Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PAPIN DENIS (1647-vers 1712)

Inventeur et physicien français né à Chitenay, près de Blois, et mort à Londres. Abandonnées depuis Héron d'Alexandrie (iiie s.), les recherches sur la vapeur sont reprises, au xviie siècle, après la découverte, toute récente, de la pression atmosphérique. Denis Papin, élève de Huygens, devra beaucoup, en particulier, à l'expérience sur le vide que son maître exécute à Paris en 1673. Dans un cylindre vertical coulisse un piston dont la tige sort vers le haut. À l'extrémité de celle-ci, on attache une corde suspendue à une poulie, qui retient, de l'autre bout, un contrepoids. Après mise à feu, dans le cylindre, d'une petite quantité de poudre, la dilatation des gaz soulève le piston et provoque la chute du contrepoids. Puis la dépression des gaz établit un certain vide : le piston retombe tandis que le contrepoids est enlevé. Dans un mémoire, Nouvelles Expériences du vide, avec la description des machines qui servent à le faire (1675), Papin relate cette démonstration qui devait avoir, plus tard, des conséquences déterminantes sur ses travaux.

Denis Papin - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Denis Papin

En cette même année 1675, Papin arrive à Londres, où il doit présenter, à la Royal Society, le pendule et le spiral de Huygens. Pratiquement, il va demeurer en Angleterre jusqu'en 1687. Il y inventera le digesteur et sa soupape de sûreté, dispositif qui ne permet d'ailleurs aucun rapprochement entre la « marmite » et une machine à vapeur.

La révocation de l'édit de Nantes (1685) excluant un retour en France, Papin accepte la proposition du prince Charles-Auguste, électeur de Hesse-Cassel, qui lui offre une chaire de mathématiques à l'université de Marbourg. Et c'est là que Papin renouvelle, en 1688, l'expérience de Huygens. Puis, dans un appareil perfectionné, il démontre, en substituant l'eau à la poudre, que la condensation de la vapeur produit des effets comparables à ceux de la dépression des gaz. Pour l'essentiel, Papin disposait d'un foyer mobile tantôt placé sous le cylindre (production de vapeur), tantôt retiré (refroidissement-condensation). Le dispositif de Huygens (corde, poulie, contrepoids) était conservé. L'invention de la première machine atmosphérique à vapeur nous est connue par un texte de Papin : Nouvelle Méthode pour obtenir à bas prix des forces très grandes (1690). L'auteur signale aussi des applications possibles, en particulier l'épuisement des mines et la propulsion des bateaux, projets auxquels Papin va consacrer, sans succès, près de vingt ans d'efforts.

Songeant d'abord aux mines, Papin construit, à titre d'essai, le modèle réduit d'une machine composée d'une chaudière, d'un vase et d'un réservoir rempli d'eau. Des robinets ou des soupapes coordonnent les opérations entre ces trois éléments. La vapeur, injectée dans le vase, se condense et crée le vide. Sous l'effet de la pression atmosphérique, l'eau du réservoir monte dans le vase. Enfin, par une nouvelle admission de vapeur, l'eau recueillie est chassée dans un conduit d'évacuation. Ainsi réalisé par Papin, ce modèle de « pompe à feu » ne dépassera pas le stade expérimental. Mais, en Angleterre, Savery conçoit un appareil semblable qu'il réalise, le premier, à vraie grandeur : la pompe de Savery (brevet, 1698) est installée dans une mine. Obtenant de Leibniz, de passage à Londres, des renseignements sur la machine de Savery, Papin construit, à son tour, une pompe de dimensions normales, d'ailleurs perfectionnée. Elle fait l'objet d'une publication : Nouvelle Manière pour lever l'eau par la force du feu (1707). Expérimentée à Cassel, sur un bassin dont elle puise l'eau pour la rejeter en l'air, elle n'aura, malgré tout, aucune application dans les mines. C'est alors que Papin la démonte, récupérant les pièces essentielles pour[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jacques MÉRAND. PAPIN DENIS (1647-vers 1712) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Denis Papin - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Denis Papin

Autres références

  • NOUVELLE MANIÈRE POUR LEVER L'EAU...

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 186 mots
    • 1 média

    Après des études de médecine à Blois, Denis Papin (1647-1714) s'était installé à Paris en 1673, où il seconda pendant deux ans le savant néerlandais Christiaan Huygens dans un laboratoire aménagé spécialement à la Bibliothèque royale. Dans son premier livre Nouvelles Expériences...

  • MACHINISME

    • Écrit par Bertrand GILLE, Pierre NAVILLE
    • 6 786 mots
    • 5 médias
    La machine à vapeur symbolise le nouveau système technique. Après des essais plus ou moins fructueux de Denis Papin et de Thomas Savery, l'appareil est mis au point en 1712 par Thomas Newcomen et prend, entre 1772 et 1782, sa forme définitive avec James Watt. Postérieurement, les perfectionnements...
  • SAVERY THOMAS (vers 1650-1715)

    • Écrit par Bruno JACOMY
    • 714 mots
    • 1 média

    Capitaine de marine et ingénieur militaire anglais, Thomas Savery a été l’un des acteurs majeurs de l’émergence de la machine à vapeur en Europe au tournant du xviiie siècle. On ne peut le considérer, pas plus que Denis Papin, comme l’inventeur de ce moteur nouveau qui jouera un rôle central...

  • THERMODYNAMIQUE (notions de base)

    • Écrit par Bernard DIU
    • 6 036 mots
    À l'aube des « temps thermodynamiques » émerge en premier la figure de Denis Papin (1647- vers 1712). On l'a toujours montré en contemplation devant le couvercle de sa bouilloire, spasmodiquement et irrésistiblement mis en mouvement par la vapeur que produisait l'ébullition de l'eau. Il rédigea,...

Voir aussi