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ROMERO GEORGE ANDREWS (1940-2017)

<it>La Nuit des morts-vivants</it>, de George A. Romero, 1968, affiche - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Nuit des morts-vivants, de George A. Romero, 1968, affiche

En travaillant sur les codes de « l'horreur contemporaine » générée par la perte d'identité de l'homme face, entre autres, aux mutations sociales et génétiques, George A. Romero a bâti un univers à la fois réaliste, métaphorique et respectueux du « genre fantastique », à une époque où ce dernier est miné par la parodie. Il a aussi renouvelé le sous-ensemble de films de zombies à travers une tétralogie qui s'étend de 1968 à 2005 (La Nuit des morts-vivants, 1968 ; Zombie, 1978 ; Le Jour des morts-vivants, 1985 ; Le Territoire des morts, 2005). Si cette prestigieuse saga fait d'emblée de Romero un grand maître de la défiguration plastique qui pourvoie le cinéma fantastique d'une iconographie inédite, c'est la réflexion sur le devenir de l'humanité qui préoccupe l'auteur tant face à la société mercantile (Knightriders, 1981) que devant les progrès de la biologie (Incidents de parcours, 1988), ou en présence des forces déstabilisatrices de l'art, The DarkHalf (La Part des ténèbres, 1993).

Fils d'un graphiste new-yorkais spécialisé dans la création d'affiches, George A. Romero naît le 4 février 1940 à New York, dans le Bronx, d'où il part très tôt pour gagner Pittsburgh (Pennsylvanie) où il vit et réalise la plupart de ses films. Cinéphile et amateur de bandes dessinées, il réalise des courts-métrages en 8 millimètres, fait des études de peinture et tourne, dès 1961, des films publicitaires et des reportages avec un groupe d'amis.

Réinventer le film d’horreur

<em>La Nuit des morts-vivants</em>, de G. Romero - crédits : The Kobal Collection/ Aurimages

La Nuit des morts-vivants, de G. Romero

En 1967, Romero souhaite passer au long-métrage de fiction. Il crée alors la société Image Ten et se lance dans l'aventure avec des collègues et une importante figuration à laquelle ont pris part des citoyens de Pittsburgh. Pour son opera prima, La Nuit des morts-vivants, le cinéaste s'inspire du roman de Richard MathesonJe suis une légende (1954), du cinéma direct qu'il a déjà mis en chantier dans ses reportages et de l'imagerie novatrice du curieux Carnival of Souls, unique film d'Harold « Herk » Harvey (1962). Tourné en noir et blanc pour une somme modique, La Nuit des morts-vivants devient un succès planétaire et marque une date dans l'histoire du cinéma. Ce film ne possède aucune des afféteries propres au cinéma d'horreur de l'époque, volontiers gothique et baroque. Jusque-là, le film de zombies (de WhiteZombie de Victor Halperin, 1932, à L'Invasion des morts-vivants de John Gilling, 1966, en passant par Vaudou de Jacques Tourneur, 1943) relevait du fantastique pur et montrait des êtres retenus entre la vie et la mort par des tyrans ayant recours, dans ce dessein, au vaudou. Avec La Nuit des morts-vivants, il devient une branche de la science-fiction, ce qui lui permet de jouer sur un registre à la fois plus social et plus contemporain (les zombies ont muté, suite à des radiations venues de l'espace).

De fait, La Nuit des morts-vivants s'inscrit dans une problématique de revendications nées de la contre-culture propre aux années 1960 : les zombies sont les exclus. Ils ont pris la place des anciens Indiens puis des pauvres Blancs (rednecks) qui vivent à la périphérie des grandes cités, et leur transformation en véritable « classe sociale » sera très nette dans Le Territoire des morts. Ce reliquat d'humanité sacrifiée revient demander des comptes à la société américaine (rappelons que les États-Unis connaissent diverses crises pendant cette période : émeutes dans les ghettos noirs, guerre du Vietnam). Pour Zombie (1978), véritable opéra visuel, Romero s'attache les services du chef maquilleur Tom Savini et, pour la version européenne, la meilleure, la complicité de Dario Argento au montage. Pour cette variante de l'œuvre, le groupe de rock progressif italien Goblin, proche de l'auteur de Suspiria, dote[...]

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Pour citer cet article

Raphaël BASSAN. ROMERO GEORGE ANDREWS (1940-2017) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Nuit des morts-vivants</it>, de George A. Romero, 1968, affiche - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Nuit des morts-vivants, de George A. Romero, 1968, affiche

<em>La Nuit des morts-vivants</em>, de G. Romero - crédits : The Kobal Collection/ Aurimages

La Nuit des morts-vivants, de G. Romero

Autres références

  • LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, film de George A. Romero

    • Écrit par Michel CHION
    • 1 252 mots
    • 2 médias

    Premier film à petit budget d'un réalisateur inconnu – George A. Romero alors âgé de vingt-huit ans –, La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead) acquiert lentement, et dans le monde entier, la réputation d'un sommet du film d'horreur, devenant un film-culte souvent cité aux...

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