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VICENTE GIL (1465 env.-env. 1537)

Comparé à Aristophane, surnommé le « Plaute portugais », qualifié de « Shakespeare immature », Vicente, dont l'œuvre fut écrite tantôt en espagnol, tantôt en portugais, est avec Torres Naharro le plus grand dramaturge de la Renaissance dans la péninsule Ibérique. La pureté et l'intensité de son lyrisme, la vivacité de son esprit satirique, son art de l'allégorie et du symbole, tels sont les aspects principaux de son génie. Lope de Vega et Calderón ne dédaignèrent pas, à l'occasion, de s'inspirer de lui. Il est à l'origine de la comedia espagnole autant que de l'histoire moderne du théâtre portugais. Comme écrivain dramatique, affirmait Menéndez y Pelayo, « nul ne fut plus grand, dans l'Europe de son temps, que Gil Vicente ». Plus récemment, un critique français, P. Teyssier, affirmait : « L'univers vicentin est à la fois prosaïque et lyrique, réel et mystique, terrestre et surnaturel, déchu par le péché et sauvé par la grâce. Les deux mondes s'y unissent en un harmonieux équilibre qui fait de ce théâtre un cas unique en son genre, un phénomène exceptionnel, destiné à rester sans lendemain. »

Un poète de cour

On ignore la date (entre 1465 et 1470) autant que le lieu de la naissance de Gil Vicente (Guimarais, Barcelos ou, plus probablement, Lisbonne). Son identité même a été discutée : l'écrivain et le célèbre orfèvre de même nom de l'époque du style manuélin ne font-ils qu'un ? Il semble bien que oui. Vicente, qui fut tout à la fois musicien, acteur et directeur de troupe, vécut dans les milieux de la cour du Portugal. Sa première œuvre fut représentée en présence de la reine Marie, à l'occasion de la naissance du futur roi Jean III. C'est au palais royal, pour les fêtes de dom Manuel et de Jean III, ou chez de grands seigneurs que furent jouées la plupart de ses pièces. La mort du poète eut lieu à Evora, sans doute après 1536. L'édition princeps de ses œuvres fut publiée à Lisbonne en 1562 par les soins de ses enfants, Luis et Paula. La seconde édition (1587) fut expurgée par le Saint-Office. De ses quarante-quatre pièces, onze sont écrites en castillan, quinze en portugais, et les autres dans un mélange de portugais et d'espagnol.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. VICENTE GIL (1465 env.-env. 1537) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LAZARILLO DE TORMES (1553/54)

    • Écrit par Marcel BATAILLON
    • 2 078 mots
    ...valet d'aveugle. Quant à l'écuyer maître du triste logis, ses comportements et propos typiques dessinent une variété historiquement connue de pauvres hidalgos ; non l'ensemble des hommes d'épée, mais une variété déjà typifiée et moquée dans les historiettes et les comédies ( Gil Vicente, 1470-1536).
  • PORTUGAL

    • Écrit par Roger BISMUT, Cristina CLIMACO, Michel DRAIN, Universalis, José-Augusto FRANÇA, Michel LABAN, Jorge MORAÏS-BARBOSA, Eduardo PRADO COELHO
    • 39 954 mots
    • 24 médias
    ...petites farces, des jeux et des autos (drames religieux), tous anonymes, des momos (ou pantomimes) sans dialogues. Le véritable créateur du théâtre est Gil Vicente, qui exprime dans ses œuvres les préoccupations de son temps. Il aura nombre de disciples et de continuateurs : António Prestes, Jerónimo Ribeiro,...

Voir aussi