ERGONOMIE
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Méthodologie de l’ergonomie
La définition de l’ergonomie proposée par l’I.E.A. plus haut permet de distinguer l’ergonomie comme « pratique » tournée vers une action immédiate relative à la situation étudiée , de l’ergonomie comme « discipline scientifique » tournée vers la compréhension et l’acquisition de connaissances utiles à l’action dans la situation étudiée et transposables aux situations similaires. Dans la pratique de l’ergonomie, le socle commun des praticiens et des chercheurs est l’analyse du travail réel. Il s’agit dans un premier temps de circonscrire le problème et dans un second temps d’évaluer si le problème exprimé n’en cache pas d’autres, éventuellement plus cruciaux. Pour l’ergonome praticien, cette première phase est aussi l’occasion de repérer les marges de manœuvre possibles, de négocier la participation la plus large possible des opérateurs à l’intervention et enfin de fixer la fréquence des comptes rendus de l’intervention, leurs formes et leurs destinataires. La deuxième phase est l’analyse du travail. Cette phase tient une place centrale dans l’ergonomie francophone. Deux distinctions sont fondamentales dans cette approche. La première est la distinction entre le « travail prescrit » et le « travail réel ». Le travail prescrit désigne ce que la hiérarchie affiche comme objectifs quantitatifs et qualificatifs à un poste donné, en précisant les procédures à utiliser et les normes à considérer. Le travail réel est le travail quotidien des opérateurs. Il est le résultat de ce qu’ils ont retenu des différentes prescriptions et objectifs et des aléas rencontrés dans l’environnement de travail (pannes, délais de livraison, absentéisme, etc.). La seconde distinction tout aussi fondamentale est la distinction entre tâche et activité, qui précise et complète la dichotomie entre travail prescrit et travail réel. Alors que l’analyse de la tâche a pour objectif de repérer le travail prescrit (objectifs, conditions d’exercice du travail, etc.), l’analyse de l’activité a pour objet de reconstituer les opérations physiques et mentales qui permettent à un opérateur de réaliser sa tâche. Cette reconstitution est rendue possible par l’observation des comportements (postures, gestes, prises d’information, communications, etc.), par l’analyse des traces de ces comportements, par les verbalisations que produit l’opérateur sur son activité, et enfin par les performances tant quantitatives que qualitatives du même opérateur.
Parmi les techniques d’analyse de l’activité, certaines bénéficient des progrès technologiques en instrumentation. C’est le cas, par exemple, de l’analyse des mouvements oculaires qui consiste à recueillir les fixations de la pupille sur différents points de la scène visuelle, ainsi que les saccades et le diamètre pupillaire. Les progrès de cette technologie se traduisent par la création et la mise au point d’un appareillage plus léger, nécessitant moins de temps pour l’étalonnage et autorisant de nouvelles mesures. D’autres techniques, telles que l’auto-confrontation d’un opérateur avec des traces de son activité (enregistrement vidéo par exemple), font l’objet d’analyse permettant de valider les conditions d’utilisation de l’outil. L’observation, technique centrale dans l’analyse du travail, s’est armée de dispositifs informatiques d’aide à l’observation qui ouvrent le champ à des analyses de résultats plus faciles et plus sophistiquées. Le recours à ces techniques est plus souvent le fait de chercheurs en ergonomie que de praticiens.
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 7 pages
Écrit par :
- Jean-Marie CELLIER : directeur d'études, École pratique des hautes études
Classification
Autres références
« ERGONOMIE » est également traité dans :
AUTOMOBILE - Conception
Dans le chapitre « Contraintes géométriques liées au client » : […] Une automobile est un espace confiné dans lequel le client accepte d'entrer pour se déplacer. L'architecte va donc installer le nombre de passagers prévu, dans le volume de confort correspondant au niveau demandé de prestations (par exemple, plus d'espace pour les passagers à l'arrière dans une voiture haut de gamme). Il va veiller à l'accessibilité pour monter ou descendre du véhicule, à la vis […] Lire la suite
COGNITIVES SCIENCES
Dans le chapitre « Communication homme-machine, ergonomie » : […] La communication entre l'homme et la machine, contrairement à la communication entre l'homme et l'homme, appelle des applications immédiates et certainement bénéfiques. En mettant au jour certains mécanismes à l'œuvre chez l'homme, les sciences cognitives permettent à la machine de s'adapter à l'homme, pour la première fois dans l'histoire de manière systématique. Dans le même temps, en inventan […] Lire la suite
COULOMB CHARLES AUGUSTIN (1736-1806)
Dans le chapitre « L'ingénieur » : […] Précédant ses recherches en physique, les travaux de Coulomb en tant qu'ingénieur l'avaient amené à publier des mémoires fondamentaux sur la résistance des matériaux (rupture de poutres et de pieux en maçonnerie), la mécanique des sols et la théorie des frottements. Il fut l'un des premiers à appliquer le calcul des variations à des problèmes pratiques. Dans un mémoire sur la flexion des poutres, […] Lire la suite
FATIGUE
Dans le chapitre « Les remèdes » : […] Les remèdes dépendent de la nature et des causes de la fatigue. Le repos permet une récupération complète. Le changement d'activité (musculaire ou nerveuse, professionnelle ou ludique...) est favorable : d'où l'importance des violons d'Ingres et des activités culturelles. Pour une activité donnée, la fatigue peut être évitée en diminuant le régime adopté ou en augmentant l'aptitude au travail par […] Lire la suite
RYTHMES BIOLOGIQUES ou BIORYTHMES
Dans le chapitre « Changements d'horaires de travail (travail posté ou en quarts) ; vols transméridiens » : […] La vie moderne peut exposer l'homme aux effets des manipulations de ses synchroniseurs ; c'est ce qui se passe dans le travail de nuit (avec repos et sommeil de jour) comportant une rotation des équipes. On dit encore travail posté, travail en quart, travail en équipes alternantes, etc. Ce type de contraintes horaires intéressait, en 1981, un million de travailleurs en France. Des estimations don […] Lire la suite
SONS - Bruit
Dans le chapitre « Les problèmes spécifiques au milieu industriel » : […] Du point de vue physiologique, lors de l'évaluation du déficit de l'audition dû au travail en milieu bruyant, plusieurs éléments cliniques doivent être pris en compte : – Le vieillissement : la presbyacousie qui est une diminution de l'acuité auditive due au vieillissement tient à des lésions dégénératives des cellules sensorielles partant de la base du limaçon – siège de la perception des sons a […] Lire la suite
Pour citer l’article
Jean-Marie CELLIER, « ERGONOMIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 22 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/ergonomie/