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ALBE FERNANDO ÁLVAREZ DE TOLEDO duc d' (1507-1582)

Appartenant à une illustre famille castillane, Fernando Álvarez de Toledo, duc d'Albe, se signale de bonne heure dans les expéditions de Charles Quint sur les champs de bataille d'Europe et d'Afrique : il participe à la bataille de Pavie en 1525, puis à la conquête de Tunis en 1535 et à l'expédition d'Alger contre les Turcs en 1541. La victoire de Mühlberg, qu'il remporte avec son souverain sur les protestants allemands de la ligue de Smalkalde commandés par le duc de Saxe (1547), marque le début de sa renommée en tant que chef militaire et champion de la lutte contre l'hérésie protestante.

Pourtant, avant de se rendre tristement célèbre par sa cruauté à l'égard des réformés des Pays-Bas, il exerce ses talents de diplomate et de stratège en Italie, au début du règne de Philippe II (1555) ; il y assume à la fois les charges de vice-roi de Naples, de gouverneur de Milan et de commandant en chef des troupes espagnoles en Italie, et se trouve d'abord affronté au pape Paul IV (1556) ; sur le conseil de son souverain, il tente des accommodements avec le Saint-Siège, pour empêcher ce dernier de sceller un pacte avec les Français. L'échec de ces négociations oblige le duc d'Albe à entrer en campagne ; après une trêve avec le chef de l'Église, il porte son armée contre les Français dans les Abruzzes en 1557.

Bientôt, il participe à l'administration des Pays-Bas aux côtés du gouverneur Granvelle, mais l'intransigeance de ce dernier provoque une première révolte des sujets de cette province ; Granvelle et le duc d'Albe sont rappelés à Madrid (1564), et la régente Marguerite de Parme, partisan de la modération, parvient à calmer provisoirement les esprits, mais le retour aux Pays-Bas du duc d'Albe avec de nouvelles troupes, puis l'arrestation des comtes d'Egmont et de Horn contre l'avis de la régente font renaître l'effervescence (1567). Marguerite de Parme préfère regagner l'Espagne et le duc d'Albe devient gouverneur des Pays-Bas (1568).

La tendance rigoriste triomphe avec lui : un édit impose aux réformés un délai d'un mois pour quitter le pays, édit que se chargent de faire exécuter l'Inquisition et le fameux tribunal intitulé Conseil des troubles (appelé par dérision Conseil du sang) ; aux jugements sommaires et exécutions ordonnés par le nouveau gouverneur s'ajoutent les excès de la soldatesque. Un premier soulèvement fomenté par le prince d'Orange est réprimé par le duc d'Albe (1568). Celui-ci impose de nouvelles taxes qui sont bientôt refusées par les provinces d'Utrecht et de Brabant ; la révolte de 1572, appuyée par les corsaires flamands, a pour conséquence le repli du duc d'Albe, qui abandonne aux insurgés les provinces du Nord. Le gouverneur est rappelé en Espagne en 1573. Une idylle et un mariage secret entre son fils et une dame de la cour reçoivent son approbation et entraînent sa disgrâce.

En 1580, Philippe II, qui convoite le Portugal, fait de nouveau appel au vieux général pour prendre la direction de son armée ; celui-ci accepte par patriotisme et conquiert Lisbonne par mer en mettant une fois de plus à profit son expérience de stratège. Après ce dernier fait d'armes, il meurt tranquillement dans la ville nouvellement acquise au roi d'Espagne (1582).

Ce personnage ambigu est surtout connu comme le sanguinaire gouverneur des Pays-Bas. Avant tout chef militaire dont la fidélité au roi d'Espagne n'a jamais failli, il était plus habile à l'organisation de mouvements de troupes qu'aux manœuvres politiques.

— Marie-France SCHMIDT

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Pour citer cet article

Marie-France SCHMIDT. ALBE FERNANDO ÁLVAREZ DE TOLEDO duc d' (1507-1582) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BELGIQUE - Histoire

    • Écrit par Guido PEETERS
    • 20 670 mots
    • 16 médias
    ...furent châtiés et, à l'automne de 1567, Marguerite contrôlait à nouveau calvinistes et petite noblesse. Cependant, à Madrid, le radicalisme du duc d' Albe l'avait emporté sur le parti de la prudence mené par De Mendoza. Philippe II voyait la voie libre : mettant à profit la répression contre les hérétiques,...
  • CONSEIL DES TROUBLES

    • Écrit par Pierre GOBERT
    • 422 mots

    En août 1567, le duc d'Albe fut envoyé aux Pays-Bas comme gouverneur espagnol à la tête d'une forte armée pour rétablir l'ordre troublé par une explosion de violences iconoclastes, dues à un nombre croissant de calvinistes. Partisan d'une répression féroce, il créa le Conseil des troubles...

  • GUEUX LES

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 949 mots
    • 1 média

    Né de l'opposition sociale, politique et religieuse à l'autorité de Philippe II dans les Flandres et les Pays-Bas du xvie siècle, le mouvement des « gueux » exprime à la fois le mécontentement populaire, responsable de la flambée d'iconoclasme, et les revendications des nobles...

  • HORNES ou HOORN PHILIPPE II DE MONTMORENCY-NIVELLE comte de (1524 env.-1568)

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 251 mots

    Fils de Joseph de Montmorency-Nivelle et d'Anne d'Egmont, le comte de Hornes, qui a hérité de son beau-père, le second mari de sa mère, le comté de Hornes et porte son nom, appartient à la riche noblesse des Pays-Bas, et il sert loyalement l'Espagne au cours de la majeure partie...

  • Afficher les 8 références

Voir aussi