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PEREC GEORGES (1936-1982)

« Je n'ai pas de souvenirs d'enfance... »

Georges Perec est né à Paris le 7 mars 1936, de parents juifs polonais émigrés une dizaine d'années auparavant. Très jeune, il devint orphelin : son père fut tué au front en juin 1940, et sa mère, déportée en 1943, mourut dans un camp inconnu, peut-être Auschwitz. De l'automne 1942 jusqu'à la fin de la guerre, Perec vécut chez des parents installés à Villard-de-Lans et à Lans-en-Vercors, où l'avait fait venir sa tante paternelle. Adopté par cette tante, il revient à Paris en 1945. Puis, ayant terminé ses études secondaires au collège d'Étampes, en 1954, il s'inscrit à la Sorbonne comme étudiant en lettres ; mais il ne suit ses études que de façon épisodique. Après son service militaire (1958-1959), il gagne sa vie en faisant des enquêtes psycho-sociologiques, puis reprend ses études pendant un séjour de plus d'un an en Tunisie. Revenu à Paris en 1962, il devient documentaliste en neurophysiologie au CNRS, poste qu'il occupe jusqu'en 1979, lorsqu'à la suite du succès de La Vie mode d'emploiil décide de se consacrer entièrement à ses activités d'écrivain.

Très tôt, Perec fut animé par le désir d'écrire. Dès 1955, il rédigea des notes pour la Nouvelle NRF et des critiques pour Les Lettres nouvelles. À partir de 1960, il publia plusieurs articles sur la littérature, notamment dans Partisans. Sa carrière de romancier a débuté en 1965 avec Les Choses, ouvrage salué à sa parution comme un chef-d'œuvre et couronné par le prix Renaudot. Désormais, il allait produire une suite de livres encore plus impressionnants par leur variété que par leur nombre : des romans (Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, 1966 ; Un homme qui dort, 1967 ; La Disparition, 1969 ; La Vie mode d'emploi, 1978 ; Un cabinet d'amateur, 1979) ; des recueils de poésie (Ulcérations, 1974 ; Alphabets, 1976 ; La Clôture, 1980) ; du théâtre, notamment L'Augmentation (créée en 1970) et La Poche parmentier (1974) ; un essai, Espèces d'espaces (1974) ; des livres plus ou moins autobiographiques (La Boutique obscure, 1973 ; W ou le Souvenir d'enfance, 1975 ; Je me souviens, 1978). En outre, il eut, à partir de 1974, une grande activité de cinéaste (Un homme qui dort, adapté de son roman et tourné en collaboration avec Bernard Queysanne, s'est vu accorder le prix Jean Vigo en 1974). En 1976, l'hebdomadaire Le Point lui confia sa chronique de mots croisés. Paru à tirage limité, le dernier texte édité de son vivant est un poème, L'Éternité.

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Écrit par

  • : professeur émérite de littérature française, université Lyon-II
  • : visiting lecturer, Columbia University, New York, membre de l'Ouvroir de littérature potentielle

Classification

Pour citer cet article

Claude BURGELIN et Harry MATHEWS. PEREC GEORGES (1936-1982) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Georges Perec - crédits : Louis Monier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Georges Perec

Autres références

  • LES CHOSES, Georges Perec - Fiche de lecture

    • Écrit par Guy BELZANE
    • 1 031 mots
    • 1 média

    Paru chez Julliard en septembre 1965, Les Choses, premier livre publié de Georges Perec (1936-1982), couronné par le prix Renaudot, connut un grand succès et valut à son auteur une notoriété immédiate. Ce court récit, sous-titré « Une histoire des années soixante », séduisit par la précision quasi...

  • GEORGES PEREC (C. Burgelin) - Fiche de lecture

    • Écrit par Norbert CZARNY
    • 1 284 mots

    La biographie de Georges Perec par Claude Burgelin (Gallimard, 2023) est d’abord le livre d’un ami. Tous deux se sont rencontrés en 1959. Perec, drôle et malicieux, avait gardé son esprit d’enfance. Il lisait de manière éclectique, d’Alexandre Dumas à Thomas Mann en passant par Gustave Flaubert. Il...

  • LA VIE MODE D'EMPLOI, Georges Perec - Fiche de lecture

    • Écrit par Philippe DULAC
    • 1 282 mots
    • 1 média

    Georges Perec (1936-1982), écrivain-cascadeur, est, on le sait, le champion des exploits d'écriture les plus fous. Que ce soit en bâtissant tout un récit malgré la perte de la lettre e (La Disparition, 1969) ou en établissant des inventaires vertigineux de rêves (La Boutique obscure, 1973)...

  • W OU LE SOUVENIR D'ENFANCE, Georges Perec - Fiche de lecture

    • Écrit par Guy BELZANE
    • 1 424 mots

    W ou Le souvenir d'enfanceest un livre de Georges Perec (1936-1982) publié en 1975. L'auteur y fait alterner deux récits apparemment sans rapport : l'un autobiographique – l'évocation de ses parents et le souvenir de son enfance sous l'Occupation – ; l'autre purement fictionnel...

  • HOUELLEBECQ MICHEL (1958- )

    • Écrit par Gilles QUINSAT
    • 1 379 mots
    • 1 média
    ...n'est sans doute pas un hasard si Extension du domaine de la lutte, le premier roman de Michel Houellebecq, est paru chez Maurice Nadeau, l'éditeur des Choses de Georges Perec (1965). Dans ce roman de la société de consommation, l'idéal d'une vie harmonieuse se trouvait projeté à travers le prisme...
  • SHOAH LITTÉRATURE DE LA

    • Écrit par Rachel ERTEL
    • 12 469 mots
    • 15 médias
    Donner parole à cette « mémoire amnésique » suppose une métaphorisation nouvelle, des formes inédites d'écriture. Le « E » perdu de La Disparition (1969) de Georges Perec, W, ou le Souvenir d'enfance (1975), qui est dédié à cette lettre disparue et qui mêle une mémoire scindée au récit...
  • LEURS ENFANTS APRÈS EUX (N. Mathieu) - Fiche de lecture

    • Écrit par Norbert CZARNY
    • 1 047 mots
    L’ironie parfois acerbe de Nicolas Mathieu rappelle celle d’un Houellebecq, voire celle du Perec des Choses. Les trois écrivains ont en commun le goût et le sens du détail concret, souvent liés à l’univers de la consommation, au monde des objets. Les marques, les publicités de l’époque, les émissions...
  • LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE

    • Écrit par Dominique RABATÉ
    • 7 278 mots
    • 13 médias
    ...mesure, tout le siècle littéraire va entrer dans cette grande réécriture proustienne, en aggravant le risque de l’oubli ou d’une coupure avec le passé : chez Georges Perec (1936-1982), c’est « l’Histoire avec sa grande hache » qui a tranché les liens de l’enfant avec son père, tué au front en 1940, et avec...
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Voir aussi