Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FONDAMENTALISME

« La loi de Dieu d'abord ». Par fondamentalisme, on désigne au sens large toutes les radicalités religieuses qui défendent une conception intransigeante de la religion, au risque d'une confrontation avec la société environnante. Comme le note Steve Bruce, si « la religion, prise trop au sérieux, constitue un régime trop riche pour la plupart des gens, elle n'en attire pas moins des zélotes » qui rejettent les compromis, les demi-mesures, et entendent vivre leur « enthousiasme religieux » jusqu'au bout. Les fondamentalistes, toutes confessions confondues, sont ces « zélotes modernes ».

Une réaction religieuse à la modernité

Une des caractéristiques générales du fondamentalisme est l'intolérance : la vérité est une, l'erreur multiple. La mise en avant de la notion d'autorité est partagée par tous les fondamentalismes. L'autorité normative, qu'elle soit placée dans une tradition, un leader, ou dans un texte, constitue un trait fédérateur pour tous les mouvements religieux radicaux.

Meeting du Jamaat-i-Islami au Pakistan, octobre 1998 - crédits : Tanveer Mughal/ AFP

Meeting du Jamaat-i-Islami au Pakistan, octobre 1998

Il en est de même de la contestation de la modernité, qui peut passer du stade de la critique sélective (fondamentalistes américains) au rejet global de ses présupposés (certains courants islamistes). Ainsi, l'idée d'une autonomie individuelle qui puisse se passer de la norme divine apparaît insupportable aux fondamentalistes qui, par ailleurs, se retrouvent également dans l'idée que la foi se traduit dans l'espace public et ne saurait donc se réduire à la sphère privée.

La violence, en revanche, ne représente pas un trait commun aux divers fondamentalismes. La violence religieuse n'est pas toujours fondamentaliste, et tous les fondamentalistes sont loin d'être violents.

Ces caractéristiques communes se comprennent à partir d'une toile de fond paradoxale, celle de la modernisation des sociétés. Le bon sens voudrait qu'on associe fondamentalisme religieux et archaïsme, tradition figée, conservatisme désuet. C'est pourtant inexact. Les fondamentalismes religieux renvoient, en réalité, à un symptôme de la modernisation des sociétés. Dans une société traditionnelle de type moniste où le religieux est totalement imbriqué dans la cité, le fondamentalisme n'a pas véritablement lieu d'être, en tous cas pas sous ses formes les plus agressives. C'est lorsque le processus de modernisation des sociétés commence à reléguer le religieux dans la sphère privée, lui contestant le droit de structurer l'ensemble de l'existence individuelle et de la vie sociale, que se dressent les fondamentalismes, qu'ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes, ou hindous.

Cette revendication fondamentaliste est loin de refuser tous les aspects de la modernité, preuve en est sa maîtrise parfaite d'Internet. Ce qu'elle dénonce, c'est l'éviction d'une norme transcendante (hétéronomie), le fondamentalisme affirmant que la « liberté des hommes » n'a de sens que si l'on admet la supériorité de la « loi de Dieu ».

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé d'histoire, chercheur au CNRS, laboratoire Groupe sociétés, religions, laïcités

Classification

Pour citer cet article

Sébastien FATH. FONDAMENTALISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Meeting du Jamaat-i-Islami au Pakistan, octobre 1998 - crédits : Tanveer Mughal/ AFP

Meeting du Jamaat-i-Islami au Pakistan, octobre 1998

Autres références

  • FONDAMENTALISME (psychologie)

    • Écrit par Vassilis SAROGLOU
    • 1 070 mots

    Le terme « fondamentalisme » désignait, au début du xxe siècle, le mouvement protestant américain qui prônait un retour antimoderniste à certains « fondamentaux » du christianisme : infaillibilité de la Bible, historicité des miracles, véracité littérale de dogmes chrétiens. Progressivement,...

  • ESCHATOLOGIE

    • Écrit par Michel HULIN
    • 6 366 mots
    • 1 média
    ...autres rivalisent d'enthousiasme et de prosélytisme. Au sein même du catholicisme et des différentes Églises réformées, des tendances traditionalistes ou «  fondamentalistes » s'affirment avec vigueur. En fait, aucune des grandes religions du monde – islam, hindouisme, bouddhisme, taoïsme même – n'est...
  • ÉVANGÉLIQUES (ÉGLISES)

    • Écrit par Jean-Louis KLEIN
    • 340 mots

    Le qualificatif « évangélique » est revendiqué par des Églises qui affirment par là garder, contrairement à celles dont elles sont issues, les Évangiles comme seule base ou norme de leur foi.

    Dans les pays germaniques, le mot recouvre l'adjectif français « protestant » et s'oppose à « catholique...

  • RELIGION - Sociologie religieuse

    • Écrit par Olivier BOBINEAU
    • 6 066 mots
    • 4 médias
    ...retour au texte » ou ce qui est représenté comme un âge d'or religieux. Ce type de démarche s'observe aussi bien dans le judaïsme, l'islam et l'hindouisme. Pour caractériser ces différents radicalismes religieux, on parle fréquemment de « fondamentalisme », par référence au mouvement né au sein des Églises...

Voir aussi