Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GAND

La lutte pour l’autonomie

Principale ville de la Flandre dès le xiie siècle, Gand prit, en 1127, une part active à la lutte contre les assassins du comte Charles le Bon. Elle se révolta en 1128 contre le successeur de celui-ci, Guillaume Cliton, imposé à la Flandre par le roi de France Louis VI le Gros, et contribua puissamment à lui substituer son propre candidat, Thierry d’Alsace (1128-1168). Dans la suite, elle combattit la politique de centralisation tant des comtes de la maison d’Alsace que de ceux de la maison de Dampierre.

Gand, soumise aux patriciens alliés du roi de France, ne participa pas à la victoire remportée à Courtrai par les communiers flamands sur l’armée de Philippe le Bel (1302). Mais cette rencontre mit fin au régime oligarchique des Trente-Neuf. L’aristocratie dut céder une large part du pouvoir au « commun ». Désormais, les artisans de la draperie (parfois les foulons, mais le plus souvent les tisserands) et ceux des « petits métiers » (au nombre de cinquante-trois) eurent accès aux bancs des échevins. Gand prit bientôt la tête des mouvements populaires. Au début de la guerre de Cent Ans, sous Jacques van Artevelde, la position que prit la ville, qui entendait garder son accès aux importations de laine, incita la Flandre à se ranger aux côtés de l’Angleterre. Elle résista, de 1379 à 1385, à Louis de Male et à Philippe le Hardi, son gendre, qui a fait passer la Flandre dans l’apanage des ducs de Bourgogne ; elle se révolta contre Philippe le Bon de 1451 à 1453, et contre Maximilien d’Autriche de 1484 à 1492. Charles Quint (né lui-même dans la ville en 1500) réprima une dernière rébellion en 1540. Les masses furent à nouveau exclues du magistrat. L’empereur fit construire une forteresse à l’emplacement de l’abbaye Saint-Bavon. La communauté monastique, récemment transformée en chapitre, fut transférée à l’église Saint-Jean, qui fut élevée au rang de cathédrale en 1559, lors de l’érection des nouveaux évêchés des Pays-Bas voulue par Philippe II.

Gand, qui du xiiie au xvie siècle, a tenté fermement de résister à l’absolutisme de ses princes, participa à la révolte des Pays-Bas sous Philippe II. C’est à son hôtel de ville que fut signée la pacification de Gand en 1576, acte destiné à assurer l’unité d’action des provinces. Mais Gand se constitua en république calviniste et adhéra à l’union d’Utrecht (1579) ; cependant, en 1584, elle fut contrainte de se soumettre aux Espagnols. Cette issue de la lutte provoqua le départ de milliers d’habitants vers les Pays-Bas du nord. Vers 1600, la ville ne comptait plus que quelque 30 000 âmes. Le règne des archiducs Albert et Isabelle, de 1598 à 1621, donna lieu à un renouveau relatif. Vers 1690, la population atteignait 50 000 habitants environ. La prospérité matérielle, partiellement retrouvée, s’accompagnait d’un certain éclat des beaux-arts, particulièrement grâce au mécénat de l’évêque Antoine Triest (1621-1657). Néanmoins, comme ailleurs dans les villes flamandes, la bourgeoisie avait été fortement marquée par les guerres de religion et l’émigration des élites protestantes. La Flandre des xviie, xviiie et xixe siècles va dès lors présenter l’image d’une région densément peuplée, à l’agriculture intensive basée sur le travail acharné de ses paysans, mais pauvre, avec un textile linier à domicile qui supplée au sous-emploi, mais qui entre lui-même en crise profonde au milieu du xixe siècle, quand il subit la concurrence du textile industriel, anglais et national.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite de l'université de Gand
  • : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie

Classification

Pour citer cet article

Hans VAN WERVEKE et Christian VANDERMOTTEN. GAND [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Port maritime de Gand, Belgique - crédits : Arterra/ Universal Images Group/ Getty Images

Port maritime de Gand, Belgique

Gand, Belgique - crédits : K. Victor/ Shutterstock

Gand, Belgique

La Lys à Gand, Belgique - crédits : Borisb17/ Shutterstock

La Lys à Gand, Belgique

Autres références

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    L'extension des villes flamandes et brabançonnes fut considérable. Entre le xie et le xive siècle, Gand passa de 80 à 644 hectares, Bruges de 70 à 430 hectares et Louvain de 60 à 410 hectares. Gand, la plus grande ville des Pays-Bas, comptait 60 000 habitants à la fin du xive siècle....
  • FLANDRE ORIENTALE

    • Écrit par Christian VANDERMOTTEN
    • 434 mots
    • 1 média

    La province belge de Flandre orientale (Oost-Vlaanderen en néerlandais) a pour chef-lieu Gand (Gent) et compte cinq autres arrondissements (Saint-Nicolas, Termonde, Alost, Audenarde et Eeklo). Elle a une superficie de 2 982 kilomètres carrés et compte 1 560 000 habitants en 2023. Elle constitua, durant...

  • HUGO VAN DER GOES. ENTRE DOULEUR ET BÉATITUDE (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 105 mots
    • 1 média

    La réunion exceptionnelle d’œuvres de Van der Goes à la Gemäldegalerie de Berlin (31 mars-16 juillet 2023), entourée de témoignages du milieu artistique dans lequel sa formation s’est déroulée – d’œuvres parfois lointaines géographiquement, de Holbein l’Ancien au Maître de Moulins, qui portent l’influence...

  • HUYSSENS PIETER (1577-1637)

    • Écrit par Jean-Jacques DUTHOY
    • 320 mots

    Jésuite qui a été l'un des plus brillants constructeurs de son ordre à une époque où celui-ci élevait en Belgique les plus belles églises baroques. Pieter Huyssens participe à la construction de Saint-Charles-Borromée à Anvers (1615-1621), sans que l'on puisse déterminer exactement...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi