Cupressophyta).
Il faut donc désormais considérer que les Gymnospermes actuelles sont formées de cinq grands groupes : Ginkgoales, Cycadales, Pinaceae, Gnetales et Cupressophytes. Il est probable que, si ce schéma se stabilise, la majorité des botanistes acceptera rapidement une conception élargie des Conifères (en latin Coniferae), comprenant les Gnetales en plus des Pinaceae et Cupressophytes (ces deux derniers groupes formant les Conifères traditionnels au sens strict). Si les relations entre ces cinq groupes restent problématiques, en revanche les relations (et la classification) au sein de chacun d’entre eux sont désormais bien connues et stabilisées. Parmi les changements par rapport aux classifications traditionnelles, on peut noter que le genre Phyllocladus (anciennement famille des Phyllocladaceae) est désormais intégré aux Podocarpaceae, le genre Cephalotaxus (anciennement Cephalotaxaceae) aux Taxaceae, et l’ancienne famille des Taxodiaceae (notamment séquoias et cyprès chauves) aux Cupressaceae.
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Écrit par
- Sophie NADOT : professeure au Laboratoire écologie, systématique, évolution de l'université Paris-Sud
- Hervé SAUQUET : maître de conférences à l'université Paris-Sud, professeur au Laboratoire écologie, systématique, évolution de l'université Paris-Sud
Classification
Pour citer cet article
Sophie NADOT, Hervé SAUQUET, « GYMNOSPERMES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

Phylogénie des Gymnospermes actuelles (Acrogymnospermes)
Encyclopædia Universalis France
Phylogénie des Gymnospermes actuelles (Acrogymnospermes)
Cette proposition de classification des Gymnospermes résulte d’analyses moléculaires effectuées dans…
Encyclopædia Universalis France
Autres références
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ANGIOSPERMES
- Écrit par Sophie NADOT, Hervé SAUQUET
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[...]la monophylie des Angiospermes, que l’on tienne compte ou non du registre fossile. De même, la théorie plus récente des Anthophytes, selon laquelle les Gnetales [Gnétales] (petit groupe de Gymnospermes) seraient le groupe frère actuel (vivant) des Angiospermes et partageraient avec elles des structures[...] -
ARAUCARIALES
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Les arbres appartenant à l'ordre des Araucariales sont des Gymnospermes de grande taille qui se répartissent en deux genres : Araucaria et Agathis (syn. : Dammara). À l'état naturel, on les rencontre presque exclusivement dans l'hémisphère austral.
On trouve, réunis dans[...]
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BOIS
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Les bois de conifères, comme ceux de toutes lesgymnospermes, sont constitués par des cellules verticales à ponctuations aréolées, appelées trachéides. On retrouve de tels éléments cellulaires effilés et ponctués dans de nombreuses espèces d'angiospermes dicotylédones (ex. : chêne),[...] -
CORDAITOPHYTES
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Les caractères anatomiques, histologiques et biologiques des Cordaites sont intermédiaires entre ceux des « fougères à graines » ( Ptéridospermaphytes) et ceux des Gymnospermes.
Ces plantes, qui vivaient à la fin de l'ère primaire, étaient des végétaux arborescents à bois bien[...]
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CUPRESSALES
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Les Cupressales définies par Emberger (1960) comportent deux familles de Gymnospermes, les Taxodiacées, comme le cyprès-chauve (Taxodium), et les Cupressacées, par exemple le cyprès et le genévrier.
Elles ne possèdent pas de caractères majeurs qui leur soient propres et aucun document fossile[...]
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Voir aussi
- POLLINISATION
- FÉCONDATION
- OOSPHÈRE
- PINACÉES ou ABIÉTACÉES
- VÉGÉTALE BIOLOGIE
- CYCADALES
- BIOLOGIE MOLÉCULAIRE
- WELWITSCHIA
- PTÉRIDOSPERMÉES
- GINKGO ou GINKYO
- ÉTAMINE
- PISTIL ou GYNÉCÉE, botanique
- OVULE
- GAMÉTOPHYTE
- DIOÏQUES
- PHYLOGÉNIE ou PHYLOGENÈSE
- CONIFÈRES
- XYLÈME
- ANTHÉROZOÏDES
- CÔNE, botanique
- PALÉOBOTANIQUE
- BRACTÉE
- VÉGÉTAL RÈGNE