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ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES (notions de base)

Beaucoup de phénomènes peuvent être décrits par une fonction. Par exemple, le déplacement d’un mobile dans l’espace peut être défini par une fonction f(xyz) où les coordonnées x, y et z correspondent à tous les points de l’espace occupés par le mobile traçant ainsi sa trajectoire. La dérivée (opération mathématique) de cette fonction f a une signification concrète : elle donne la vitesse du mobile ; si on dérive encore le résultat obtenu pour la vitesse, on connaît alors l’accélération du mobile. Les dérivées sont donc des outils mathématiques utiles dans la quantification de ce que nous observons tous les jours. Imaginons maintenant que le déplacement de ce mobile dépende aussi de la température ambiante (T) et, pourquoi pas, de la vitesse du vent (V). Pour bien connaître le comportement du mobile dans l’espace compte tenu des conditions ambiantes, on effectue des dérivées sur les coordonnées, sur T et sur V. Ces dérivées sont appelées dérivées partielles. Il peut être intéressant dans certains processus de s’attacher aux relations qui peuvent apparaître entre les dérivées partielles; on obtient alors des équations aux dérivées partielles (EDP), car la fonction contient plusieurs variables.

On distingue les E.D.P. linéaires, comme l’exemple décrit précédemment, et celles non linéaires. Les premières décrivent de très nombreux problèmes issus des sciences physiques (physique quantique, électromagnétisme, conductivité thermique), de la mécanique (mécanique des fluides, mécanique du solide, élasticité), de la chimie (mécanismes de réaction-diffusion) ou encore de la biologie (dynamique des populations) et de la finance (actifs financiers, ou pricing d'actifs). Un seul exemple : l’équation dite des télégraphistes, car elle est toujours utilisée dans les systèmes de communications. Elle résulte de la mise en équation de la valeur de la tension électrique (U) dans un matériau en fonction du temps (t) et de la distance (x). On imagine bien les déperditions des communications téléphoniques par lignes électriques à une certaine époque. La mise en équation (en relation) des dérivées partielles de cette fonction sous la forme

2U2t- αUt- 2U2x=0, α étant une constante,

a résolu bien des problèmes dans ce domaine.

L’équation citée ci-dessus est relativement simple dans la mesure où il s’agit d’une E.D.P. linéaire, c’est-à-dire que les relations entre les dérivées partielles sont linéaires : soit on les additionne, soit on les multiplie par un nombre ou bien par une fonction indépendante de la solution cherchée. Dans bien des cas, on rencontre des EDP non linéaires, c’est-à-dire que la relation entre les dérivées partielles est non linéaire. Par exemple, elle fait intervenir le carré d’une dérivée ou bien on multiplie par une fonction qui dépend elle-même de la solution. Parmi elles, on peut citer l’équation iconale (ou eikonocale) en optique, qui permet de déterminer les trajectoires des rayons lumineux dans un milieu, l’équation de Burgers en mécanique des fluides, qui décrit l’évolution d’un déplacement au sein d’un fluide, et, bien sûr, les célèbres équations de Navier-Stokes de la mécanique des fluides. Ces dernières sont loin d’avoir livré tous leurs secrets et le Clay Mathematics Institute offre un million de dollars à qui fait avancer leur difficile théorie. La plupart du temps, on ne sait pas résoudre de manière exacte les EDP non linéaires et on en est réduit à calculer des approximations, souvent à l’aide de l’informatique (solution approximative ou statistique) ; pourtant leur résolution est cruciale tant du point de vue théorique que pour leurs multiples applications industrielles, comme la supraconductivité qui permet de faire léviter certains trains à grande vitesse ou d’accélérer des particules grâce à des aimants supraconducteurs. C’est pour leurs recherches dans ce domaine[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES (notions de base) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Portrait de Louis Nirenberg - crédits : N. Seelam/ Afp Photo

Portrait de Louis Nirenberg

John Nash - crédits : Visual China Group/ Getty Images

John Nash

Autres références

  • ANALYSE MATHÉMATIQUE

    • Écrit par Jean DIEUDONNÉ
    • 8 527 mots
    ...problèmes de mécanique, d'astronomie ou de physique. Au cours du xviiie siècle, les développements des applications des mathématiques à la physique avaient introduit des équations auxdérivées partielles, qui apparaissent aussi par ailleurs dans les problèmes de la naissante théorie des surfaces.
  • CAFFARELLI LUIS (1948- )

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 1 254 mots
    • 1 média

    Le mathématicien argentino-américain Luis Caffarelli a reçu le prix Abel – l'équivalent du prix Nobel pour les mathématiques – en 2023, pour « ses contributions essentielles à la théorie des régularités des équations aux dérivées partielles non linéaires ».

  • CALCUL INFINITÉSIMAL - Histoire

    • Écrit par René TATON
    • 11 465 mots
    • 3 médias
    En 1747, à l'occasion d'une étude sur le problème des vents, d'Alembert introduisit et étudia des équations d'un type nouveau, les équations aux dérivées partielles, faisant intervenir simultanément les dérivées partielles d'une même fonction par rapport à différentes variables. Le fait que la plupart...
  • CAUCHY AUGUSTIN-LOUIS (1789-1857)

    • Écrit par Jean DIEUDONNÉ
    • 1 402 mots
    ...pures et appliquées. Si son œuvre en astronomie et en optique est secondaire, il est un des fondateurs de la théorie mathématique de l'élasticité. En analyse, il introduit la notion fondamentale de caractéristique dans la théorie des équations aux dérivées partielles du premier ordre, et il avait...
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Voir aussi