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ALLOWAY LAWRENCE (1926-1990)

Conservateur et critique d'art américain d'origine britannique, Lawrence Alloway a publié de nombreux essais sur l'art populaire. Il est à l'origine dans les années 1950 du terme « pop art » désormais commun, qui désigne aujourd'hui l'« art concernant la culture populaire » et non, comme il le suggérait, l'« art de la culture populaire ». De l'exposition This is tomorrow à la Whitechapel Gallery de Londres en 1956 à la rétrospective au Whitney Museum de New York en 1974, Lawrence Alloway propose une vision globale du mouvement artistique pop art.

Né le 17 septembre 1926 à Wimbledon, en Angleterre, Lawrence Alloway suit quelques cours d'histoire de l'art à l'université de Londres, mais n'obtiendra jamais de diplôme dans ce domaine. Il attire pour la première fois l'attention du public lorsqu'il dirige, de 1954 à 1957, le London Institute of Contemporary Art. Peu après ce mandat, il publie un essai influent dans le numéro de février 1958 de la revue Architectural Design, intitulé « The Arts and the Mass Media ». Il y énonce en effet les concepts clés qui régiront par la suite toute son œuvre ; ainsi, selon lui, « il existe dans l'art populaire un continuum allant des données à l'imagination ». Cet article réfute par ailleurs la dichotomie entre l'art savant et le kitsch que le critique américain Clement Greenberg avait mise en avant dans son essai « Avant-Garde and Kitsch » (1939). Il justifie également le pluralisme qu'affiche Alloway lorsqu'il considère que la culture savante et la culture populaire ne doivent pas être perçues comme antagonistes. Selon le critique d'art, elles correspondent plutôt à deux versions différentes, l'une raffinée, l'autre élémentaire, du même ensemble de codes et de pratiques culturels en évolution, versions qui par ailleurs s'influencent et s'entraînent souvent mutuellement. L'émergence du pop art qu'il observe en Angleterre à la fin des années 1950 et aux États-Unis au début de la décennie suivante illustre parfaitement, d'après lui, sa thèse. En 1964, Alloway explicite davantage sa conception d'une continuité entre les beaux-arts et l'expression populaire lorsqu'il prédit la domination inévitable de la « définition anthropologique de la culture », présentée comme une « tendance à décrire les événements de façon ouverte, et non formelle, et à suivre une esthétique plus spéculative que contemplative » (« The Development of British Pop », in Lucy R. Lippard, Pop Art, 1966).

En raison de leur scepticisme avoué face aux hiérarchies esthétiques très marquées et aux descriptions circonstancielles mettant l'accent sur la relation entre une œuvre d'art donnée et un contexte spécifique, les écrits de Lawrence Alloway peuvent sembler annoncer la critique d'art postmoderne apparue dans les années 1980. Premier critique masculin à adhérer publiquement aux revendications du mouvement artistique féministe au début des années 1970, Alloway analyse avec un vif intérêt la relation changeante que l'art entretient avec la sociologie fonctionnelle du monde de l'art, comme en témoigne son ouvrage sur l'histoire de la biennale de Venise (1968). Alloway signe par ailleurs une rubrique régulière dans The Nation (1968-1981) et collabore à la revue Artforum (1971-1976). Ses écrits sur l'expressionnisme abstrait américain soulignent l'enracinement de ce mouvement dans un tissu culturel complexe, rejetant ainsi les origines formalistes et existentialistes souvent avancées à son propos. Parmi les principales publications d'Alloway, citons les recueils d'essais Topics in American Art Since 1945 (1975), Network : Art and the Complex Present (1984) et Imagining the Present : Context, Content, and the Role of[...]

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. ALLOWAY LAWRENCE (1926-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LES ANNÉES POP 1956-1968 (exposition)

    • Écrit par Hervé VANEL
    • 1 144 mots

    En 1962, la Boutique de Ben ou The Store de Claes Oldenburg troublaient à leur manière la mince frontière qui séparait encore galerie et commerce, commerçant et artiste et, finalement, objet d'art et produit de consommation. Depuis lors, ce nouvel évangile de la consommation de masse s'est propagé...

  • ENVIRONNEMENT, art

    • Écrit par Universalis, François LOYER
    • 3 218 mots
    ...acception – et à l'intérieur même du second terme – une dualité fondamentale qui s'exprime alors aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, comme en témoigne Lawrence Alloway : « Comment ne pas parler d'environnement lorsqu'on veut parler d'un art de la participation, auquel est souvent liée...
  • POP ART

    • Écrit par Bertrand ROUGÉ
    • 3 816 mots
    • 3 médias
    ...Group, l'I.G. représentait une nouvelle génération en rupture avec les idées de Read et la culture élitiste. Il comprenait, entre autres, le critique Lawrence Alloway et les artistes Richard Hamilton, Eduardo Paolozzi et William Turnbull. Ce groupe s'intéressait aux effets de la société moderne et...