DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS
Diophante d'Alexandrie, vers les années 250 de notre ère, fut le premier à rechercher systématiquement les solutions en nombres entiers, ou rationnels, d'une équation ou d'un système d'équations polynomiales à coefficients entiers. Bien que ce ne soit qu'avec Fermat (1601-1665) que les méthodes utilisées pour résoudre ces équations prirent un aspect vraiment arithmétique, c'est-à-dire faisant pleinement intervenir la factorisation des nombres entiers, une longue tradition appelle équation diophantienne la donnée d'un système d'équations polynomiales à coefficients entiers :

Selon que l'on veut résoudre en nombre entiers ou rationnels, les méthodes et les résultats diffèrent souvent sensiblement.
Des méthodes générales existent pour résoudre un système d'équations du premier degré, ou encore une équation du second degré. On dispose encore de méthodes pour étudier une équation du troisième degré, mais déjà, là, les problèmes ouverts abondent. Quant aux équations de degré supérieur, il est significatif que beaucoup d'ouvrages consacrés aux équations diophantiennes n'apparaissent que comme une accumulation de résultats disparates.
De fait, il a maintenant été établi (J. Robinson, Yu. V. Matijasevic, 1970) que le dixième problème de Hilbert a une réponse négative : il n'existe pas d'algorithme universel permettant de décider si une équation diophantienne a une solution en nombre entiers.
On ne peut donc espérer obtenir des méthodes générales que pour des types particuliers de systèmes d'équations. Comment classifier ces « types » ? La façon la plus évidente est d'utiliser le degré des équations définissant le système. Cette classification est souvent trop grossière, mais peut être affinée grâce à la géométrie algébrique. Cette dernière permet d'obtenir des résultats généraux – parfois difficiles à traduire en termes d'équations concrètes. La géométrie algébrique nous donne aussi la mesure de notre ignorance : ainsi aucun changement de variables ne permet de ramener une équation du type :

Par extension, on appelle aussi équations diophantiennes des équations dans lesquelles les exposants figurent parmi les inconnues ; la plus fameuse équation de ce type est :


Dans cet article, l'ensemble des entiers naturels est désigné par N, l'anneau des entiers relatifs par Z, le corps des nombres rationnels par Q.
Le premier et le second degré
Le premier degré
L'équation :

Si c n'est pas divisible par le plus grand commun diviseur de a et b, il n'y a pas de solution entière ; on peut donc supposer a et b premiers entre eux et utiliser la résolution de au + bv = 1 ( Bezout), d'où x = u 0 c + kb, y = v 0 c − ka, avec u 0 et v 0 solution particulière de l'équation de Bezout et k entier relatif quelconque.
La solution (u 0, v 0) peut se trouver par essais successifs, si a et b ne sont pas trop grands ; sinon, on développe a/b en fraction continuée et, si a/b = p n /q n est la n-ième réduite, on prend la (n − 1)-ième qui, au signe près, donne u 0 = q n-1 et v 0 = − p n-1 . Par exemple, si 355 x + 113 y = 1, on a 355/113 = [3, 7, 16], d'où p n-1 /q n-1 = 22/7 et u 0 = − 7, v 0 = 22. Cela correspond aussi, si l'on veut, à l'application de l'algorithme[...]
Pour nos abonnés, l'article se compose de 6 pages
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Louis COLLIOT-THÉLÈNE : chargé de recherche au C.N.R.S.
- Marcel DAVID : professeur à la faculté des sciences de Reims
- E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Pour citer cet article
Jean-Louis COLLIOT-THÉLÈNE, Marcel DAVID, E.U., « DIOPHANTIENNES ÉQUATIONS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Média
Autres références
-
ARITHMÉTIQUES (Diophante)
- Écrit par Bernard PIRE
- 1 031 mots
Diophante d'Alexandrie, parfois appelé le « père de l'algèbre », est connu par son ouvrage les Arithmétiques, qui traite des solutions des équations algébriques. On ne sait pratiquement rien de sa vie et ses dates de naissance et de mort sont très controversées. Les [...]
-
BAKER ALAN (1939-2018)
- Écrit par Bernard PIRE
- 1 854 mots
Alan Baker, mathématicien britannique, lauréat de la médaille Fields en 1970 pour ses travaux en théorie des nombres, est né le 19 août 1939 à Londres. Il a fait ses études supérieures à l'University College de Londres puis au Trinity College de Cambridge où il soutient sa thèse de doctorat en[...]
-
CASSELS JOHN WILLIAM SCOTT (1922-2015)
- Écrit par Bernard PIRE
- 1 800 mots
Mathématicien britannique, spécialiste de la théorie des nombres. Né le 11 juillet 1922 à Durham, John William Scott Cassels est le fils du directeur de l'agriculture du comté de Durham dans le nord de l'Angleterre. Après des études secondaires et supérieures à Édimbourg (Écosse), il est admis[...]
-
CATALAN ÉQUATION DE
- Écrit par Maurice MIGNOTTE
- 2 803 mots
Dans une note publiée au Journal de Crelle en 1844, le Belge Eugène Catalan (1814-1894), alors répétiteur à l'École polytechnique, proposait l'énoncé suivant : « Il n'existe que deux nombres entiers consécutifs qui soient également des puissances parfaites, et ces deux nombres sont 8 et 9 ». L'expression[...]
-
DÉMONSTRATION DU GRAND THÉORÈME DE FERMAT (A. J. Wiles)
- Écrit par Bernard PIRE
- 1 061 mots
- 1 média
Dans un article intitulé « Courbes elliptiques modulaires et dernier théorème de Fermat », Andrew John Wiles (né en 1953) donne la première démonstration intégrale du grand théorème de Fermat. En 1630, Pierre de Fermat avait affirmé que l'équation x n + y n = [...]
- Afficher les 16 références