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INTERRÈGNE GRAND (1250-1273)

Quand, en 1250, disparaît l'empereur germanique Frédéric II de Hohenstaufen, il laisse deux fils, Manfred et Conrad, pour hériter de l'Empire et de son royaume sicilien. Le pouvoir des Hohenstaufen sort amoindri de la lutte qu'ils ont soutenue contre la papauté : Guillaume de Hollande est proclamé anti-roi (1248) et, en Sicile, Charles d'Anjou sera couronné roi par le pape en 1266. Conrad IV meurt en 1254, alors que son fils a deux ans, et les luttes intestines déchirent l'Allemagne où il n'existe plus aucun pouvoir central. En 1257, les électeurs divisés désignent les uns un beau-frère de Frédéric II, Richard de Cornouailles, frère de Henri III d'Angleterre, les autres Alphonse X de Castille, dont le grand-père était Philippe de Souabe. Chacun des deux vise l'Italie en se faisant élire roi de Germanie. Le premier est lié à la papauté, le second aux gibelins, le parti impérial en Italie, mais le pape n'accepte aucun d'eux. Les Anglais renoncent à conquérir la Sicile, où le frère du roi de France, Charles d'Anjou, reprend les prétentions de Richard de Cornouailles. Celui-ci meurt en 1272, après avoir pu se maintenir quelques mois dans la basse vallée du Rhin où le soutenait l'archevêque de Cologne. Le pape Grégoire X propose alors aux électeurs le roi de Bohême Ottokar II Przemysl, qui a reconstitué à son profit une partie de l'ancien duché de Bavière avec l'Autriche, la Styrie, la Carinthie et la Carniole, la principauté d'Aquilée, et qui a agrandi ses États de Bohême. Philippe III, roi de France fait aussi acte de candidature ainsi que le duc de Bavière, Louis de Wittelsbach. Comme le dernier héritier de Frédéric II, Conradin, fils de Conrad IV, est mort décapité en 1268 sur l'ordre de Charles d'Anjou, le parti gibelin n'a plus de candidat. Cependant, les électeurs préfèrent un seigneur de la haute vallée du Rhin connu pour ses qualités militaires et son sens de l'organisation : Rodolphe de Habsbourg, âgé de cinquante-cinq ans, qui est élu roi de Germanie et couronné à Aix-la-Chapelle en 1273.

Le Grand Interrègne a permis aux princes et aux villes allemandes de devenir pratiquement indépendants par rapport au pouvoir central, qui s'efface complètement, et de s'organiser entre eux. Au xive siècle, les empereurs, et en particulier Charles IV, entérineront cet état de fait (Bulle d'or de 1356).

— Anne BEN KHEMIS

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis

Classification

Pour citer cet article

Anne BEN KHEMIS. INTERRÈGNE GRAND (1250-1273) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale

    • Écrit par Pierre-Roger GAUSSIN
    • 14 136 mots
    • 7 médias
    ...derniers Hohenstaufen, ni leurs compétiteurs comme Guillaume de Hollande ne purent s'imposer, et les Allemands profitèrent de l'absence de pouvoir royal pour continuer à se désorganiser. L'interrègne, ouvert en 1250, se termina en faveur du chef de la maison de Habsbourg, Rodolphe Ier (1273).
  • HABSBOURG

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 2 295 mots
    • 2 médias
    ...II de Hohenstaufen ne négligea pas leur appui. Mais le véritable fondateur de la dynastie fut Rodolphe, qui fut élu roi des Romains en 1273, après le Grand Interrègne consécutif à la disparition des Hohenstaufen. Leur richesse était alors suffisante pour leur assurer une base territoriale solide, mais...
  • SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

    • Écrit par Marcel PACAUT
    • 3 818 mots
    • 5 médias
    Pendant le Grand Interrègne (1250-1273), la papauté s'obstina à empêcher l'accès au pouvoir des descendants des Staufen. Après cette période de vingt-trois années, les princes promus à la dignité impériale prirent conscience, malgré les ambitions irréalistes de certains d'entre eux, notamment Henri...
  • SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 464 mots

    962 Otton Ier, vainqueur des Hongrois en 955, reçoit du pape Jean XII la couronne impériale à Rome (2 février).

    972 Mariage de Théophano de Byzance et du futur Otton II (973-983), fils d'Otton Ier.

    1024 Mort d'Henri II (1002-1024). Succession difficile de Conrad II le Salique (1024-1039),...

Voir aussi