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GANGE

Un rôle capital

Actuellement, le Gange sert surtout à l'irrigation, grâce aux barrages de dérivation construits sur le fleuve, principalement à la sortie de l'Himalaya. L'eau est ainsi dérivée dans un canal arrosant la surface du cône de piémont, qui domine le fleuve. Ces canaux sont en général pérennes : ils permettent d'irriguer toute l'année ; ils ont cependant beaucoup moins d'eau en hiver qu'en été, et il faut souvent limiter la superficie irriguée. Cet inconvénient vient de ce que les barrages, construits au xixe siècle, relèvent le plan d'eau sans créer de réserve véritable. La construction de barrages-réservoirs permettrait de régulariser l'irrigation et de produire du courant électrique. Elle est envisagée, mais elle présente de nombreuses difficultés techniques à cause de la puissance des cours d'eau. Les canaux qui existent pour le moment se trouvent sur le cours supérieur, car même les barrages de dérivation étaient difficiles à construire dans la plaine où le fleuve atteint toute sa puissance. La principale région irriguée est celle du Doab.

Le barrage de Farakka, à l'entrée du delta, a été construit pour ramener de l'eau vers le « delta mort ». Cette dérivation d'une partie du débit du fleuve vers le territoire indien a entraîné des protestations du Bangladesh. L'énorme potentiel hydro-électrique du Gange n'est pas encore mis en valeur. En ce qui concerne la navigation, le fleuve a joué un rôle important dans le passé. Il était sillonné de très nombreuses embarcations, les country boats, et beaucoup de villes riveraines lui doivent leur importance initiale. Au xixe siècle, un service régulier reliait Calcutta à des villes aussi éloignées en amont que Kānpur ou Āgra (sur la Jamuna). Mais la construction des chemins de fer provoqua rapidement le déclin de la batellerie. De plus, les prélèvements qu'entraînait l'irrigation, devaient diminuer le débit du fleuve et réduire sa navigabilité. On songe cependant de nos jours à développer les transports fluviaux pour soulager un réseau ferroviaire surchargé.

Le Gange revêt pour 350 millions d'hindous une signification religieuse particulière. La légende rapporte au livre IX du Bhāgavata Purāna la descente du fleuve sacré.

« Au temps jadis, le Gange ne coulait encore que dans le ciel. Le roi Bhagīratha se livra à des mortifications inouïes pour obtenir que les eaux sacrées vinssent féconder la Terre ; mais, comme leur masse, en tombant, eût occasionné un nouveau déluge, Çiva, dans sa miséricorde, consentit à recevoir les eaux sur sa tête ; pendant mille ans, elles tourbillonnèrent dans les tresses de ses cheveux, avant de sourdre par sept sources aux flancs de l'Himalaya » (René Grousset).

Pour tout hindou, il est hors de doute que le Gange possède des vertus curatives, diététiques et purificatrices. Cela explique que les eaux du fleuve qui servent aux ablutions rituelles soient aussi le réceptacle des cendres des morts. Tout au long de son cours, des villes se sont établies, lieux de pèlerinage parmi les plus saints de l'Inde : Hardwar, où le fleuve quitte l'Himalaya, Allāhābād, où ses eaux se joignent à celles de la Jamuna, enfin Varanasi (Bénarès).

— François DURAND-DASTÈS

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François DURAND-DASTÈS. GANGE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Bénarès, centre de pèlerinage - crédits : Frank Bienewald/ LightRocket/ Getty Images

Bénarès, centre de pèlerinage

Autres références

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