GAZ DE SCHISTE

Le gaz de schiste, « fausse nouvelle » ressource énergétique, est convoité dans de nombreux pays. Il est déjà exploité aux États-Unis – où sa production connaît, depuis le début des années 2000, un essor considérable – et au Canada. Le recours à cette source d'énergie est en partie lié à l'amélioration des techniques d'extraction et au prix de plus en plus élevé des hydrocarbures. En Europe, la prospection ne fait que commencer. Si ce gaz de schiste suscite beaucoup d'intérêt de la part de certains États et compagnies privées, il fait également l'objet de vifs débats, notamment en France. Pourquoi un tel engouement et de telles critiques pour cette énergie dite non conventionnelle et quelles sont les problématiques qu'elle entraîne ?

Le gaz de schiste : un hydrocarbure non conventionnel

À partir du xix^e siècle, le monde occidental a fondé son mode de vie sur une énergie bon marché et abondante : le carbone fossile sous forme de charbon, pétrole et gaz. Avec l'accroissement de la population mondiale, l'augmentation du niveau de vie et de l'activité économique des pays émergents, et la hausse de la dépense énergétique des pays développés, de plus en plus d'utilisateurs puisent de plus en plus dans les réserves limitées de ces énergies fossiles, d'où un souci d'approvisionnement pour les générations futures. À cela s'ajoutent d'autres questions telles que l'indépendance énergétique, le réchauffement climatique... Face à ces inquiétudes, deux attitudes sont possibles. La première consiste à réduire (ou à ne pas augmenter) sa consommation d'énergies fossiles en réalisant des économies d'énergie et en développant les énergies renouvelables. La seconde est de continuer ou de généraliser le même mode de vie en trouvant de nouvelles énergies fossiles qui permettront de reculer l'échéance de la pénurie. Une fuite en avant qui néglige le climat et l'environnement ! Parmi les énergies fossiles potentielles peu ou pas encore exploitées se trouve le gaz de schiste.

Chimiquement, rien ne permet de distinguer le gaz conventionnel du gaz de schiste. Ce sont tous les deux un mélange d'hydrocarbures constitué essentiellement de méthane. Le gaz conventionnel est contenu dans les pores ou les fractures d'une roche perméable, d'où il peut être extrait par des forages classiques. Le gaz de schiste est quant à lui enfermé dans une roche imperméable, soit par piégeage dans des micropores ne communiquant pas entre eux, soit par adsorption. Les roches contenant ce gaz de schiste sont principalement des argiles et des marnes noires (shale en anglais, improprement traduit par schiste). Cette imperméabilité empêche l'extraction de ce gaz par de simples forages. C'est pourquoi ce gaz fait partie des hydrocarbures dits non conventionnels. Les progrès techniques permettent désormais d'en extraire une fraction notable, malgré l'imperméabilité de la roche.