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PAOLOZZI EDUARDO (1924-2005)

C'est en lord – il fut fait Her Majesty's Sculptor in Ordinary for Scotland à soixante-deux ans – qu'a disparu, le 22 avril 2005, Eduardo Paolozzi, né le 7 mars 1924 de parents italiens, près d'Édimbourg en Écosse. L'artiste doit ce titre à son rôle dans l'histoire du pop art en Angleterre, mais aussi à une carrière très remplie d'animateur et d'enseignant, qui l'a conduit à une reconnaissance dépassant les cercles initiés.

Paolozzi sut étendre son vocabulaire plastique jusqu'à des pratiques nouvelles, produisant par exemple par collage, à partir de unes de Time Magazine, des portraits-charge de personnalités politiques. Il compte en effet parmi les pop artistes comme un initiateur''' de procédés excentrés ou excentriques, aux marges des savoirs académiques, contribuant à l'élargissement du répertoire formel des arts visuels.

Paolozzi s'est formé au College of Art d'Édimbourg, puis à la St. Martin's School of Art et à la Slade School de Londres. Après une première exposition personnelle dès 1947 à Londres, il vit deux ans à Paris, au contact direct de l'héritage dada et surréaliste (de 1947 à 1949, il fréquente Giacometti, Arp et Tzara comme Brancusi et Léger) ainsi que de l'art brut : tous éléments qui le font rompre avec l'héritage des grands Anglais des années 1930, avec l'abstraction des sculpteurs Henry Moore et Barbara Hepworth ou la dimension expressive' de peintres comme Graham Sutherland.

Dès 1945, les collages de Paolozzi intègrent un vocabulaire emprunté au monde ordinaire, de l'illustration de presse et à la rhétorique commerciale de l'immédiat après-guerre, avec une verve proche de celle de Schwitters. Dans un collage de 1947, I Was a Rich Man's Plaything (Tate Gallery, Londres), se lit déjà le mot emblématique pop (pour « populaire »), que l'on retrouvera dans le célèbre montage de Richard Hamilton, Just what is it that makes today's homes so different, so appealling ? (1956). En précurseur, Paolozzi donne à ces manipulations d'éléments tirés de l'imaginaire du banal (bande dessinée, imagerie publicitaire, extraits de la propagande commerciale américaine découverte à Paris) la forme stimulante d'une présentation-conférence par projection d'images, sur un rythme accéléré, avec BUNK, en 1952 (qui précède une version imprimée vingt ans plus tard).

Il attise les débats autour desquels se cristallise, la même année, l'Independent Group réunissant ses pairs Hamilton ou William Turnbull, mais aussi le critique Lawrence Alloway. Conduit par des artistes qui, attentifs aux transformations de la sphère sociale et au produit de consommation comme à son image, dans une sensibilité critique marquée par les premières propositions de Marshall McLuhan, ont l'expérience des arts appliqués (Hamilton enseigne les arts graphiques, Paolozzi le design textile), le pop anglais se dessine autour d'une série d'expositions à l'Institute of Contemporary Arts : Parallel of Life and Art (1953), Collages and Objects (1954), Man, Machine and Motion (1955), puis à la Whitechapel Art Gallery, This is Tomorrow (1956).

Engagé dans l'étude passionnée de la philosophie de Wittgenstein (d'où le titre du portfolio As Is When, 1965), Paolozzi poursuit avec une inlassable curiosité ses expériences plastiques, utilisant par exemple la sérigraphie avant Warhol, prenant cependant de plus en plus ses distances vis-à-vis du pop. Entretenant une faconde qui lui est propre, il développe son travail de sculpteur avec une étonnante diversité : de l'assemblage d'objets mécaniques à une sculpture figurative d'une puissance classique, jusqu'à l'ambition monumentale de Mr Cruikshank (1950, Tate Gallery, Londres) et à de remarquables œuvres en[...]

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Pour citer cet article

Christophe DOMINO. PAOLOZZI EDUARDO (1924-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Sculpture

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 2 362 mots
    • 4 médias
    ...au moyen d'un vocabulaire géométrique (Sculpture, 1936, Tate Gallery, Londres) et inscrit son travail au croisement de la peinture et de la sculpture. Ce choix le rapproche d'Eduardo Paolozzi (1924-2005) qui se fait connaître notamment à la biennale de Venise de 1952 et déclare : « Je pense que...
  • POP ART

    • Écrit par Bertrand ROUGÉ
    • 3 816 mots
    • 3 médias
    ... comme précurseur du pop art anglais, parce qu'il s'inspira, dès 1949, de reproductions photographiques. Mais il faudrait aussi mentionner Eduardo Paolozzi, Écossais d'origine italienne qui inclut, dès 1947, dans son collageI Was a Rich Man's Plaything (Tate Gallery, Londres),...
  • UN SIÈCLE DE SCULPTURE ANGLAISE (exposition)

    • Écrit par Jacinto LAGEIRA
    • 1 453 mots

    Daniel Abadie, le commissaire de l'exposition présentée à la Galerie nationale du Jeu de Paume en 1996, a opéré une sélection radicale des artistes et des œuvres pour mener à bien un projet ambitieux : montrer au public français un siècle de sculpture anglaise. Dix-neuf artistes furent ainsi retenus,...

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