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GÉOMORPHOLOGIE

La géomorphologie (« géo », la terre, « morpho », la forme, et « logie » formé du grec logos, que l'on peut traduire ici par loi ou science) est une discipline scientifique dont l'objet est de nommer et de mesurer les formes du relief, mais aussi d’expliquer leur genèse et de prévoir leur évolution. La complexité de cette discipline, et ce qui en fait aussi son originalité, est liée à cette triple démarche puisqu'elle emprunte à de nombreuses autres sciences. Cela revient, dans certains cas, à interpréter les conditions d'élaboration de paysages anciens tandis que, dans d'autres cas, il s'agit de prédire et de mesurer la dynamique d'un processus en cours comme le glissement de tout un versant de montagne.

La forme et sa genèse

À l'aide de cartes et d'instruments topographiques, comme le GPS, ou avec des modèles numériques de terrain, le géomorphologue mesure les volumes, les pentes, les surfaces, leur orientation, et définit ainsi des plaines, des vallées, des plateaux, des montagnes, mais aussi des unités plus petites, comme une paroi, une cuvette, un replat, la densité des chenaux d'une rivière...

Paysage dans le Mâconnais - crédits : P. Pech

Paysage dans le Mâconnais

Ce travail de nomenclature des formes est complété par l'interprétation de leur mode de mise en place, ce qu'on appelle leur morphogenèse. La genèse des formes relève de nombreux facteurs ; traditionnellement, on oppose la géomorphologie structurale, qui s'attache à interpréter les formes structurales en relation avec le bâti géologique (Peulvast et Vanney, 2001 et 2002), à la géomorphologie climatique ou dynamique (Valadas, 2004), qui consiste à identifier les modelés disséqués ou accumulés par des processus morphodynamiques conditionnés par des agents externes : l'eau (solide ou liquide), la température, les agents biogènes, les sociétés humaines, etc.

Une même forme topographique peut donc avoir plusieurs origines. Prenons le cas d'une colline. Disposée en avant d'un relief de cuesta, elle peut être une butte témoin constituée d'un empilement de roches sédimentaires coiffé d'un niveau plus résistant. Elle peut aussi correspondre à un relief d'érosion différentielle lié à une faille ou bien à un relief résiduel dans un granite plus résistant, comme dans la baie de Rio de Janeiro, ou encore à un cône volcanique, voire à une dune, etc. De plus, depuis l'ère industrielle, certaines collines artificielles (haldes ou terrils) sont apparues dans les paysages miniers ; elles se sont formées par l'accumulation de débris ou de résidus de l'activité minière et font l'objet d'études géomorphologiques car des mouvements de terrain peuvent s’y produire et représentent de ce fait une menace pour les populations voisines.

Vallée de la Durance au nord de Guillestre - crédits : P. Pech

Vallée de la Durance au nord de Guillestre

La forme du relief dépend du mode de mise en place et de la nature du substrat (le socle), mais sa genèse peut varier. Une vallée est un relief en creux, allongé, bordé par des versants. Si elle est occupée par un cours d'eau, on parle de vallée alluviale. Toutefois, il existe des types de vallées totalement à sec, comme la vallée de la mort, dans l'ouest des États-Unis. La vallée peut aussi être d'origine tectonique, par exemple celle où a été édifiée la ville de Santiago du Chili, entre les deux cordillères andines, centrale et côtière. Dans le cas de la vallée de la Durance, dans les Alpes, elle est située à l'emplacement d'une faille qui a été exploitée par le surcreusement glaciaire. Assez souvent, les vallées ont des formes composites où l’on reconnaît l’action de plusieurs agents morphogéniques. Les vallées alluviales représentent un cas complexe et, pour le grand public et même pour les aménageurs, la confusion est telle que, dans de nombreuses plaines occupées par les grands cours d'eau, il est difficile de savoir en quoi consiste réellement la vallée. S'agit-il seulement[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé de géographie, professeur des Universités, enseignant-chercheur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Pierre PECH. GÉOMORPHOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Paysage dans le Mâconnais - crédits : P. Pech

Paysage dans le Mâconnais

Vallée de la Durance au nord de Guillestre - crédits : P. Pech

Vallée de la Durance au nord de Guillestre

Crête de Chabreyrel dans le vallon du Couleau, parc national des Écrins - crédits : P. Pech

Crête de Chabreyrel dans le vallon du Couleau, parc national des Écrins

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias

    Le vent et les eaux de ruissellements ou d'écoulements divers, y compris solides (glaces), sont susceptibles de développer des actions d'ablation, de transport et de dépôt, en chaque point de leurs trajectoires, selon le bilan qui s'établit entre l'énergie dont ils disposent et leur charge. Ce type...

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations marines

    • Écrit par Jean-Pierre PINOT
    • 7 916 mots
    • 26 médias

    Les accumulations marines résultent soit de la sédimentation, soit de la construction biologique (cf. récifs).

    La sédimentation est l'abandon de matériaux meubles en cours de transport. L'agent de transport, s'il s’exerce de manière temporaire, donne lieu à des accumulations...

  • ALPES

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Bernard DEBARBIEUX, Paul OZENDA, Thomas SCHEURER
    • 13 214 mots
    • 11 médias
    Les Alpes sont marquées par les effets des importantes fluctuations glaciaires qui sont intervenues depuis 2 millions d’années, jusqu’à la fin de la dernière ère glaciaire (Würm), il y a environ 10 000 ans. De grandes parties des Alpes se trouvaient alors périodiquement sous une épaisse couche de glace,...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    Malgré sa complexité, le continent nord-américain présente un nombre réduit de grands éléments morpho-structuraux : le bouclier canadien, la plate-forme nord-américaine, les chaînes de montagnes ourlant les bordures continentales.
  • Afficher les 38 références

Voir aussi