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LAFORGUE JULES (1860-1887)

Quatre vers extraits des « Locutions des Pierrots » dans L'Imitation de Notre-Dame la Lune peuvent s'entendre comme une simple fantaisie mineure à l'accent personnel ou comme le reflet de l'inquiétude moderne :

Ah ! oui, devenir légendaire, Au seuil des siècles charlatans ! Mais où sont les Lunes d'antan ? Et que Dieu n'est-il à refaire !

Tout Laforgue est dans cette double démarche et dans ce double écho. Son génie est d'avoir, dans le temps étroit qui lui fut imparti, mené à bien la tâche étrange de composer une œuvre sous laquelle n'apparaît d'abord que le masque, mais de l'avoir composée avec assez d'âme pour qu'apparaisse un visage posthume que l'on découvre peu à peu.

Devenir légendaire

Jules Laforgue naît à Montevideo. À six ans, il entre au lycée de Tarbes, à quatorze ans au lycée Fontanes (aujourd'hui Condorcet), à Paris. Il échoue au baccalauréat, et, tandis que sa famille rejoint Tarbes, se livre à d'humbles travaux de copie pour Charles Ephrussi, directeur de la Gazette des beaux-arts. Il se lie d'amitié avec Charles Cros, Maurice Rollinat et Paul Bourget. Il collabore à quelques petites revues et correspond avec Gustave Kahn.

En décembre 1881, Laforgue obtient un poste de lecteur auprès de l'impératrice Augusta, grand-mère du futur Guillaume II. Il séjourne donc à Berlin, accompagnant l'impératrice à Bade, à Coblence et à Elseneur. (C'est dans cette dernière ville, selon toute vraisemblance, qu'il conçut son « Hamlet », ce conte des Moralités légendaires qui sera son autoportrait.) Atteint par la tuberculose, il quitte Berlin en septembre 1886. Peu auparavant, il a rencontré une jeune Anglaise, Leah Lee, qu'il épouse le 31 décembre 1886. Le couple s'installe à Paris. Mais déjà le poète, miné par la maladie, doit limiter son travail à quelques collaborations, entre autres à La Vogue de Gustave Kahn et à la Revue indépendante d' Édouard Dujardin. Laforgue meurt à Paris l'année suivante, dans le dénuement le plus complet ; Leah Lee, qui avait contracté son mal, ne lui survécut que quelques mois.

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Pour citer cet article

Gérard PRÉVOT. LAFORGUE JULES (1860-1887) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • IMPRESSIONNISME

    • Écrit par Jean CASSOU
    • 9 484 mots
    • 32 médias
    Cette philosophie prendra une singulière résonnance enfin dans l'âme du poète Jules Laforgue qui mourra en 1887 et dont les notes posthumes de critique d'art portent principalement sur l'impressionnisme. Chacun des grands mouvements esthétiques du xixe siècle et du début du xxe en France...
  • SYMBOLISME - Littérature

    • Écrit par Pierre CITTI
    • 11 859 mots
    • 4 médias
    Sans Jules Laforgue (1860-1887), le plus original de tous, on ne peut comprendre ni Le Grand Meaulnes ni Jean Cocteau. Le ton de dérision angoissée, la voix qui déraille sont uniques. L'un des « inventeurs » du vers libre, merveilleux poète, toujours déconcertant, et le plus émouvant de...

Voir aussi