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CRISES FINANCIÈRES Krachs boursiers

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L'intervention des autorités monétaires et la détection des bulles spéculatives

Cet enchaînement n'est cependant pas inévitable si les autorités monétaires interviennent de manière forte et rapide. Ainsi, en octobre 1987, la Réserve fédérale (la banque centrale américaine) avait massivement injecté des liquidités. Entre 2001 et 2003, elle a fait passer les taux d'intérêt de 6,5 p. 100 à 1 p. 100. De 1929 à 1931, elle avait également réduit les taux d'intérêt de 6 p. 100 à 1,5 p. 100, ce qui avait, pour un temps seulement, permis d'éviter une panique bancaire.

Il arrive cependant que la baisse des taux d’intérêt ne soit plus efficace, en particulier lorsque le taux d’intérêt bute sur son plancher naturel, un taux nul. Dans ces conditions, les autorités monétaires ont alors recours à des mesures dites « non conventionnelles » qui ont été expérimentées par les pays occidentaux pendant plusieurs années à la suite de la « grande récession » de 2008. Ces politiques monétaires non conventionnelles consistent en trois volets distincts mais souvent complémentaires : les politiques d’assouplissement quantitatif qui visent à accroître la quantité de monnaie ; les politiques d’assouplissement qualitatif lorsque la banque centrale se porte acheteuse de titres représentant des crédits à l'économie (billets de trésorerie, obligations privées, bons hypothécaires, etc.) et enfin la communication des autorités monétaires qui vise à orienter les anticipations de taux d’intérêts futurs. Ces interventions posent cependant un problème d'aléa moral : l'intervention des autorités en cas de crise boursière renforce l'insouciance des investisseurs et leur prise de risque.

Une solution pour les autorités monétaires consisterait à intervenir en amont du krach, c'est-à-dire lors de la formation de la bulle. La détection des bulles spéculatives demeure toutefois délicate. L'existence d'une bulle n'est effectivement décelable qu'une fois la purge commencée. Si les cours des titres sont aisément observables, les fondamentaux qui sous-tendent leur formation sont plus difficilement appréciables. Si l'on connaissait parfaitement la valeur fondamentale des titres boursiers, alors toute déviation des cours par rapport à ce référent serait un signal de la présence potentielle d'une bulle.


			Bourse de New York : PER depuis 1871 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Bourse de New York : PER depuis 1871

Un indicateur est souvent utilisé pour juger de cette déviation : le PER (price earning ratio), c'est-à-dire le rapport entre le cours de l'action et le bénéfice par action. Ce ratio indique combien de fois le bénéfice par action est capitalisé dans le cours. Dire qu'une société a un PER de 20 signifie que les investisseurs paient l'action vingt fois le bénéfice par action ou que la valeur de la société est égale à vingt fois ses bénéfices. Plus le PER est élevé, plus l'action est chère. Ainsi, selon Robert Shiller, professeur à l'université de Yale, sur une longue période, à chaque fois que le PER a été supérieur à sa moyenne historique (15 environ sur le marché boursier américain depuis 1871), il est toujours revenu à un niveau normal par un ajustement des cours. Mais cette analyse réussit rarement à donner une appréciation juste du degré de surévaluation des marchés boursiers. En effet, au niveau macro-économique, la valeur appropriée de la prime de risque, qui détermine pour une large part le niveau du PER, garde à bien des égards tout son mystère. De plus, à la veille d'un certain nombre de crises, le PER ne semblait pas indiquer de surévaluation .

Une autre démarche, développée par des économistes de la Banque des règlements internationaux, consiste à construire un indicateur de vulnérabilité financière à partir d'indicateurs multiples de déséquilibres (croissance du crédit, hausse importante du prix des actifs,[...]

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Pour citer cet article

Christophe BOUCHER. CRISES FINANCIÈRES - Krachs boursiers [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 13/10/2014

Médias

Crises boursières aux États-Unis - crédits : Encyclopædia Universalis France

Crises boursières aux États-Unis

Krach de 1929 aux Etats-Unis - crédits : Encyclopædia Universalis France

Krach de 1929 aux Etats-Unis

Krach de 1987 aux Etats-Unis - crédits : Encyclopædia Universalis France

Krach de 1987 aux Etats-Unis

Autres références

  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par
    • 3 415 mots
    La crise financière de 2007-2008, dite crise des subprimes (par référence aux emprunts immobiliers hypothécaires à risque aux États-Unis), puis la crise de la dette souveraine qui la suit immédiatement en 2009-2010 ont conduit à la mise en cause des agences de notation des deux côtés de l'Atlantique....
  • AGLIETTA MICHEL (1938- )

    • Écrit par
    • 1 088 mots
    • 1 média

    Penseur du capitalisme et de la monnaie, le Français Michel Aglietta est un chercheur, un pédagogue et un expert reconnu des économistes, des historiens et des anthropologues, mais aussi des politiciens et des syndicalistes de toute tendance.

    Né dans une famille modeste d’immigrés italiens en 1938...

  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...hydrocarbures et de la fluctuation de leurs prix. La chute des revenus tirés de l'exportation des hydrocarbures durant les années 1980 a plongé le pays dans une crise financière qui l'a amené à négocier sa dette extérieure – passée de 19 à 25 milliards de dollars entre 1979 et 1994 – en échange de la mise en place...
  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par et
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    ...économique des années 1850-1870. Deux crises se dessinent pourtant au cours de cette période, en 1857 et en 1866. À la différence des précédentes, ce sont des crises « modernes » qui tirent leur origine, non plus de mauvaises récoltes alimentaires, mais d'effondrements boursiers dus à une fièvre de spéculation....
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