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KAHN GUSTAVE (1859-1936)

Le critique d'art et poète Gustave Kahn, ami de Jules Laforgue et disciple de Mallarmé, eut un rôle important au sein du mouvement symboliste. Après des études de lettres et d'histoire à la Sorbonne et à l'École des chartes, il effectue son service militaire en Tunisie ; on retrouvera souvent dans son œuvre le décor et l'atmosphère de l'Orient.

À partir de 1886, il dirige La Vogue, où sont publiés des manifestes et des productions symbolistes. Lui-même, dans la préface de ses Palais nomades (1887), prône la théorie du vers libre dont la double ambition est de permettre des recherches musicales plus complexes et, d'autre part, d'« écrire son rythme propre et individuel au lieu d'endosser un uniforme taillé d'avance et qui [...] réduit à n'être que l'élève de tel glorieux prédécesseur ». Ce recueil poétique ainsi que les suivants : Chansons d'amant (1891), La Pluie et le Beau Temps (1895), Limbes de lumière (1895), Le Livre d'images (1897), témoignent d'une langue originale au service d'une poésie fluide, ondoyante et coloriée ; termes rares, néologismes, périphrases, alliances de mots, métaphores personnelles juxtaposent concret et abstrait (état d'âme et décor).

À partir de 1893, il s'oriente vers le journalisme et la critique d'art : il écrit des biographies telles que Boucher (1905), Rodin (1906), Fragonard (1907), Fantin-Latour (1926), faisant la part belle aux hommes de sa propre école avec Symbolistes et Décadents (1902), Silhouettes littéraires (1925), Les Origines du symbolisme (1939).

Gustave Kahn a aussi écrit des romans résolument modernistes (L'Adultère sentimental, Les Petites Âmes pressées, etc.) et a cultivé le genre mixte : La Pépinière du Luxembourg (poésie-théâtre), Le Conte de l'or et du silence (poésie-roman). Les plus originales parmi ses dernières œuvres sont des contes à sujet juif ou oriental : Contes juifs (1926), Vieil Orient, Orient neuf (1928), Terre d'Israël (1933), ayant leur source dans la vague de persécutions antisémites qui affectèrent très péniblement l'écrivain.

— France CANH-GRUYER

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Pour citer cet article

France CANH-GRUYER. KAHN GUSTAVE (1859-1936) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LAFORGUE JULES (1860-1887)

    • Écrit par Gérard PRÉVOT
    • 982 mots
    ...baccalauréat, et, tandis que sa famille rejoint Tarbes, se livre à d'humbles travaux de copie pour Charles Ephrussi, directeur de la Gazette des beaux-arts. Il se lie d'amitié avec Charles Cros, Maurice Rollinat et Paul Bourget. Il collabore à quelques petites revues et correspond avec Gustave Kahn.
  • SYMBOLISME - Littérature

    • Écrit par Pierre CITTI
    • 11 859 mots
    • 4 médias
    ...des autres. Laforgue peut être tenu pour le poète décadent par excellence parce qu'il est mort en 1887 – et le directeur du Symboliste, en 1886, son ami Gustave Kahn publie son œuvre posthume. À l'exception d'Anatole Baju, objet de condescendance générale, qui en 1888 ressuscite Le Décadent...
  • VERS LIBRE

    • Écrit par Jacques JOUET
    • 681 mots

    Bien avant d'être nommément « vers libre », le vers français s'est souvent autorisé la variabilité métrique. Il s'agissait des « vers irréguliers », ceux dont parle La Fontaine dans un Avertissement à ses premiers contes : « L'auteur a voulu éprouver lequel...

Voir aussi