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ÉCHEVIN

À l'époque carolingienne, les échevins (scabini) étaient les notables désignés par le peuple pour assister le comte à son tribunal. On appela ainsi à partir du xiie siècle les notables élus par les habitants et en fait, le plus souvent, par l'oligarchie dirigeante pour former autour du maire le conseil des villes de commune, c'est-à-dire d'un grand nombre de villes du nord de la France et des futurs Pays-Bas. Certaines constitutions urbaines leur donnaient le nom de jurés, de syndics ou de pairs (Rouen). Les échevins parisiens étaient, avec le prévôt des marchands, les chefs de la hanse des marchands de l'eau (grands marchands utilisant la voie fluviale) qui, à partir du xive siècle, fit figure à certains égards de municipalité.

Assistés éventuellement par un procureur du roi et de la ville, un receveur et un greffier, les échevins composaient le corps de ville ou bureau de ville. Ils étaient d'abord à ce titre, même si leurs attributions avaient diminué d'importance, membres d'une juridiction (à Metz, à Nancy, les « maîtres échevins » étaient juges plutôt qu'édiles). Mais la création au xvie siècle des juridictions consulaires, au xviie siècle des lieutenants de police réduisit fort leurs prérogatives judiciaires. Le mode de nomination des échevins était variable, ce que l'on continuait de nommer « élection » étant une désignation par le pouvoir royal ou une cooptation par les marchands les plus influents. Lorsque les places d'échevins étaient dites « électives », elles étaient aussi gratuites et temporaires, annuelles ou biennales. Mais à plusieurs reprises, en 1692, 1706, 1733, 1771, la monarchie transforma les charges de maire et certaines charges d'échevins en offices vénaux, qui trouvaient ou non des acquéreurs, acquéreurs de bon ou de mauvais gré. Le recrutement ne changea pas pour autant. Dans les villes petites ou moyennes s'affrontent deux clans : celui des marchands et celui des officiers et gens de loi. Ces luttes aboutissent souvent à obtenir une fonction sans grande portée : tenir l'audience de la jurée, faire renouveler les seaux à incendie, veiller à l'éclairage public, commander aux garde-fossés, telles étaient parfois les principales activités des échevins, par ailleurs très fiers de leur titre, de leur robe aux couleurs vives, du rôle tenu par eux dans les fêtes et réceptions officielles, processions et autres manifestations extérieures. À Paris, en revanche, les échevins jouaient un certain rôle en matière de voirie et d'urbanisme. Avant 1667, les places d'échevin d'Angers, d'Angoulême, de Bourges, de Nantes, de Niort, de Poitiers et de Tours étaient anoblissantes. Après cette date, la « noblesse de cloche » ne subsista plus qu'au profit des échevins de Lyon, de Paris et de Toulouse, ces derniers étant nommés capitouls.

— Frédéric BLUCHE

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Écrit par

  • : diplômé de l'École pratique des hautes études, assistant à l'université de Paris-II

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