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FRANCOPHONIE

Au-delà de sa définition première (l'ensemble des personnes qui utilisent régulièrement le français, qu'il soit langue maternelle, langue d'usage, langue d'enseignement ou langue choisie par désir personnel), la francophonie reste une notion malaisée à circonscrire. Apparu à la fin du xixe siècle, le terme n’a acquis son sens plein et entier que lorsque, quelques décennies plus tard, des francophones ont pris conscience de l’existence d’un espace linguistique partagé, qui allait se révéler propice aux échanges, que ce soit dans le domaine de l’éducation et de l’économie ou dans le champ politique. Un espace qui n’a cessé de s’ouvrir. Signe des temps, en 2006, le Festival de la francophonie en France a choisi, pour sa promotion, de se présenter comme celui des Francofffonies !, faisant éclater la francophonie par la multiplication des f à la place du ph de la tradition orthographique, soulignant sa pluralité par le s final, et affichant sa modernité par le point d'exclamation. La même année, le choix de Bucarest (Roumanie) pour la tenue du XIe Sommet des chefs d'État des pays ayant le français en partage manifestait l’élargissement de la francophonie, et sans doute une nouvelle inflexion de la diplomatie francophone.

Une langue sur la défensive

Léopold Sédar Senghor, 1949 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Léopold Sédar Senghor, 1949

On sait que le mot « francophonie », inventé une première fois en 1880 par le géographe Onésime Reclus, qui constatait l'expansion de la langue française dans le monde, parallèlement à l'expansion coloniale de la France, a été réinventé en 1962, au moment de la décolonisation, par quelques chefs d'État africains, dont Léopold Sédar Senghor et Habib Bourguiba, qui proposaient de rassembler les pays de langue française dans le cadre d'une nouvelle organisation intergouvernementale. Celle-ci s'est mise en place assez lentement, d'abord en marge des États : ainsi par la création dès 1961 de l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (A.U.P.E.L.F.). Ce n'est qu'en 1970 qu'est fondé, à la Conférence de Niamey, le premier organisme de coopération multilatérale entre pays francophones, sous le nom d'Agence de coopération culturelle et technique (A.C.C.T.). Enfin, en 1986 se tient à Paris le premier sommet des chefs d'État et de gouvernement ayant en commun l'usage du français, qui lance véritablement la francophonie institutionnelle. Les sommets suivants – à Québec (1987), Dakar (1989), Chaillot (1991), Maurice (1993), Cotonou (1995), Hanoï (1997), Moncton (1999), Beyrouth (2002), Ouagadougou (2004), Bucarest (2006), Québec à nouveau (2008), Montreux (2010), Kinshasa (2012), Dakar (2014) – ont vu augmenter le nombre des pays représentés.

L'A.C.C.T. est devenue en 1995 l'Agence de la francophonie, qui s'est elle-même transformée en Organisation internationale de la francophonie (O.I.F.). Celle-ci regroupe 54 États et gouvernements qui sont membres de plein droit, ainsi que 3 membres associés et 23 observateurs. L'installation du Ghana comme membre associé, du Mozambique et de l'Ukraine comme pays observateurs témoigne à tout le moins d'une crise de croissance : la francophonie instituée s'est largement étendue au-delà des frontières géolinguistiques du français.

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Pour citer cet article

Jean-Louis JOUBERT. FRANCOPHONIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Léopold Sédar Senghor, 1949 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Léopold Sédar Senghor, 1949

Alain Mabanckou - crédits : Sophie Bassouls/ Corbis Historical/ Getty Images

Alain Mabanckou

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
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