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BERNSTEIN EDUARD (1850-1932)

Le pouvoir

Bernstein fournit à tous les courants de la droite socialiste la justification théorique qui leur manque : les politiciens millerandistes avides de participer au pouvoir, les praticiens réservés à l'égard de la théorie, les « impérialistes » qui adhèrent à la politique militaire et coloniale de l'Empire allemand, les dirigeants des syndicats et des coopératives trouvent, chez Bernstein, l'écho de leurs préoccupations. La gauche du mouvement, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Klara Zetkin, lui est violemment hostile. Le centre orthodoxe (August Bebel, Karl Kautsky, principal adversaire de Bernstein sur le plan théorique) a une attitude ambiguë, reflet de sa position contradictoire ; s'il pratique une politique concrète proche de celle de Bernstein, il reste attaché à l'idéologie révolutionnaire classique du mouvement ouvrier.

Aux congrès de Stuttgart (1898), de Hanovre (1899), de Lübeck (1901) et de Dresde (1903), la conjonction de la gauche et du centre assure le succès de l'orthodoxie marxiste sans que l'hérétique soit exclu.

Le glissement vers la droite de la social-démocratie jusqu'en 1914 assure la diffusion des thèses révisionnistes. Paradoxalement, Bernstein refuse la politique d'union sacrée et rejoint Kautsky et l'aile gauche de la social-démocratie dans le Parti socialiste indépendant (U.S.P.D.) ; son libéralisme, son attachement à la démocratie l'amènent à condamner la politique militariste de son pays. Il prend une part active à la naissance de la république de Weimar, incarnation du régime politique pour lequel il a combattu toute sa vie. Il meurt à près de quatre-vingt-trois ans, six semaines avant l'arrivée au pouvoir de Hitler.

— Frédéric BON

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Écrit par

  • : assistant de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques

Classification

Pour citer cet article

Frédéric BON. BERNSTEIN EDUARD (1850-1932) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COLONIALISME & ANTICOLONIALISME

    • Écrit par Jean BRUHAT
    • 6 503 mots
    • 2 médias
    ...brochure que Paul Louis publie en 1905 et qui s'intitule précisément Le Colonialisme. Mais, dans la pratique politique, il y a beaucoup de fluctuations. Un socialiste allemand comme Edouard Bernstein justifie l'expansion coloniale. La position de Jaurès a très sensiblement évolué. Il considère d'abord...
  • COMMUNISME - Histoire

    • Écrit par Annie KRIEGEL
    • 13 863 mots
    • 10 médias
    ...députés dans ce jeu, avec comme prolongement incontournable la participation aux gouvernements bourgeois. Un homme prend sur lui de les poser, l'Allemand Eduard Bernstein. Ses positions, qualifiées de « révisionnistes », tracent alors une ligne de partage qui marque durablement et en profondeur le destin...
  • KAUTSKY KARL (1854-1938)

    • Écrit par Paul CLAUDEL
    • 421 mots
    • 1 média

    Né à Prague, Kautsky milite tout d'abord au sein de la social-démocratie autrichienne ; exilé à Zurich, il devient marxiste sous l'influence de Bernstein avec lequel il anime Der Sozial-Demokrat (1880-1881). Pendant deux ans, il est à Londres le secrétaire d'Engels, puis il adhère...

  • MARXISME - Les révisions du marxisme

    • Écrit par Pierre BOURETZ, Evelyne PISIER
    • 3 663 mots
    • 1 média
    Après la mort de Marx, Eduard Bernstein, exécuteur testamentaire d'Engels, procède à la première révision. En 1899, dans Les Présupposés du socialisme, Bernstein propose d'abord une révision des dogmes. Au nom du réalisme, mais aussi au nom de l'idéal : « La social-démocratie aurait besoin...

Voir aussi