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ÉLÉAZAR DE WORMS (1163-1235)

Une des figures dominantes du judaïsme allemand au Moyen Âge, Éléazar, né à Mayence, étudie dans les grandes académies talmudiques de France et de la vallée du Rhin. Il appartient à la grande famille des Kalonymides. Son père, Judah ben Kalonymos, lui enseigne la halakah et la théologie ésotérique ; mais, concernant cette dernière, ce fut Judah ben Samuel le Hassid (le Pieux), la plus grande figure du hassidisme rhénan, qui l'initia plus avant. Éléazar fut personnellement victime du déchaînement des croisés contre les communautés juives rhénanes, et sa femme ainsi que ses enfants y trouvèrent la mort.

Son œuvre s'étend à tous les domaines : halakah, poésie liturgique (pyutim), éthique, théologie, exégèse. Son grand ouvrage halachique, Sefer ha roheeh (éd. princeps, Ferrare, 1505), se situe dans la tradition des tossaphistes du nord de la France et de l'Allemagne et il inclut beaucoup de coutumes (minhagim). Le premier chapitre du livre expose les valeurs éthiques fondamentales du hassidisme (amour et crainte, humilité) ; le second décrit les voies du repentir.

L'œuvre fondamentale d'Éléazar est le Sodé aazayya (Secrets des secrets), dont quatre parties ont été publiées, le reste n'existant qu'en manuscrit. La première partie porte sur l'œuvre de la création et s'intitule « Sod Ma aseh Bereshit » (Le Mystère de l'œuvre du commencement) ; Éléazar y a utilisé des matériaux fournis par l'ancienne littérature des Heyhalot. La deuxième partie, « Sod ha merkabah » (Mystère du char), porte sur le monde angélique, le char divin, le trône divin, la Gloire visible et la prophétologie. La troisième partie, « Sefer ha shem » (Le Livre du nom), est consacrée à l'exégèse des noms divins. La quatrième, « Hohmah ha Nefesh » (Science de l'âme), est un traité de psychologie et d'eschatologie de l'âme. La cinquième et dernière partie est un commentaire de Sefer Yeṣira qui contient des instructions détaillées pour la fabrication du Golem.

Éléazar rédigea un autre traité théologique important intitulé Sefer ha hohmah (Livre de la science). Il composa encore des dizaines d'œuvres ainsi que d'imposants commentaires sur les prières. Après sa mort, la légende s'empara de lui et nombre d'idées et d'ouvrages lui furent attribués de manière pseudépigraphique.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

Classification

Pour citer cet article

Roland GOETSCHEL. ÉLÉAZAR DE WORMS (1163-1235) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JUDA DE RATISBONNE dit JUDA LE PIEUX (1150-1217)

    • Écrit par Roland GOETSCHEL
    • 400 mots

    Le maître le plus éminent du mouvement piétiste rhénan. Juda vécut quelque temps à Spire, mais passa la plus grande partie de sa vie à Ratisbonne. En dehors des légendes colportées à son sujet, on ne connaît que peu de détails sur son existence. Ce silence est volontaire : Rabbi Juda ou Juda le...

  • KABBALE

    • Écrit par François SECRET, Gabrielle SED-RAJNA
    • 7 223 mots
    ...qui ont créé le mouvement sont Samuel, fils de Kalonymos (milieu du xiie s.), son fils Juda le Ḥassid (mort en 1217), et le disciple de ce dernier, Éléazar de Worms (mort env. 1230). Les écrits de Samuel ont été en partie conservés ; ceux de Juda sont connus seulement sous la forme transmise par...

Voir aussi