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ROSENZWEIG FRANZ (1886-1929)

Théologien et philosophe juif allemand né le 25 décembre 1886 à Cassel, élevé dans une famille fortement assimilée, Franz Rosenzweig, après une « tentation chrétienne », entreprit d'affranchir la pensée juive de la philosophie et, avec Martin Buber et Leo Baeck, ouvrit des voies neuves à la pensée juive contemporaine. Entre 1905 et 1913, à la suite d'études de droit et de philosophie (sa thèse porte sur « Hegel et l’État »), il subit l'influence de l'historien Frédéric Meinecke puis d’Eugen Rosenstock-Huessy, juif converti au protestantisme. Peu satisfait du rationalisme hégélien, il songe à adopter le christianisme ; un office de Kippur auquel il assiste dans une synagogue berlinoise l'en détourne. Entre 1913 et 1921, il subit l'influence d'Hermann Cohen et entre en relation avec Martin Buber. Sous l'uniforme, durant la Première Guerre mondiale, il écrit son œuvre maîtresse L'Étoile de la rédemption (Der Stern der Erlösung, 1921). Il crée à Francfort-sur-le-Main une académie d'études juives pour adultes (freiesjüdischesLehrhaus), où enseignent les meilleurs savants juifs allemands. Paralysé les huit dernières années de sa vie, il parvient à poursuivre une œuvre féconde (traduction des poèmes de Juda Halévy, traduction de la Bible avec Martin Buber), à observer les préceptes pratiques du judaïsme ; un titre rabbinique lui est conféré. Il meurt à Francfort-sur-le-Main le 10 décembre 1929.

Face aux doctrines de la raison et de l'impersonnel, Rosenzweig s'attache à l'acquisition subjective, existentielle du vrai, souligne la relation de Dieu avec l'homme par la révélation envisagée comme un processus continu. L'amour de Dieu pour l'homme rend possible l'amour de l'homme pour son prochain, qui conduit à la rédemption du monde. Dans cette perspective, christianisme et judaïsme sont deux alliances valables : d'une part, « voie éternelle » offerte au monde païen, d'autre part « vie éternelle » accordée au peuple juif afin qu'il poursuive le Royaume de Dieu, hors du flot de l'histoire jusqu'à la Rédemption. L’Étoile de la rédemption a été traduite en français par Alexandre Derczanski et Jean-Louis Schlegel en 1982.

— Gérard NAHON

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Gérard NAHON. ROSENZWEIG FRANZ (1886-1929) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BUBER MARTIN (1878-1965)

    • Écrit par Dominique BOUREL
    • 1 689 mots
    À partir de 1925, il se lance dans l'extraordinaire traduction de la Bible, en commun avecFranz Rosenzweig jusqu'à la mort de ce dernier en 1929. Il s'agissait de faire réentendre l'hébreu dans un texte allemand différent de la traduction « canonique » réalisée par Luther quatre siècles plus tôt....
  • TÉMOINS DU FUTUR. PHILOSOPHIE ET MESSIANISME (P. Bouretz) - Fiche de lecture

    • Écrit par Sylvie COURTINE-DENAMY
    • 1 012 mots

    Pierre Bouretz nous offre un prolongement de la somme de Julius Guttmann (Histoire des philosophies juives. De l'époque biblique à Franz Rosenzweig, 1996) en regroupant neuf philosophes juifs, de culture allemande, nés entre 1842 et 1905, à l'aube d'un xxe siècle apocalyptique : Hermann...

  • TŌRAH

    • Écrit par Roland GOETSCHEL
    • 2 852 mots
    • 3 médias
    ...théologiens juifs contemporains – et pas seulement parmi les réformés ou les libéraux – se rallient aux positions exprimées dès les années 1930 par F.  Rosenzweig. La croyance en la sainteté de la Tōrah et en son caractère révélé ne préjuge en rien de l'importance qu'on doit accorder au processus de rédaction...

Voir aussi